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Les banques centrales, pompiers ou pyromanes?

Par   •  25 Avril 2018  •  1 606 Mots (7 Pages)  •  626 Vues

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Cette action, produit de la passivité et de l'aveuglement idéologique des Etats, avait un revers. On en subit aujourd'hui les conséquences. Mais, en réalité, les banques centrales ont été les seules à montrer réellement du courage, de l'initiative et de l'innovation pour faire face à une crise d'une ampleur unique. Accuser les banques centrales, c'est donc se tromper de responsable en réalité. C'est aussi prétendre que le marché aurait, sans leur action, réalisé un ajustement moins douloureux, alors que les expériences de 2008 et 2010 prouvent le contraire. C'est donc se payer de mots. Et l'économie européenne - et mondiale - s'est trop longtemps payée de mots. Elles ont réussi à éviter un effondrement de l'économie mondiale et à assurer la stabilité des prix. De plus, dans de nombreux pays, elles ont soutenu le système bancaire aux côtés des gouvernements. Cela a aussi permis de gagner un temps précieux qui devrait être utilisé à maints égards pour résoudre les problèmes sous-jacents. On compte au nombre des mesures à prendre à cette fin dans de multiples Etats des réformes structurelles bien pensées dans le domaine économique, ainsi qu'un vaste assainissement des finances publiques.

Enfin, les banques centrales peuvent être à la fois des pompiers et des pyromanes.

Le but des banques centrales est de régulariser les situations des banques commerciales en soit en achetant des titres afin de donner le mou afin qu’il y’ait une plus grande circulation de liquidité. D’autre part, il est assez ironique de voir que la crise provenant de l’éclatement d’une bulle, les politiques monétaires aient réussi non pas à les stopper mais à en recréer de nombreuses autres non seulement dans les pays concernés mais également dans le reste du monde. Cette gigantesque masse monétaire s’investit par exemple sur les marchés financiers à l’instar du Dow Jones qui a gagné près de 130% depuis 4 ans ou dans l’immobilier comme à Singapour (+59% depuis 2009) ou Hong Kong (+73% sur les 3 dernières années).

Par ailleurs, cette propension à faire tourner la planche à billet a pour corollaire un affaiblissement des monnaies en question. Ceci entraîne un renchérissement des importations et une plus grande compétitivité prix au niveau des exportations. D’où la crainte légitime d’une nouvelle guerre des monnaies comme après la crise de 1929 où chaque pays tentait de gagner des parts de marchés à l’exportation au détriment des autres ce qui eut l’effet inverse car chacun adoptant la même tactique, il ne pouvait y avoir de vainqueur. Par contre, cela ruina bon nombre de marchands internationaux et le commerce mondiale se réduisit drastiquement.

En somme, la crise a clairement montré que le secteur bancaire avait de grandes difficultés à absorber les conséquences d’une modification abrupte et inattendue de la valorisation de certains de ses actifs car sa dotation en fonds propres et en liquidités était insuffisante. Un renforcement durable de la stabilité du système financier de sa capacité à absorber des chocs demande donc que les exigences en matière de capital et de liquidité des banques soient rendues plus sévères, particulièrement pour les établissements d’importance systémique. L’action des banques centrales au cours des derniers mois a été appropriée car elle visait dans l’urgence à améliorer le fonctionnement des marchés, voire à préserver la stabilité du système financier. Nous ne devons pas négliger, toutefois, qu’en intervenant de la sorte, les instituts d’émission ont atténué les pressions qui s’exerçaient sur des intermédiaires financiers qui avaient pris des risques excessifs. Le danger est alors que ces intermédiaires et surtout les plus grands considèrent que l’appui public leur sera toujours accordé en cas de difficulté, ce qui ne les incitera certainement pas à se comporter de manière plus prudente. Pourquoi les grandes banques internationales renonceraient-elles aux rendements élevés de placements hautement risqués en période de haute conjoncture si elles peuvent espérer transférer leurs risques aux banques centrales, ou à l’Etat, lorsque la situation se détériore?

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