Cours complet : La coordination par le marché
Par Raze • 23 Octobre 2018 • 7 687 Mots (31 Pages) • 481 Vues
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122 - L’existence de conventions et d’institutions
1221 - Le rôle des institutions marchandes
Les institutions marchandes correspondent aux règles, contraintes formelles ou informelles (ex : les coutumes) qui encadrent les comportements humains et définissent les droits des acteurs économiques.
Le rôle des institutions rend les comportements prévisibles et favorise les échanges, le commerce et la production.
Exemples :
- Le développement d’unités de compte standardisées va favoriser les échanges (ex : la monnaie).
- Les brevets sont une forme institutionnalisée du commerce parce qu’elles favorisent l’innovation et l’échange.
L’existence d’instances juridiques permet l’exécution des contrats et le respect des règles de droits indispensables aux échanges (cf. point 121).
1222 - La nécessité des conventions
Une convention va être une croyance, partagée par l’ensemble des acteurs économiques, fournissant des informations pour permettre l’action (ici, l’échange). Les conventions portent sur la qualité du produit. [qualité : procédés de fabrication et quelles matières (comment?) et non dans le sens mélioratif du terme] Ces conventions informent les producteurs sur ce qu’il convient de fabriquer et les acheteurs sur la qualité du produit qu’ils vont acheter. Elles peuvent être non officielles (ex : claviers français en AZERTY, qui date de l’invention de la machine à écrire) ou officielles, jusqu’à la création de labels (ex : Label Rouge, A.B., AOP, AOC...) pour en certifier la qualité.
13 - Les limites de l’échange marchand
131 - Certains échanges existent sans marché
1311 - Les échanges qui échappent au marché
- L’économie domestique : tout ce qui est produit et consommé au sein du ménage (ex : travaux ménagers, soin aux membres de la famille). Cette production donne lieu à des échanges au sein du ménage en fonction d’une certaine division de travail mais la logique est souvent une logique de don sans réciprocité. Cette production obéit la plupart du temps à une logique économique. Un certain nombre de productions domestiques ont lieu parce que leur équivalent marchand serait trop onéreux pour le ménage. De par sa nature, cette production est difficilement mesurable, ce qui occulte son importance, tant économique, sociale que culturelle.
- Les biens collectifs sont les biens qui sont utilisés par tous sans qu’on puisse identifier le consommateur (ex : éclairage public). On ne peut donc le faire payer pour la consommation. Aucune entreprise ne serait donc intéressés pour financer l’investissement d’un tel bien parce qu’elle ne pourrait le vendre. Cette production échappe au marché et est réalisé par l’état qui la finance sur les prélèvements obligatoires.
1312 - Le cas du don et du contre-don [cf. Marcel MAUSS]
Dans nos sociétés modernes, hyper marchandes, le don persiste.
Il s’agit d’une forme d’échange non-marchand, non régi par les règles du marché. C’est une forme d’échange dont la contrepartie n’est ni immédiate, ni déterminée. Un don va donc se traduire par une obligation de rendre, sans que ne soit fixé aucun délai, ni véritablement d’ampleur, ou la contrepartie, l’important étant de rendre.
Exemple : Donner un sandwich à un sans-abri est un don. Le remerciement (généralement accompagné d’un sourire) de la part du sans-abri est un contre-don qui procure satisfaction au donneur.
don ⟶ contre-don ⟶ satisfaction mutuelle
Le don va être créateur de lien social parce qu’il est basé sur la réciprocité. Il est source de sociabilité, permettant d’établir des contacts et d’entretenir la relation.
Le don va entretenir le lien alors que l’échange marchand va conclure cette relation sociale (ex : boulangère après la transaction). Le don et le contre-don échappent totalement au marché (on n’attend pas un paiement mais de la considération, etc.).
132 - Les limites de la logique marchande
1321 - Les limites du marché dans la satisfaction des besoins
- Le marché satisfait des besoins mais il en crée d’autres :
Les mécanismes du marché stimulent l’offre, qui a pour objectif de faire du profit. Cette offre répond à une demande importante et diversifiée mais elle y répond tout en ne satisfaisant jamais complètement les besoins puisque les entreprises essayent sans cesse d’étendre leur marché en créant des innovations qui génèrent de nouveaux besoins plus vite qu’elle ne satisfait les anciens (ex : l’obsolescence programmée sur la création d’accessoires ou de besoins dérivés du produit).
- Le marché ne répond qu’aux demandes solvables :
Seuls les individus qui ont un pouvoir d’achat peuvent se procurer les biens sur le marché. Dans notre société, pauvreté et exclusion coïncident avec consommation de masse et le marché ne peut résoudre ce problème. Il ne permet d’acquérir des biens qu’à ceux qui peuvent en acquitter le prix.
1322 - La question de la marchandisation de la société
La marchandisation de la société est le fait de rendre marchand un nombre de plus en plus important de biens, de services, qui jusque là ne pouvaient l’être, pour des raisons morales le plus souvent.
- La brevetabilité du vivant est interdite. Il n’y pas le droit de propriété sur la découverte scientifique car cela voudrait dire qu’on donne un prix au vivant. Elle reste interdite pour des raisons éthiques. Ainsi, aucune entreprise ne peut posséder un droit de propriété parce qu’elle a découvert un génome et retirer un profit d’un médicament qui utiliserait les propriétés de cette découverte.
Il s’agit avant tout de considérations d’ordre moral, différentes en fonction des cultures, des sociétés, qui vont interdire la marchandisation de certaines activités dans certains pays et pas d’autres.
Exemples :
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