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Laclos, les liaisons dangereuses

Par   •  24 Novembre 2017  •  1 892 Mots (8 Pages)  •  742 Vues

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Intelligence : Cette démarche rationnelle souligne en effet à quel point l’intelligence règne chez Merteuil. Cette dimension cérébrale est d’ailleurs une caractéristique clé de ce personnage dans l’ensemble du roman.

Cependant l’apprentissage d’une telle maîtrise de soi ne peut que conduire à une hypertrophie du moi.

- L’exaltation du moi.

Cette mise en valeur excessive de son ego et en effet une des caractéristiques clef de Merteuil. A la lecture de cette lettre, on pourrait penser que l’omniprésence de la première personne du singulier souligne le caractère égocentrique du personnage. Elle sont unique d’objet d’étude et d’expérience (« je me… »). On compte près de 300 occurrences de la première personne dans cette lettre et environ 45 dans ce passage.

Mais cette exaltation du « moi » s’accompagne d’une véritable surveillance de soi. Merteuilm exerce un incessant contrôle sur elle-même. Puisqu’elle est elle-même son propre ouvrage, Merteuil veut exercer une souveraineté absolue sur son corps, son cœur et son esprit (Voir le champ lexical de l’autocontrôle et des verbes pronominaux réfléchis (« je m’étudiais », « je me suis travaillée »).

Merteuil semble presque vivre en état de perpétuel dédoublement. On peut parler d’une véritable méthode Merteuil.

III- La méthode Merteuil.

Au-delà de la connaissance du personnage-clé du roman, cette lettre est à elle-seule un véritable manifeste du libertinage. En effet, 3 des 6 grands principes du libertinage se trouvent clairement énoncés ici :

-L’art de la feinte, la recherche de la toute puissance et le refus de l’amour (Les 3 autres sont le culte de l’exploit, la révolte contre l’impossible et la jouissance du mal).

- L’art de la feinte.

Dissimuler et simuler : voici les 2 armes de M. pour percer les masques des autres sans jamais se laisser deviner. Feignant d’être « étourdie » ou « distraite » pour mieux observer et écouter, elle s’exerce à contrôler ses expressions et ses émotions jusqu’à maîtriser un parfait dédoublement.

M.cherche à modeler son corps et ses sentiments, comme un artisan ou un artiste transforme la matière (« prendre ce regard distrait », « l’air de la sérénité »). Un contrôle des réactions corporelles et émotives comparables à l’art du comédien préconisé par Diderot dans Le Paradoxe du Comédien.

Les verbes « dissimuler », « cache » apparaissent et mettent l’accent sur cet art de la dissimulation. Elle parvient à imiter des émotions qu’elle ne ressent pas comme avec la répétition du verbe « prendre » : « prendre à volonté ce regard distrait », « prendre sur ma physionomie ». pour devenir une bonne comédienne, Merteuil a travaillé sur 3 domaines : la physionomie, les gestes et les discours.

Ces méthodes sont si extrêmes qu’elle en vient à s’infliger elle-même des douleurs : « j’ai porté le zèle », Merteuil est devenue une experte de la Comédie sociale. C’est une véritable actrice qui maîtrise la scène dans le monde social. C’est une scène de théâtre.

Baudelaire dira également de Merteuil qu’elle est la Tartuffe femelle » en référence à la pièce de Molière.

B- La recherche de la toute puissance.

Merteuil n’éprouve aucune solidarité avec les autres femmes. Bien qu’elle déclare avoir voulu venger son sexe, elle méprise ses semblables qu’elle n’hésite pas, telles Cécile et la Présidente, à dépraver ou à humilier. Pour exercer sa puissance sur les hommes elle use de chantage, qui est pourtant l’arme des faibles.

Elle cherche absolument à contrôler les autres et pour cela elle doit réussir à contrôler son visage et « à régler les différents mouvements de sa figure » : Merteuil s’emploiera donc à feindre. Elle parvient non sans mal à inhiber des réactions diverses, par exemple en « réprimant les symptômes d’une joie attendue ». Elle acquiert ainsi sur sa physionomie une « puissance absolue », qui deviendra le moment venu, une arme invincible dans les joutes du libertinage. Elle domine souverainement l’empire de ses sens et de son corps comme celui de son corps et de son esprit.

Conclusion :

Cette confession (fait unique sous la plume de Merteuil rompue au mensonge) est dépourvue d’artifice et d’hypocrisie ; la marquise se révèle dans sa vérité et fait part de ses mobiles secrets. Mais cet examen de soi, habituel dans le roman d’analyse, met ici en évidence sous le jour le plus cru, un moi monstrueusement hypertrophié, sûr de lui et dominateur, reflet d’un orgueil pathologique qui, se révélant sans voile à son destinataire, marque une nouvelle étape de la crise entre la marquise et Valmont.

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