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Les Liaisons dangereuses, lettre 6, Chaderlos de Laclos

Par   •  23 Octobre 2018  •  1 705 Mots (7 Pages)  •  4 847 Vues

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On retrouve les images et les valeurs de la poésie pétrarquiste dans les propos suivants : « Il faut voir, surtout au moindre mot d’éloge ou de cajolerie, se peindre, sur sa figure céleste, ce touchant embarras d’une modestie qui n’est point jouée. » , avec l'usage de l'hyberbole, la comparaison de la femme aimée à une divinité, l'éloge de la modestie et de la pudeur.

Conclusion/Transition.

Le registre utilisé ici par Valmont montre donc qu'il est malgré lui touché par la Présidente de Tourvel et que son attirance va au-delà du désir physique qu'elle lui inspire pourtant sans conteste.

Enfin dans un dernier temps, Valmont nous fait le portrait d'une femme sensible.

Axe nº3 : Le portrait d'une femme sensible.

Ce portrait est tracé en réponse également à une critique de la Marquise de Merteuil : « Elle est prude et dévote, et de là vous la jugez froide et inanimée. »

( Prude= qui montre une pudeur excessive. Pudeur= Disposition à éprouver de la gêne devant ce qui peut blesser la décence, devant l'évocation de choses très personnelles et, en particulier devant l'évocation de choses sexuelles. Dévote=qui est zélée pour la religion et les pratiques religieuses.)

Valmont reproche à la Marquise sa méconnaissance de la nature féminine. Ce qui est un comble ! ^tre pudique et avoir de la religion n'empêche pas d'être une nature sensible et passionnée. Et il le lui démontre :

Tout d'abord en faisant référence à son comportement exemplaire avec son mari, connu de tous donc incontestable : « Quelle étonnante sensibilité ne faut-il pas avoir pour la répandre jusque sur son mari, et pour aimer toujours un être toujours absent ! Quelle preuve plus forte pourriez-vous désirer ? » L'usage de questions rhétoriques montre bien que l'argument est incontestable.

Mais Valmont renforce sa démonstration de la sensibilité de Madame de Tourvel au moyen d'une anecdote légère et pleine d'humour qui romp avec le registre lyrique et qui correspond mieux au propos d'un libertin. Il s'agit clairement ici de la réceptivité de Mme de Tourvel au contact physique.

La mise en scène est coquine :

La situation initiale et le cadre se prêtent tout d'abord à un jeu de mots grivois : « J’ai dirigé sa promenade de manière qu’il s’est trouvé un fossé à franchir ; &, quoique fort leste, elle est encore plus timide : vous jugez bien qu’une prude craint de sauter le fossé ». Cette expression métaphorique signifie bien sûr à quel point une prude craint l'acte sexuel.

Ensuite Valmont raconte le rapprochement des corps. Il est préparé par le manque de retenue de Mme de Tourvel : « Nos préparatifs et le passage de ma vieille tante avaient fait rire aux éclats la folâtre dévote ». Et la liberté du rire et l'oxymore « folâtre dévote » montrent bien qu'une femme passionnée se cache derrière la femme sage.

Puis le rapprochement physique a lieu et il est décrit comme une étreinte amoureuse et charnelle par le champ lexical utilisé: « J’ai tenu dans mes bras cette femme modeste. […] dès que je me fus emparé d’elle, par une adroite gaucherie, nos bras s’entrelacèrent mutuellement. Je pressai son sein contre le mien ; » Et la réaction de la présidente est bien celle d'une femme sensible et passionnée. Elle est décrite avec malice et orgueil par Valmont : « je sentis son cœur battre plus vite » ; « L’aimable rougeur vint colorer son visage, et son modeste embarras m’apprit assez que son cœur avait palpité d’amour et non de crainte. ».

Conclusion axe 3.

C'est donc au moyen de cette citation que Valmont clôt sa démonstration. Mme de Tourvel saura répondre à sa passion et n'est en rien une femme froide. Elle est déchirée comme le montre l'oxymore « folâtre dévote » entre sa piété, sa sagesse et la passion, la force de vie qui brûle en elle. Et Valmont l'a bien senti.

Conclusion Générale.

Dans la lettre 6, piqué dans son orgueil par les railleries de la marquise de Merteuil, Valmont fait le portrait élogieux de Mme de Tourvel. Il peint une femme d'exception, opposée aux femmes de son temps. Il montre également à quel point elle est à ses yeux désirable et touchante. Puis, il révèle que derrière la femme pieuse et sage se cache une nature passionnée et pleine de promesses pour le séducteur libertin qu'il est et l'amant qu'il espère devenir. A l'issue de cette lettre, le lecteur s'interroge cependant. Derrière la posture du libertin qui déclare avec forfanterie « J'aurai cette femme », ne peut-on pas lire les premiers émois d'un coeur amoureux pour la première fois ? La lettre 6 ne serait-elle donc pas aussi le portrait d'un séducteur séduit ?

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