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Commentaire de la lettre 1 des Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos

Par   •  20 Janvier 2023  •  Commentaire de texte  •  2 546 Mots (11 Pages)  •  690 Vues

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Commentaire de la lettre 1 des

Liaisons dangereuses de Laclos

Éléments pour l’introduction :

Situation : il s’agit de la première lettre du roman

Problématique : quelle entrée en matière ? En quoi est-elle efficace ?

Composition : une première partie dans laquelle Cécile (15 ans) raconte au présent d’énonciation son quotidien ; une transition qui annonce l’arrivée d’un visiteur (« Il vient d’arrêter un carrosse à la porte (…) un petit moment. »), le récit de la visite du cordonnier

I. UNE PREMIÈRE LETTRE FAUSSEMENT BANALE : CÉCILE RACONTE SON ENTRÉE DANS LE MONDE

A. Une lettre essentiellement référentielle : Cécile se contente de raconter son quotidien ennuyeux

• Des références assez banales

– aux vêtements : « les bonnets et les pompons », « je ne suis pas habillée »

– aux lieux : « j’ai une chambre et un cabinet », « un secrétaire très joli »

– au personnel : « femme de chambre », « ouvrières »

– à l’organisation de ses journées : « Maman m’a dit que je la verrais tous les jours à son lever ; qu’il suffisait que je fusse coiffée pour dîner (…) elle me dirait chaque jour l’heure où je devrais l’aller joindre l’après-midi. »

– ses activités : « harpe », « dessin », « livres »

– aux préparatifs du mariage : « les apprêts que je vois faire »

• Cécile exprime surtout son ennui sur son quotidien. Extrême monotonie, déplaisir d’être loin de son amie : « Il n’est pas encore cinq heures ; je ne dois aller retrouver maman qu’à sept : voilà bien du temps, si j’avais quelque chose à te dire ! », « Je n’ai pas ma Sophie ». L’écriture apparaît comme un moyen de tromper l’ennui.

⇒ une première lettre d’apparence anodine

B. Une nouvelle vie qui contraste avec le couvent

• Oppositions entre la vie au couvent et la vie dans la société :

• une plus grande liberté en apparence (« la mère Perpétue n’est pas là pour me gronder »)

• un monde éblouissant (tournure comparative « J’ai pourtant vu plus de parures dans cette seule journée que dans les quatre ans que nous avons passés ensemble »)

• Un événement exceptionnel qui survient au cours de la rédaction de la lettre (la première partie de la lettre est au présent d’énonciation, la deuxième contient les temps du récit). La rédaction de la lettre est interrompue par la visite de l’inconnu (« Adieu, jusqu’à un petit moment »), ce qui contribue à créer un suspens : le lecteur attend de savoir qui est le visiteur. Cécile fait finalement ni plus ni moins la rencontre avec le sexe opposé.

C. L’ouverture du roman

• Laclos plante le décor : haute société (femme de chambre personnelle, chambre et cabinet personnels)

• Laclos pose discrètement des éléments importants pour la suite de l’intrigue :

o le projet de mariage : c’est le projet de mariage entre Cécile et Gercourt qui est à la base du plan de Merteuil (cf. lettre II : « Madame de Volanges marie sa fille : c’est encore un secret ! mais elle m’en a fait part hier. Et qui croyez-vous qu’elle ait choisi pour gendre ? le comte de Gercourt. Qui m’aurait dit que je deviendrais la cousine de Gercourt ? J’en suis dans une fureur !... (…) Mais je m’apaise, et l’espoir de me venger rassérène mon âme. »)

o la harpe : c’est par la harpe que Danceny communique avec Cécile (lettre XVI p.110 : près que nous eûmes fini de chanter, il alla renfermer ma harpe dans son étui ; et, en m’en rapportant la clé, il me pria d’en jouer encore le soir, aussitôt que je serai seule. (…) Je trouvais dans les cordes une lettre pliée, et point cachetée, et qui était de lui. »

o le secrétaire : il sera la cause des malheurs de Cécile : Madame de Merteuil fait connaître à Madame de Volanges l’existence d’une « liaison dangereuse » (lettre LXIII p.209) entre Cécile et Danceny, ce qui pousse Madame de Volanges à exiger la clé du secrétaire. Lettre LXI p.206 : « Je me déshabillais, quand maman entra et fit sortir ma femme de chambre ; elle me demanda la clef de secrétaire. (…) Le premier tiroir qu’elle ouvrit, fut justement celui où étaient les lettres du chevalier Danceny. »

• Laclos présente un des personnages essentiels de l’intrigue

⇒ il s’agit donc d’une bonne entrée en matière : elle sait habilement dire beaucoup sans en donner l’air

Transition du I au II : ressources de la double énonciation (le personnage écrit à un autre personnage (Sophie), mais la lettre est aussi lue par le lecteur, qui est en quelque sorte en position de voyeur. Par endroits, Valmont et Merteuil lisent aussi des lettres qui ne leur sont pas adressées, ce qui rapproche le lecteur des personnages libertins) ; cette lettre donne aussi et surtout des informations au lecteur sur le personnage de Cécile

II. UNE LETTRE QUI FAIT SOURIRE AUX DÉPENS DU PERSONNAGE

A. Le portrait d’un personnage naïf

• une jeune fille puérile, voulant se venger d’une ancienne co-pensionnaire : « je crois que la superbe Tanville aura plus de chagrin à ma première visite (…) que toutes les fois qu’elle est venue nous voir in fiocchi. ». Cf. le nom « Volanges » qui contient à la fois les termes d’ange (avec la pureté et l’innocence qui la caractérise jusque là) et de volage (elle va le devenir bientôt, comme le fut jadis sa mère).

• une jeune fille dépendante de son entourage comme le montrent les nombreuses tournures par lesquelles elle rend compte des propos et des ordres de ceux qui l’entourent : « Maman m’a dit que… », « Il faut bien que Joséphine ait raison », « Ma femme de chambre dit qu’il faut que je m’habille ». Elle est montrée comme dépendante de la parole d’autrui. Cet aspect de son caractère en fait la proie idéale des libertins.

• Elle se contente souvent de rapporter les propos des autres : « Maman m’a dit que… » (2 fois), « on ne m’a

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