Les Liaisons Dangereuses cas
Par Ninoka • 1 Août 2017 • 10 699 Mots (43 Pages) • 1 502 Vues
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Avec une forte présence de la 1ere personne et d’intensifs nous comprenons ainsi que la jeune fille est très attachée a sa petite personne : autre inclinaison au vice.
Lettre 48
Du Vicomte de Valmont à la Présidente Tourvel
C’est après une nuit orageuse, & pendant laquelle je n’ai pas fermé l’œil ; c’est après avoir été sans cesse ou dans l’agitation d’une ardeur dévorante, ou dans l’entier anéantissement de toutes les facultés de mon âme, que je viens chercher auprès de vous, Madame, un calme dont j’ai besoin, & dont pourtant je n’espère pas pouvoir jouir encore. En effet, la situation où je suis en vous écrivant me fait connaître, plus que jamais, la puissance irrésistible de l’amour ; j’ai peine à conserver assez d’empire sur moi pour mettre quelque ordre dans mes idées ; & déjà je prévois que je ne finirai pas cette Lettre, sans être obligé de l’interrompre. Quoi ! ne puis-je donc espérer que vous partagerez quelque jour le trouble que j’éprouve en ce moment ? J’ose croire cependant que, si vous le connaissiez bien, vous n’y seriez pas entièrement insensible. Croyez-moi, Madame, la froide tranquillité, le sommeil de l’âme, image de la mort, ne mènent point au bonheur ; les passions actives peuvent seules y conduire ; & malgré les tourments que vous me faites éprouver, je crois pouvoir assurer sans crainte, que, dans ce moment même, je suis plus heureux que vous. En vain m’accablez-vous de vos rigueurs désolantes ; elles ne m’empêchent point de m’abandonner entièrement à l’amour, & d’oublier, dans le délire qu’il me cause, le désespoir auquel vous me livrez. C’est ainsi que je veux me venger de l’exil auquel vous me condamnez. Jamais je n’eus tant de plaisir en vous écrivant ; jamais je ne ressentis, dans cette occupation, une émotion si douce, & cependant si vive. Tout semble augmenter mes transports : l’air que je respire est brûlant de volupté ; la table même sur laquelle je vous écris, consacrée pour la première fois à cet usage, devient pour moi l’autel sacré de l’amour ; combien elle va s’embellir à mes yeux ! j’aurai tracé sur elle le serment de vous aimer toujours ! Pardonnez, je vous en supplie, le délire que j’éprouve. Je devrais peut-être m’abandonner moins à des transports que vous ne partagez pas : il faut vous quitter un moment pour dissiper une ivresse qui s’augmente à chaque instant, & qui devient plus forte que moi.
Je reviens à vous, Madame, & sans doute j’y reviens toujours avec le même empressement. Cependant le sentiment du bonheur a fui loin de moi ; il a fait place à celui des privations cruelles. A quoi me sert-il de vous parler de mes sentiments, si je cherche en vain les moyens de vous en convaincre ? Après tant d’efforts réitérés, la confiance & la force m’abandonnent à la fois. Si je me retrace encore les plaisirs de l’amour, c’est pour sentir plus vivement le regret d’en être privé. Je ne me vois de ressource que dans votre indulgence, & je sens trop, dans ce moment, combien j’en ai besoin pour espérer de l’obtenir. Cependant jamais mon amour ne fut plus respectueux, jamais il ne dut moins vous offenser ; il est tel, j’ose le dire, que la vertu la plus sévère ne devrait pas le craindre : mais je crains moi-même de vous entretenir plus longtemps de la peine que j’éprouve. Assuré que l’objet qui la cause ne la partage pas, il ne faut pas au moins abuser de ses bontés ; & ce serait le faire, que d’employer plus de temps à vous retracer cette douloureuse image. Je ne prends plus que celui de vous supplier de me répondre, & de ne jamais douter de la vérité de mes sentiments.
Écrite de P… daté de Paris, ce 30 août.
Commentaire Analytique :
I : Les mouvements de la passion et leur défense.
Une lettre illustrant les mouvements de la passion et la défendant : deux moments dans la lettre qui font écho au moment d’euphorie et d’abattement caractéristiques de la passion amoureuse, reflet de deux philosophies de vie.
A. Ecrire le trouble (avant l’amour)
* Valmont cherche à impliquer la destinataire de la lettre.
– Omniprésence d’un « je » à un « vous »
– Les apostrophes (« Madame », répété trois fois)
– L’utilisation de l’impératif : « Croyez-moi », « pardonnez »
– Le ton de supplication, de prière : « je vous en supplie ».
Phrases interrogatives : « ne puis-je donc espérer que vous partagerez quelque jour le trouble que j’éprouve en ce moment ? ».
* Les excès de sa passion :
– Les adverbes pour intensifier « entier anéantissement », « plus que jamais », « entièrement insensible », « m’abandonner entièrement », « jamais tant », « jamais », « tout », « si douce », « si vive ».
– Des phrases exclamatives et des exclamations : « Quoi ! », « combien elle va s’embellir à mes yeux/ j’aurai tracé sur elle le serment de vous aimer toujours ! ».
– Asyndète : qui mime les sentiments qui se bousculent en lui et leur incohérence : il donne l’impression d’être le jouet de ses sentiments et se sert de son désir physique ponctuel pour mieux mimer les désordres amoureux.
B. Mimer l’abattement (après l’amour)
Retour au calme et pour cause ! L’énonciateur feint l’abattement de l’amour déçu et malheureux et la culpabilité de se laisser emporter dans les tourbillons des passions.
– Une deuxième partie sous le signe de l’absence, de la souffrance et de la privation : « a fui », « privations cruelles », « regret », « privé », « peine », « douloureuse image ».
Question rhétorique : « A quoi me sert-il de vous parler de mes sentiments, si je cherche en vain les moyens de vous convaincre ? »
– Une partie plus dans le raisonnement et moins dans le sentiment ce que suggère l’utilisation des connecteurs logiques : « cependant » (deux fois), « mais ».
– Lexique du respect : « respectueux », « offenser », « vertu ».
Cette partie
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