Décision éthique ,moments de définition et management des entreprises au Maroc

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prétexte de sa faible rémunération ou pour faire face à la cherté de la vie ou encore pour sortir d’une spirale d’endettement !

Ces questions stimulent d’abord l’introduction d’une description du travail et des rôles du manager dont ceux de la décision se trouvent indissociables de ceux de relation et d’information. Ensuite, essayer lorsqu’il s’agit pour les managers de prendre des décisions éthiques qui ajoutées les unes aux autres forment ce que Joseph Badaracco appelle «moments de définition» et finissent par forger une trame de caractères ; et à la lumière de certains cas, questions et exercices pratiques que nous présenterons dans cet article, de suggérer des outils pour trouver un équilibre entre l’idéalisme de leurs sentiments et la réalité complexe de leur travail.

Première partie : Introduction à la description du travail et des rôles du manager.

1/La décision au centre du travail d’un manager :

Posons la question à un manager : quel est ton travail ? La réponse classique la plus envisageable serait la planification, l’organisation, la coordination et le contrôle. Cependant une observation participante de ce que fait réellement un manager peut révéler qu’il n’y a aucune relation entre ces mots et ce qu’on peut voir dans les faits même si ces derniers sont têtus comme disait Lénine .

Henry Mintzberg a essayé d’introduire une autre description du travail du manager découlant d’une enquête et de la synthèse effectuée à partir d’autres recherches portant sur l’emploi du temps des managers .Cette enquête concerne des moyennes et grandes entreprises mais également des petites.

Il en déduit que les managers sont tous investis d’une autorité formelle sur une unité organisationnelle. Cette autorité formelle leur confère un certain statut, impliquant des relations, dont dérive l’accès à l’information, qui à son tour, permet au manager d’émettre des décisions et des stratégies pour son unité.

Au niveau des rôles de relations, l’autorité formelle du manager implique d’abord son rôle de représentant, ensuite celui de leader et enfin celui de l’agent de liaison. En tant que représentant, le manager doit accomplir certaines obligations sociales. Comme leaders, les managers sont chargés du recrutement et de la formation de leur personnel, de les motiver et de les encourager, et de parvenir à harmoniser leurs besoins avec les objectifs de l’organisation. Pour son rôle d’agent de liaison, le manager établit des contacts en dehors de la chaine verticale de commande.

S’agissant des rôles d’information, le manager est en priorité un pilote épluchant sans cesse son environnement à la demande et à la recherche d’informations ; en deuxième lieu, il les diffuse ; troisièmement, il les répercute à l’extérieur de son unité en tant que porte-parole.

Enfin concernant les rôles de décision du manager, ils sont au nombre de quatre selon le même auteur.

D’abord en tant qu’entrepreneur, le manager cherche à faire évoluer son unité et à l’adapter aux changements de l’environnement.

Ensuite, il est gestionnaire de crises en cas d’imprévus et d’urgences tels une grève qui menace la livraison de produits, ou un gros client en redressement ou liquidation judiciaires, ou encore un fournisseur en rupture de stocks d’intrants etc. Le manager est donc obligé d’agir quel que soit le problème, il est considéré dans ce cas comme acteur involontaire du changement.

Ensuite encore, le troisième rôle de décision du manager est la gestion des ressources notamment l’affectation des ressources dont il a la responsabilité tout en planifiant les activités et les projets dans le temps et en évaluer la durée.

Enfin, le dernier rôle de décision du manager est la négociation que ce soit avec le personnel, un client, un fournisseur, une association etc. Les managers allouent en tout cas un temps notable à la négociation abstraction faite qu’elle débouche sur un résultat tangible et efficient ou pas.

Il semble très difficile de séparer ces rôles de manager qui forment un tout intégré, sauf qu’ils n’ont pas la même portée et la même attention chez tous les managers. Les directeurs de ventes consacrent plus de temps aux rôles de relation ; les directeurs de production accordent vraisemblablement plus d’importance aux rôles de décision ; les directeurs de ressources humaines attachent plus d’intérêt aux rôles d’information. Il n’en reste pas moins que les rôles de relation, d’information et de décision restent indissociables.

Par ailleurs, et à l’échelle de décision, il arrive aux managers de se trouver dans des situations de conflit entre leurs valeurs profondes, leurs sentiments voir leurs idéaux et la réalité complexe de leur travail d’une part et vraisemblablement une hypothétique pression de la vie personnelle et professionnelle d’autre part. Dans tous les cas, une décision éthique ou un moment définition s’impose.

2/Distinction entre une décision éthique et un moment de définition :

L’éthique est la science de la morale et des mœurs. C’est une discipline philosophique qui réfléchit sur les finalités, sur les valeurs de l’existence, sur les conditions d’une vie heureuse, sur la notion de "bien" ou sur des questions de mœurs ou de morale .

L’éthique peut également être définie comme une réflexion sur les comportements à adopter pour rendre le monde humainement habitable. En cela, l’éthique est une recherche d’idéal de société et de conduite de l’existence. Par ailleurs, tandis que la morale est un ensemble de règles ou de lois ayant un caractère universel, irréductible, voire éternel, l’éthique s’attache aux valeurs et se détermine de manière relative dans le temps et dans l’espace, en fonction de la communauté humaine à laquelle elle s’intéresse .

Dans "Le capitalisme est-il moral ?" (Albin Michel), le philosophe André Comte-Sponville distingue l’ordre moral de l’ordre éthique. Pour lui, la morale est ce que l’on fait par devoir (en mettant en œuvre la volonté) et l’éthique est tout ce que l’on fait par amour (en mettant en œuvre les sentiments) .

Les sentiments semblent être au centre de l’éthique. Ils peuvent servir de signal de départ et nous mettre en mouvement. Néanmoins la compréhension des sentiments immédiats passe inévitablement par le raisonnement autrement dit par l’examen critique sans nous laisser submerger par eux .

Par ailleurs, une décision