I-Mobilisation des connaissances
Par Junecooper • 7 Mai 2018 • 1 830 Mots (8 Pages) • 542 Vues
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Le don d’organe est aussi un ensemble d’actions d’ententes puisqu’il s’établit à travers des accords qui peuvent être explicites : donner tel organe. Il recourt aussi à des sous-entendus : l’acceptation du don par un donneur anonyme à un receveur anonyme. Il présente également des attentes qui se déploient comme si un ordre existait : le médecin respecte en général l’avis de la famille bien que la loi ne les y oblige.
Théoriquement, le marché des organes, sous certaines conditions, devrait permettre d’augmenter l’offre d’organes. Cela favorisait d’une part l’efficacité tout en préservant, dans un système complet de marché, la sécurité des acteurs du système et, d’autre part, l’efficacité en termes de bien-être individuel et social. Ni les asymétries d’information, ni l’imperfection de la concurrence ne sont suffisantes pour constituer un obstacle à l’efficacité du marché des organes relativement à une organisation publique fondée sur la gratuité des transferts d’organes. Toutefois, si les imperfections du marché prises indépendamment ne sont pas incompatibles avec l’efficacité qui peuvent en pratique intervenir sur le marché des organes, remet en cause sa pertinence. De plus, selon les partisans de la vente d'organes, le fait d'autoriser la vente libre d'organes permettrait la suppression du marché noir, ce qui améliorait les conditions sanitaires.
Selon certains libertariens, l'interdiction à la vente d'organes est une atteinte à la liberté de chacun de disposer de son corps. Chaque individu a le droit fondamental d'utiliser son corps, d'en tirer profit et d'en abuser (en se droguant, en se suicidant, en se mutilant, etc.). Cependant cela implique que l'individu assume ses responsabilités et donc qu'il n'en fasse pas supporter le coût à la communauté par la sécurité sociale. Selon ce point de vue, les lois punissant la vente d'organes sont donc des lois illégitimes en regard des droits naturels. Ils ajoutent que le fait que le don d'organes nécessite une autorisation signifie bien que l'individu est propriétaire de son corps.
Les asymétries d’information, si elles ne sont pas résorbées, peuvent réduire l’efficacité du marché des organes. En effet, d’une part, le manque de confiance génère des angoisses et, d’autre part, le possible défaut d’information peut engendrer des déceptions. Si les conséquences de la greffe ou du prélèvement ont été mal évaluées et les douleurs non anticipées, les agents peuvent regretter leur décision. Les enquêtes révèlent d’ailleurs que la plupart des personnes qui ont vendu un rein au marché noir regrettent leur décision, elles estiment avoir été mal informées des conséquences de leur acte.
Le seul avantage du marché des organes en termes d’efficacité est d’enrayer les problèmes liés au marché noir. Le marché noir des organes expose les offreurs à des traitements sans scrupule. En autorisant le marché et en lui associant une ceinture juridique protectrice pour les vendeurs, il y une forte probabilité que le marché noir des organes disparaisse, ou du moins soit considérablement réduit. L’efficacité du marché des organes reste donc une hypothèse puisqu’aucune étude approfondie ne permet de lever les doutes quant aux effets des représentations sociales du don d’organe, des coûts liés à l’imperfection du marché et aux difficultés d’imputer les responsabilités. Cette hypothèse, somme toute pratique pour discuter les problèmes éthiques soulevés par le marché des organes, est toutefois une invitation pour les économistes à prendre part de façon active à la discussion.
Ainsi, le marché est économiquement efficace dans la lutte contre la rareté. Leur analyse montre l’importance du choix des données pertinentes, notamment en termes de coûts et de risques. En tenir compte impose de contextualiser l’analyse car les coûts, les risques et les gains d’une greffe, comme la représentation sociale des organes, varient dans le temps, dans l’espace et selon les organes. Par exemple, les bénéfices escomptés, pour le receveur, de la transplantation d’un lobe de foie, ne sont pas similaires à ceux escomptés d’une transplantation rénale et il en est de même pour le risque vital pris par l’offreur. Le marché est défini comme le mécanisme qui organise la confrontation des offres et des demandes et conduit à la détermination d’un prix. Egalement, dans la mesure où l’imperfection de la concurrence permet généralement l’équilibre à un prix supérieur à celui d’un marché concurrentiel, si les prix ne sont pas administrés, l’oligopole bilatéral peut faire augmenter substantiellement le prix de la greffe de rein. Or, cela pourrait avoir un impact négatif sur l’augmentation de l’activité des transplantations.
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