Contrat Social, Rousseau, Commentaire
Par Junecooper • 19 Février 2018 • 1 263 Mots (6 Pages) • 584 Vues
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Et pourtant, même si l’État légitime proposé par Rousseau, une fois établi, fonctionne parfaitement et permet à chaque individu d’obéir aux lois que la raison publique, dont la sienne, a proclamées, cet État n’est-il pas une vision trop idéale de l’État légitime ? Certes, si tous les citoyens s’unissent et forment un peuple souverain, la liberté de tous se posera naturellement, puisqu’ils obéiront à leurs propres convictions et pour le bien du corps social. Mais en réalité, est-il véritablement possible de former une union de la sorte, dans laquelle tout le monde sans exception a le pouvoir législatif (celui de proposer les lois) ? Dans un quelconque pays du monde, il serait totalement impossible de faire des peuples des souverains, car l’union de millions d’individus pour décider d’affaires politiques serait matériellement impossible. C’est pourquoi toutes les démocraties sont aujourd’hui indirectes, comme en France, puisque par le suffrage universel, le peuple élit un nombre restreint de représentants politiques qui décideront à sa place des lois à appliquer en vertu des valeurs que ces représentants ont promis de défendre. Cependant, même si le peuple a élu par lui-même ses représentants politiques, confier son pouvoir à autrui reste dangereux, puisque les pensées et les convictions de l’autre sont toujours instables et imprévues. La liberté du peuple peut donc se retrouver menacée par des dangers tels que la corruption des hauts représentants (comme c’est d’ailleurs arrivé de nombreuses fois au cours de l’histoire) ou bien d’autres menaces.
Les lois, dictées par le peuple lui-même, à partir du moment où elles constituent la justice et la « volonté de tous » (l.9), doivent être utilisées par tout chef comme seules lois valables. En effet, elles deviennent le fondement même de l’État légitime, et dans lequel chacun est libre et égal à son voisin. Cependant, si un chef abandonne les valeurs de l’État légitime pour suivre ses intérêts personnels, sa volonté privée, sa loi de l’ensemble d’individus qu’il dirige, ces derniers ne seront plus obligés d’obéir aux loi, mais forcés de les suivre puisqu’ils ne seront pas forcément en accord avec elles. Cette assemblée d’individus menés par un chef aux ambitions strictement privées ne sera plus semblable à l’État légitime mais plutôt à l’état de nature. Cela mènera à un gouvernement en permanence instable car mené par la loi du plus fort.
Dans le Discours sur l’économie politique, Rousseau définit cet État légitime dans lequel liberté et lois sont complémentaires et le peuple est son propre souverain. Cependant, il reste à voir si cette forme d’État jusqu’à aujourd’hui trop idéaliste pourra à l’avenir voir le jour afin que chaque individu n’ait pas à abandonner à autrui son seul bien inaliénable qu’est la liberté.
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