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Lecture analytique, Les Animaux malades de la peste, Jean de La Fontaine

Par   •  28 Octobre 2018  •  2 017 Mots (9 Pages)  •  753 Vues

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De plus, chacun étant à la fois juge et partie (ils sont juges et accusés), le procès ne peut en aucun cas être neutre.

Enfin, la séparation des pouvoirs n'est pas appliquée puisque le pouvoir exécutif et judiciaire est entre les mains du pouvoir politique => despotisme.

La structure du récit, sous forme de gradation décroissante, révèle aussi qu'il s'agit d'une parodie de justice : d'abord s'exprime le Lion puis les autres carnivores, du plus fort au moins fort (de Tigre jusqu'à mâtin) -le Renard n'étant là que pour commenter les propos du roi. Enfin s'exprime le plus faible, l'Âne.

Paradoxalement et pour mieux en souligner le scandale, à cette gradation descendante en terme de structure correspond une gradation ascendante en terme de culpabilité : l'âne est jugé le plus coupable alors qu'il l'est en fait le moins.

Confession de l'âne symétrique avec celle du Lion puisque rapportée au discours direct.

Parallèle qui met en évidence l'opposition entre le crime de grande envergure du Lion et le caractère dérisoire du crime de l'âne. D'un côté, des crimes de sang touchant à la fois l'animal et l'homme (dévoré ; appétits ; mangé), traités pourtant sur le mode de la litote (v.28) . Importance de ces crimes (cf pluriel force moutons), qui sont de l'ordre du sadisme et du crime gratuit : Lion pas motivé par la faim mais par la gourmandise (appétits gloutons) ; reconnaît lui-mm l'injustice de ses crimes (v.27).

De l'autre côté, la faim de l'âne et l'absence de préméditation (v.51-52) ; l'absence de sang et le caractère mineur de la faute (je tondis de ce pré la largeur de ma langue, v.53).

A remarquer aussi le ton fier du lion qui se vante presque de ses méfaits alors que le ton de l'âne est beaucoup plus humble.

b) Discours faussés des courtisans

Les aveux du lion et de l'âne ont tous deux un point commun : ils sont commentés par les courtisans du lion et ce sont ces commentaires qui permettent une inversion totale des valeurs puisque le coupable est blanchi et l'innocent condamné.

Obséquiosité des courtisans qui les pousse à se faire les avocats du lion, que personne n'accuse, et les procureurs de l'âne, que personne ne défend => procès inéquitable.

Discours du Renard : ne se contente pas de relativiser le mal ; elle le transforme en bien. Cf lexique de l'éloge hyperbolique : trop bon Roi ; trop de délicatesse ; beaucoup d'honneur ; digne de tous maux (v.34-41) => flatterie. Radicalité du discours qui inverse victime et coupable puisque les moutons deviennent canaille et sotte espèce (v.36).

Et inversement, la parole du Loup transforme l'innocent en coupable, avec le mm type de procédé : là aussi, comme ci-dessus, terme dépréciatifs voire injurieux : ce maudit animal/ Ce pelé, ce galeux, d'où venait tout leur mal, v.57-58. Reprise anaphorique du déterminant démonstratif à connotation péjorative + énumération d'adjectifs.

Recours ici au style indirect puis style indirect libre pour retranscrire l'unicité de la voix du groupe (cf aussi p.personnel on > voix indistincte de la meute + exclamation et hyperbole du vers 60 Manger l'herbe d'autrui ! quel crime abominable !).

Opposition peccadille/crime pendable pour souligner l'injustice commise. Mais symétrie sonore des deux mots (pe … a). Cela montre bien qu'en manipulant les mots, on en peut retourner la signification en son contraire.

Discours des courtisans, durs avec les faibles et faibles avec les durs, qui amènent l'injustice scandaleuse du dénouement. La morale de la fable sanctionne explicitement les jugements de cour en associant par antithèse le blanc de l'innocence à la puissance et le noir de la culpabilité à la faiblesse.

c)Une ironie satirique

> Hypocrisie du lion

Ton tranquille et presque léger du lion, sensible dans l'adresse un peu mondaine Mes chers amis, v.15, tranche déjà avec la gravité de la situation, de mm que les euphémismes : cette infortune, v.17 ; de tels accidents, v.19. Légèreté du ton perceptible aussi dans des modalisations nuancées comme je crois que ; peut-être.Le lion parle sans inquiétude réelle à un public dont la bienveillance semble acquise. Le lion avoue ses crimes avec la plus parfaite tranquillité, en s'en montrant presque fier, comme le montre son trait d'esprit : Même il m'est arrivé quelquefois de manger/Le Berger, v.28-29, mis en valeur par le rejet du COD, qui forme le seul vers de trois syllabes de la fable (formée uniquement par ailleurs d’alexandrins et d'octosyllabes). On peut donc penser que le lion sait parfaitement pouvoir compter sur la servilité de son entourage.

> Absurdité des raisonnements

A commencer par celui du renard, dont nous avons bien vu combien il était flatteur : les termes de scrupules et délicatesse sont entendus par antiphrases par le lecteur. Mm chose du renversement par lequel le mal devient un bienfait : vous leur fîtes seigneur/ En les croquant beaucoup d'honneur. Obséquiosité du renard mise ironiquement en valeur par le fabuliste.

Servilité partagée par toute une partie de la cour, comme le montre l'infinitif de narration et flatteurs d'applaudir, v.43. Insistance sur l'immédiateté de cette réaction.

La Fontaine ironise encore quand il emploie le discours indirect libre pour passer rapidement sur le cas des autres puissances. On > singulier collectif qui montre le caractère univoque de l'opinion du groupe dans lequel l'individualité n'existe plus. Opposition vers 47-48 gens querelleurs / simples mâtins vs petits saints.

Enfin, quand le loup et ses semblables accusent l'âne, La Fontaine rapporte de nouveau avec ironie leurs arguments et leurs paroles : manger l'herbe d'autrui ! quel crime abominable !,v.60. Choix du vers long, l'alexandrin v 55-60, illustre cette volonté d'étendre et d'exagérer la gravité du cas.

A plusieurs reprises le fabuliste intervient lui-mm pour qualifier la gravité des crimes des uns et des autres, rétablissant une juste hiérarchie des fautes : les moins pardonnables offenses des grands ; la simple

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