Lecture analytique détaillée Les Obsèques de la lionne de La Fontaine
Par Christopher • 21 Août 2017 • 1 765 Mots (8 Pages) • 1 470 Vues
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B : Des êtres flatteurs qui n’hésitent pas à recourir au mensonge:
Narration ponctuée de paroles rapportées directement (discours du lion, du cerf avec celui de la reine enchâssé, cris de la foule), paroles rapportées indirectement (dénonciation du courtisan)
La cour est un milieu d’intrigues qui se jouent et se déjouent par la parole et le mensonge.
« digne moitié »
périphrase
Louange flatteuse du cerf. Le cerf représente la reine au paradis, vivant dans la félicité afin de calmer la colère du lion. On peut percevoir de l’ironie dans cette périphrase : si la reine est la « digne moitié » du lion, c’est qu’elle lui ressemble mais que le lion la surpasse sur le plan de la férocité et de la cruauté envers ses sujets.
« conversant avec ceux qui sont saints comme moi » (v.46)
allitération en [s]
La reine vit chez les Dieux (rappel du statut divin des rois qui ne connaissent pas le même sort que les mortels, même dans l’au-delà). Cependant l’allitération en [s] rappelle le sifflement mensonger du serpent et marque l’ironie du propos, le cerf ne se montre pas sincère.
« couchée entre des fleurs » v.40 « plaisirs » + hyperbole « mille charmes »
Lexique du plaisir, de la félicité + hyperbole
La reine se trouverait au Paradis, menant une vie heureuse et douce, toute dédiée aux plaisirs. Le courroux du lion s’apaise car si la reine a reçu la grâce des dieux, en tant que roi, il peut s’imaginer qu’il connaîtra la même destinée.
v.50 « Le Cerf eut un présent, bien loin d’être puni »
Tournure de l’opposition « bien loin de »
Le cerf est ainsi récompensé pour son mensonge. Mentir et fabuler seraient donc les seules façons d’attirer les bonnes grâces du roi et de profiter des privilèges de la Cour.
Conclusion :
Critique acerbe de la politique de Louis XIV, La Fontaine se montre aussi rusé que le cerf dans cette fable afin de s’éviter les ennuis. Le travestissement animal lui permet ainsi de pointer du doigt les abus de pouvoir et les injustices qui caractérisent la Cour du roi-soleil, sans avoir à risquer le courroux du monarque. Mais La Fontaine sait aussi se montrer critique avec ses pairs à qui il reproche leur attitude servile et hypocrite.
La leçon que le lecteur doit retenir est qu’à la Cour se joue une comédie où seuls peuvent être sauvés ceux qui connaissent son fonctionnement et se montrent plus intelligents et plus rusés que les autres. Bien que le fabuliste déplore cet état de fait, La Fontaine, réaliste et désabusé, clôt son histoire en invitant le lecteur à vivre dans ce mensonge et à ne jamais se montrer sous son vrai jour afin de toujours rester « l’ami » du roi.
C’est d’ailleurs parce que l’âne dans la fable Les Animaux malades de la peste, s’est montré trop franc et trop sincère qu’il fut désigné comme victime idéale du courroux céleste.
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