Commentaire littéraire "Soleil Couchant", Victor Hugo
Par Ramy • 13 Novembre 2018 • 1 837 Mots (8 Pages) • 2 152 Vues
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Pour finir, penchons-nous sur l’incidence du temps sur l’homme et l’amertume du poète face à la condition humaine. Tout d’abord, le poète n’apparaît qu’à la dernière strophe, introduit par la conjonction de coordination « mais » qui marque la rupture avec le reste du poème et une opposition du poète à la nature. De plus, l’expression du « Moi » est marqué par l’utilisation de la première personne du singulier « moi » (v.13), « je » (v.14), « je m’en » (v.15) qui permet d’affirmer que l’auteur parle de ses propres sentiments personnels : la solitude. Cette solitude est également soulignée par l’opposition entre le singulier, utilisé pour parler de lui-même « moi », « ma tête », « je passe » et le pluriel employé pour exprimer l’image de la nature « les nuées », « les clartés », « les monts », « les fleuves ». Le poète se sent ainsi isolé. En effet, l’image du poète solitaire est caractéristique du romantisme. De plus, la mélancolie est très présente dans ce poème. L’auteur exprime ses sentiments en essayant de faire une généralité de sa propre espèce où ils subissent tous le même destin : la mort. Cette mort n’est pas explicitement montrée mais elle est sous entendue avec les expressions « courbant plus bas ma tête » (v.13), « refroidi » (v.14), « s’est couché » (v.1), « je m’en irai bientôt » (v.15) où Victor Hugo utilise le procédé stylistique de l’euphémisme qui permet d’atténuer cette dure réalité. On aperçoit une seule fois seulement l’idée explicite de la mort avec le groupe verbal « des morts que nous aimons » (v.8) où l’auteur montre le dur destin auquel les humains doivent s’attendre. Ce vers s’oppose par un effet de parallélisme au dernier vers du poème. Le poète conçoit sa mort comme insignifiante, le vouant à l’oubli total : « Sans que rien manque au monde, immense et radieux ! ». Ce sentiment est également marqué par l’allitération en « r » qui exprime la rancœur et la peine du poète : « jour », « courbant », « refroidit », « rien ». Ensuite au vers 14 “je passe, et, refroidi” cet arrêt avec ces deux virgules donne l’impression d’entendre le jeune poète qui s’exprime, et l’émotion de l’annonce est tellement forte qu’il doit reprendre son souffle. Enfin, dans le dernier quatrain, le temps s’accélère pour le poète. Le rythme devient irrégulier et saccadé aux vers 13 et 14. Cette accélération brutale et soudaine du temps entraine un effacement progressif de la première personne : le poète passe rapidement du « moi » au « je » puis au « rien » qui désigne implicitement la disparition du poète.
Pour conclure, ce poème reprend deux thèmes principaux du romantisme ; la fuite du temps et la Nature, entité à part entière qui résiste seule aux ravages du temps. « Soleils Couchants » est également un poème lyrique car l’auteur fait part de son sentiment de tristesse, d’amertume et presque de jalousie face à la nature qui elle, se rajeunit au fil des saisons. L’homme, contrairement à cette dernière, est voué à disparaître dans un futur plus ou moins proche. Ces thèmes sont évoqués dans de nombreux poèmes romantiques tels que « Le Lac » de Lamartine, où le temps prend aussi une valeur mortifère et où la Nature est puissante et atemporelle, puisque toujours présente malgré le temps et bien après le poète.
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