Commentaire de texte, Victor Hugo "elle avait prit ce pli"
Par Andrea • 6 Décembre 2018 • 1 179 Mots (5 Pages) • 1 584 Vues
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pathétique adressée à Dieu pour obtenir de lui la force de continuer.
*Ce retour brutal à la réalité agit comme une plaie dans le poème, les trois derniers vers sont empreints de
souffrance : le poète se souvient du lien fusionnel qui l’unissait à Léopoldine (chiasme faussé des v. 24-25) et qui
faisait de lui un homme malheureux lorsqu’elle paraissait triste (métaphore de l’«ombre en ses yeux »).
*Cette métaphore de l’ombre suggère que la lumière des vers 3, 18, et 16 s’est éteinte définitivement le jour où il
écrit ces vers, significativement le « Jour des Morts 1843 », soit le 2 novembre.
TR°
II – EN EVOQUANT LE BONHEUR DE SA VIE D’ECRIVAIN, LUI AUSSI BRISE
1°HUGO met en scène son activité d’écrivain
*Emploi récurrent de déterminants possessifs de 1ère personne « MA/MON /MES » : la fillette s’introduit dans
son univers intime : chambre/lit.
*Le caractère autobiographique du poème est martelé par ces adjectifs possessifs, il s’agit bien d’un vécu personnel.
*C’est un univers d’écrivain : lexique de l’écriture « plume, livres, papiers, oeuvre, manuscrits, page blanche ».
*Mais si elle dérangeait son matériel et son travail « oeuvre interrompue » (v. 9), elle ne dérangeait en aucun son père
qui « l’attendait » avec impatience pour qu’elle illumine sa journée, comparaison « ainsi qu’un rayon ».
2°Dont Léopoldine enfant était la muse
*La visite de sa fille était bénéfique à un double égard :
*Elle le distrayait et lui apportait un bien-être : v. 8 « la tête un peu moins lasse ».
*en outre, v. 13, les gribouillis de la fillette inspiraient ses « plus doux vers ».
Le poète souligne par une incise « je ne sais comment » le caractère mystérieux de l’influence de L. sur son
inspiration.
*La comparaison du v. 7 « comme un oiseau qui passe » donne certes l’image d’une enfant libre avec son père et
insouciante, mais introduit une nuance douloureuse : son passage rapide dans la chambre de son père préfigure le
caractère éphémère de son existence sur la terre.
3° Le bonheur en famille, lui aussi révolu
*Son décès met également fin au bonheur et à l’équilibre familial.
*Dans une hypotypose (v. 18 à 22), le poète donne à voir une scène de la vie familiale du temps où le bonheur
régnait. L’évocation ne comporte pas de verbe conjugué, c’est un véritable tableau que Hugo veut fixer dans son
souvenir.
*Bonheur fait de choses simples :
– la réunion des membres de la famille et de « quelques amis »
– la proximité affectueuse du père avec ses enfants : vers 20, et la présence de la mère, valorisée par le rejet
« tout près » v. 21
– des conversations d’un certain niveau culturel, aux sujets éclectiques « langue, histoire, grammaire »
– auprès d’un feu de cheminée qui faisait oublier l’hiver : « soirs radieux et charmants » v. 18.
*La diérèse sur l’épithète « radi-eux » met en valeur le caractère lumineux de ce bonheur.
*L’harmonie de « Cette vie » faite de simplicité (v. 22 attribut «content de peu ») et de douceur est à présent révolue.
*La nostalgie s’exprime douloureusement par l’interjection à l’ouverture du v. 18 « Oh! ». L’absence de Léopoldine
arrache à son père plusieurs cris de douleur dans Pauca Meae.
Victor Hugo a écrit ce poème afin de recréer l’intimité de sa relation avec Léopoldine avant sa mort et de la faire
revivre à travers le pouvoir des mots. Lyrique, élégiaque (élégie = expression de la plainte), il est également un
éloge de sa fille. Au vu de la date d’écriture, on peut dire qu’il est un éloge funèbre de celle qu’il a infiniment
aimée. Par delà la mort, elle reste son inspiratrice comme elle l’était de son vivant, et en son souvenir il écrit des
vers « doux ».
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