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Toxicomanie: Une Perspective Sociologique

Par   •  13 Septembre 2018  •  2 494 Mots (10 Pages)  •  504 Vues

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Maintenant qu’un constat sommaire de la situation au Québec a été établi, il est désormais temps d’analyser les causes de la toxicomanie. D’un point de vue purement social, certaines études épidémiologiques ont démontré un lien entre le statut socio-économique des individus et leur propension à initier l’utilisation de drogues, tant légales qu’illicites, ainsi que leur abus. Explicitement, elles démontrent que les gens venant de famille à faible revenu et habitant des quartiers défavorisés ont une plus grande tendance que la population générale à utiliser et abuser des drogues[9]. Cependant, il ne s’agit pas d’un lien direct de cause à effet, c’est-à-dire, que le fait d’être né dans un quartier défavorisé ne condamne pas un individu à devenir toxicomane et l’inverse est aussi vrai[10]. En effet, les risques de toxicomanie sont reliés à plusieurs facteurs. Tout d’abord il y’a le niveau d’éducation de l’individu, plus celui-ci est élevé moins il est prédisposé à abuser des drogues[11]. L’historique familial joue également un rôle important, un historique d’abus et/ou de négligence dans l’enfance ainsi qu’une utilisation de psychotropes de la part des parents augmente les risques de toxicomanie d’un individu[12]. Outre sont environnement, des facteurs personnels tels que la maladie mentale, considère comme un des plus grands facteurs de prédisposition, ainsi que sa génétique, responsable à elle seule de 40 à 60 % de la propension d’abus, influence grandement les risques de toxicomanie[13]. De plus, des études récentes démontrent qu’il y aurait un lien entre le style d’attachement d’une personne et sa propension à l’abus de drogue, un style sécure serait un facteur de protection alors qu’un style insécure prédispose à plusieurs types de dépendances[14]. Ma théorie étant que l’attachement est une pulsion vitale chez l’être humain et que ceux ayant un style insécurisé s’attachent plus facilement à des substances, ou comportements, tels les drogues et le sexe, qu’à d’autres personnes.

Suite au constat et à l’analyse des causes, il est désormais temps d’explorer les mécanismes de la toxicomanie, c’est-à-dire, comment celle-ci prend forme et se maintient chez l’individu. Le premier, et le plus évident est bien entendu la dépendance physique. Celle-ci concerne plusieurs substances, notamment les opioïdes, les stimulants et l’alcool. Si on prend l’exemple de cette dernière, elle agit dans le cerveau en imitant un neurotransmetteur naturel, le «Gaba», qui agit comme un inhibiteur qui réduit l’activité électrique des neurones[15]. Le cerveau, en contre parti, réagit en produisant une plus grande quantité de neurotransmetteurs ayant l’effet inverse, telles la sérotonine et la dopamine afin de retrouver son équilibre[16]. Ce cycle, répété sur une longue période, est à l’origine des symptômes de sevrages chez l’alcoolique. Lorsque ce dernier arrête sa consommation le cerveau continu de produire une grande quantité d’excitants sans toutefois rétablir immédiatement la production de «Gaba», causant ainsi les symptômes physiques de sevrage lié à l’alcool, communément appelé le delirium tremens[17]. Avec le temps, le cerveau rétablit son état d’équilibre naturel et ceux-ci disparaissent. Le même principe de base s’applique aux autres substances causant des dépendances physiques, bien que les effets et neurotransmetteurs impliqués ne soient pas les mêmes. Il est important de noter que ce ne sont pas toutes les drogues qui causent de tels effets, le cannabis et la plupart des drogues hallucinogènes en sont exempt[18]s. Il est cependant possible de développer une autre forme d’addiction, nommément, la dépendance psychologique. Celle-ci, moins évidente et plus difficile à cerner, et s’appréhende de plusieurs façons. D’un point de vue neuropsychologique, elle s’explique, entre autres, par le fait que la consommation est souvent précédée de rituels, c’est-à-dire, une chaine d’évènements et de circonstances. Pensons par exemple à un fumeur qui roule son joint, à quelqu’un qui à l’habitude de fumer une cigarette après comportement un x ou une circonstance y, à un cocaïnomane qui consomme régulièrement avec certains amis, etc. Suite à son rituel, lorsque le consommateur ingère sa drogue, il se produit une sensation de plaisir, expliquer par une production accrue de dopamine dans le cerveau. Cette sensation agit comme un renforcement positif, renforçant non seulement le lien entre drogue et plaisir, mais également entre rituel et plaisir. Ce qui, grossièrement expliquer, produit un circuit neuronal qui se renforce à chaque consommation. Ce circuit est ensuite stimulé lorsque l’individu se retrouve dans des circonstances ou devant des éléments faisant partie de son rituel, causant ainsi une envie de consommer[19]. C’est d’ailleurs ce phénomène qui explique majoritairement les rechutes fréquentes des toxicomanes, car même si physiquement sevré, ce circuit neuronal est toujours présent et susceptible de s’éveiller lorsque l’individu perçoit un signal en lien avec son rituel. Le dernier point à aborder en lien avec les mécanismes de la dépendance est le concept de la tolérance. Celui-ci se définit par le fait qu’un consommateur régulier aura besoin de doses de plus en plus grandes au fil de sa consommation pour retrouver les effets désirés. Certaines drogues, tel la psilocybine et le LSD ont des effets de tolérance quasi instantanés, c’est-à-dire, qu’après seulement une consommation celle-ci est présente et l’individu n’a autre choix que d’attendre pour répéter l’expérience, car même s’il double la dose, l’effet sera grandement diminué. D’autre, tel le cannabis et l’alcool instaure leur tolérance de façon plus graduelle. C’est d’ailleurs la combinaison entre tolérances graduelle, haut potentiel de dépendance physique et psychique qui rend certaines drogues, telles que l’héroïne, aussi dangereuses.

Il est à présent temps d’examiner les différents traitements qui s’offrent au toxicomane. Ceux-ci diffèrent dépendamment de la nature de la dépendance. En cas de dépendance physique forte, par exemple pour l’héroïnomane et l’alcoolique, il existe des programmes d’aide au sevrage. Ceux-ci sont conçus afin d’aider les individus à passer au travers les symptômes reliés à la dépendance physique, il s’agit d’une étape préliminaire et peut s’opérer à domicile avec ou sans soutien, en centre hospitalier et en centre de désintoxication. Conjointement, il existe pour les héroïnomanes des traitements de substitution à la méthadone et au Subutex, ces drogues sont conçues dans une optique de réduction des méfaits

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