Théories de la socialisation
Par Junecooper • 18 Novembre 2018 • 3 304 Mots (14 Pages) • 592 Vues
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Les outils que le sociologue se donne pour penser la réalité : outils théoriques (par exemple l’ensemble des concepts utilisés par l’interactionnisme ou bien alors la théorie des champs de Bourdieu etc.), outils méthodologiques (que ce soit le questionnaire ou l’entretien) ne sont jamais de simples instances d’enregistrement de la réalité sociale. Ce sont des approches de la réalité qui insistent toujours sur un de ses aspects. Ce sont des traductions, donc d’une certaine façon des approximations (d’aucuns diraient des trahisons).
Mais les constructivistes nous disent que, de toute façon, il n’existe de réalité connaissable que médiatisée par nos yeux, nos sens, nos cadres mentaux, les technologies dont nous nous servons,etc.
Donc, il y a toujours un regard sociologique, qui, même s’il est étayé par des observations et une expérimentation n’est qu’un point de vue au sens littéral du terme, qui, même s’il se doit de poursuivre un horizon de vérité, dépend toujours, comme ce que nous voyons, de la position (spatiale, théorique…) où nous sommes pour regarder.
- I. Transmissions sociales
Les trois instances de permanence que sont les structures sociales, les représentations collectives et les normes - dont on a vu qu’elles sont d’abord des instances de permanence chargées d’assurer les conditions de stabilité des sociétés, mais qu’elles peuvent constituer aussi des instances de changement- Et elles ne peuvent perdurer sans des mécanismes de transmission et des formes d’apprentissage.
Nous intériorisons des manières d'être, de faire et de penser. Cette intériorisation est souvent inconsciente. Elle fait que nous adhérons en principe aux formes de régulation que l’on a apprises pendant l’enfance surtout lorsqu'elles sont appliquées de manière consensuelle par la majorité de la population. Il règle les situations relationnelles entre les individus et les conditions dans lesquelles, et les modalités selon lesquelles, on peut communiquer et se comporter.
Ces conditions et modalités vont dépendre d’un grand nombre de critères, relatifs à certaines caractéristiques des individus …
- sociales
- culturelles
- générationnelles
Mais ces critères vont aussi varier selon les circonstances et le contexte de l'action en cours.
Il est admis par exemple que l’on ne salut pas un par un les collègues dans une réunion qui est sur le point de commencer.
Plus largement, la manière d'adresser la parole à quelqu'un, la détermination de celui qui doit saluer le premier, qui doit serrer la main ou ne pas la serrer, etc., font partie d'un système de règles qui obéit à des sanctions comme toutes les normes, et qui n’est pas inné, mais qui est appris au cours de la socialisation.
Dans la plupart des cas, d’ailleurs, nous n'avons pas besoin que l'on nous rappelle les règles de politesse pour que nous les observions. Nous les avons déjà intériorisées et la meilleure preuve en est que, lorsque nous les enfreignons par mégarde, nous pouvons éprouver un certain sentiment de culpabilité. Autrement dit, l'individu s'applique à lui-même certaines sanctions à l'égard des normes de son groupe et l'observation d'une norme ne dépend donc pas seulement de l’éventualité de sanctions extérieures.
Cette intériorisation des normes fait que, très souvent, il est difficile de changer de normes ou même d'admettre l'existence de normes différentes. Mais surtout cela manifeste la puissance et la nécessité de transmission des normes qui ne peuvent exister qu’à cette condition.
Il existe des modalités de transmissions qui sont des apprentissages explicites bien définis : la famille, l'école, par exemple, participe d’une transmission institutionnalisée, qui a à la fois ses temps et ses lieux dédiés.
Mais il existe des modalités de transmissions beaucoup moins explicites. Dans les manuels scolaires de langue étrangère par exemple : outre l’enseignement de la langue sont diffusés des allants-de-soi qui mettent par exemple en scène une femme dans « sa » cuisine véhiculant ainsi clandestinement une image de la femme et de son rôle social.
De façon générale il n’y a pas de société sans mécanismes de transmission. Et il existe un mécanisme général de transmission qui est la socialisation.
- II. Définitions et fonctions de la socialisation
Socialisation : Processus d'acquisition par lequel les individus apprennent et intériorisent des valeurs, normes et rôles sociaux qui leurs seront nécessaires pour s'adapter et s'intégrer dans une société donnée.
On a la socialisation primaire (naissance à l'adolescence) et la socialisation secondaire (vie d'adulte jusqu'à la mort de l'individu).
Instances de socialisation : l'école, la famille, les amis, les collègues de travail...
D'après Emile Durkheim, il s’agit de former les individus pour les adapter à la société afin de maintenir son homogénéité. Ce paradigme du conditionnement voit la formation de l'enfant selon un modèle de dressage dans une période malléable, l'enfance, qui détermine très largement l'avenir de l’individu.
- III. La socialisation comme mise en œuvre de l'habitus
Pierre Bourdieu a forgé la notion d'habitus pour décrire comment, selon lui, la société est un espace de différenciation et de hiérarchisation constitué en classes, dans lequel les rapports de domination sont dissimulés car profondément intériorisés par les individus. L’intériorisation est ici capitale. C’est ce qui y rend la socialisation si centrale. Et cette socialisation se fait précisément à partir de l’habitus, matrice qui est à la fois un résultat et un producteur de mécanismes sociaux.
Pour comprendre ce que sont l’habitus et d’autres notions bourdieusiennes, on peut repartir de l’étude la plus célèbre de Bourdieu, quasiment inaugurale. « Les héritiers » a été écrit avec J-C Passeron dans les années 60 à un moment où l’idéologie dominante accorde à l’école un rôle de rétablissement de l’égalité des chances.
Or, ce que les
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