Socialisation et construction des identités sociales.

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Dans son livre Les héritiers (1964) il constate qu’un fils a 66% de chance d’occuper la même position sociale que son père. Cela s’explique de plusieurs manières, tout d’abord car on a plus de chance de réussir à l’école avec un habitus élevé (voir C).

Habituellement, l’habitus transmet le mode de vie qui va déterminer en grande partie notre métier. En effet, il est très difficile de changer de position sociale sans modifier son habitus, cela ne peut se faire sans le risque de provoquer une rupture familiale.

Par exemple, dans son ouvrage La place (1984) Annie Ernaux raconte comment sa réussite scolaire et sociale l’a éloigné de ses parents. Fille d’un couple de gérant d’un bar PMU elle devient professeur agrégé de français. Elle a donc changé la composition de son habitus et elle explique qu’elle se retrouve en décalage culturel et intellectuel avec ses parents. Elle explique que quand elle va les voir elle s’ennuie, ils ont moins d’intérêts communs à partager, en conséquence elle va les voir de moins en moins souvent.

On peut observer qu’un certain nombre de personne vont délibérément choisir de ne pas connaître une ascension sociale a fin de ne pas se retrouver dans une situation de conflit avec la famille.

- Le rôle de l’École.

L’école est la première instance de la socialisation or famille, elle joue un rôle intégrateur dans un groupe social plus large que la famille.

Historiquement, l’école joue un rôle de transmission de normes et de valeurs républicaines. L’École est rendu obligatoire sous la IIIème République dans le but d’installer durablement la République. En socialisant les enfants aux normes et aux valeurs républicaines, il y a moins de chances qu’ils remettent en cause ce régime politique. On va donc créer u habitus républicain. Cette fonction est d’autant plus importante que la révolution française a détruit les normes et les valeurs communes qui unissaient la nation française c'est à dire les valeurs religieuses.

La décapitation de Louis XVI, a conduit à affaiblir les normes et les valeurs religieuses. Il y a donc nécessité d’unifier la nation autour de nouvelles valeurs. On va donc créer des valeurs républicaines en particulier la laïcité, ces dernières seront donc transmises à l’École.

- L’École va donc permettre d’unifier des individus avec des habitus différents en créant un habitus commun.

- Le rôle de l’École est en outre déterminant car elle va fixer l’individu dans sa future position sociale. En fonction d’une socialisation plus ou moins réussite, l’individu va occuper telle ou telle position sociale. Cependant la réussite scolaire dépend en très grande partie de l’habitus familial. En effet plus un enfant va avoir du capital culturel plus il aura de chance de réussir à l’École. La socialisation par la famille et par l’École sont donc complémentaires.

Bourdieu constate dans son ouvrage Les héritiers (1964) qu’il est inégalement difficile pour un enfant de classe populaire que pour un enfant de bourgeois de réussir, car le capital culturel est différent. Par exemple, il observe que les enfants de classe populaire rentrent au CP avec 500 mots de vocabulaire alors que les enfants bourgeois rentre au CP avec 1500 de vocabulaire.

De nos jours, cet écart c’est accru puisqu’une étude en date de 2006 montre que les enfants de classe populaire rentrent au CP avec 800 mots alors que les enfants bourgeois rentrent avec 3400 mots. Cette inégalité de départ cause des réussites scolaires différenciées. Avec moins de vocabulaire, l’enfant de classe populaire va avoir plus de difficultés à comprendre la langue scolaire, notamment à appréhender les consignes. Pour comprendre les explications des enseignants il va donc devoir fournir plus d’efforts pour obtenir des résultats identiques à ceux des enfants bourgeois. Pour faire comprendre cette difficulté, Bourdieu parle d’apprentissage de langue étrangère. Il y a nécessité pour l’enfant populaire pour se socialiser à un nouveau langage. Si ils n’y arrivent pas ils vont être en situation d’échec scolaire.

La socialisation est donc fortement reproductrice. La famille et l’École ont une forte tendance à figer les positions sociales. Bourdieu constate que 66% des fils reproduisent la même position sociale que leurs pères. De nos jours ce chiffre est de 54%.

Cela signifie, à contrario, que 46% des fils ne suivent pas la même voie que leurs pères, cela s’explique par le fait que certains mécanismes de la socialisation permettent de sortir de la reproduction, notamment à travers le processus d’interaction.

- Socialisation : continuité ou rupture ?

Les individus se socialisent tout au long de leur vie. La socialisation étant l’intégration des normes et des valeurs de groupes sociales. L’individu va intégrer des nouvelles normes et valeurs à chaque fois qu’il va changer de groupe et de postes sociales.

- Le processus d’intératcion

La socialisation passe par le contact avec autrui, par les échanges avec d’autres personnes. A ce titre les échanges peuvent être multiples, à l’intérieur de la famille, de l’École, des amis, des groupes sportifs, du travail ect… Les individus vont donc être ne contact avec des modèles différents du model familiale. C’est pour cette raison que certains sociologues critiquent les théories de Bourdieu. Ces dernières ne permettent pas d’expliquer le changement social. Ce dernier provient du processus d’interaction.

Bernard Lahire explique que les individus ne possèdent jamais 100% de leur habitus familial. En effet, au cour de leur socialisation ils vont être confronté à différents habitus ce qui va permettre d’effectuer un trie entre les différentes normes et valeurs rencontrées. Ce phénomène est d’autant plus accentué quand l’individu s’éloigne de la sphère familiale. En changeant de sphère sociale, l’individu va rencontrer des nouvelles normes et valeurs qui pourront en partie remettre en cause certaines normes et valeurs familiales.

Ce phénomène d’interaction devient de plus en plus important dans les sociétés contemporaines qui voient le temps de socialisation familiale diminuer. Au fur et à mesure que l’activité féminine augmente, la socialisation familiale diminue. Les enfants restent de moins en moins longtemps dans la sphère familiale car les 2 parents travaillent.