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Le vrai et le faux

Par   •  23 Novembre 2018  •  1 698 Mots (7 Pages)  •  461 Vues

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grecque de l’être se caractérise par l’équation entre l’être et l’être manifesté (manifesteté, ouverture de la manifestation). Etre, ce serait sortir du retrait, se produire au grand jour : cette considération ontologique soutiendrait l’origine du terme alêtheia. Interprétation hautement spéculative. Etre vrai, ce serait dès l’origine être manifeste, être patent. Limite : interprétation qui ne fait pas droit au sens principal de lêthé comme oubli.

Deuxième interprétation : M. Detienne (Les Maîtres de vérité en Grèce archaïque), insiste sur la notion d’oubli. Plus soucieuse de la philologie, mais aussi de l’anthropologie et de la culture. Comment les Grecs sont-ils parvenus de leurs notions de vrai et de faux ? Comment le vrai et le faux étaient-ils pensés avant de devenir des catégories logiques/philosophiques ? Faire une préhistoire dans la pensée grecque archaïque des termes de vrai et de faux. Trois maîtres de vérité : poètes, oracles, rois, qui détiennent la prérogative de l’alêtheia. Alêtheia et poésie : figure des Muses (Mnémosyne notamment), qui procurent au poète des visions inspirées (font voir ce qui est caché, mais aussi ce qui est oublié ; font connaître ce qui n’existe plus). L’oracle : voit l’avenir. Le savoir du divin s’appelle alêtheia (rêves prophétiques comme expressions de l’alêtheia). Parole de l’oracle est vraie, mais aussi juste : lien très fort entre alêtheia et dikê. Affinités multiples et attestée (idée de droiture). Le roi et notamment le roi divin : juge et législateur. Minos qui rend la justice dans l’Hadès rend aussi la justice dans la plaine d’alêtheia (une plaine des Enfers), ou sur le « trône d’alêtheia » (de nouveau, lien entre vérité et justice). Quel est le propos de Detienne ? Dans la pensée archaïque/mystique, la vérité correspond à trois fonctionnalités sociales précises, où la parole joue un rôle important. Toutes ces significations s’articulent autour de techniques, de capacité (voir le passé ou l’avenir, rendre la justice). Consiste plus en une fonction qu’en une parole à l’origine. Detienne décrit l’apparition de la notion proprement philosophique comme un mouvement de laïcisation de l’alêtheia : passage du domaine sacré au domaine des affaires publiques, de la cité, où elle devient une caractéristique du discours. Hypothèse de Detienne : laïcisation qui s’explique par un passage d’une conception du logos comme parole à une conception du logos comme dialogue, soit la vérité passe du magico-religieux au démocratique, où le conflit des vérités et la contradiction existent. Elargissement de la vérité à un groupe social particulier. De la société de guerriers à la société de citoyens. Ceux qui ont accéléré ce procès de laïcisation d’alêtheia, ce sont d’abord les poètes et ensuite les sophistes (et non les philosophes !) : les philosophes rétablissent une dimension de l’alêtheia qui avaient été contestée par les sophistes, c’est-à-dire la dimension sacrée, éternelle, immuable, intangible de la vérité contre le mouvement sophistique qui voulait donner à la vérité le sens de parole efficace. Poètes : avec Simonide, le poète devient trompeur grâce à la technê (influence de la sophistique). Sophistes : Gorgias et Protagoras affirment la supériorité de l’apathé. La vérité n’a plus tellement de prix par rapport à la parole persuadante, triomphante. Conclusion de Detienne : philosophie à la fois opposé à et tributaire de la pensée religieuse. Dans le pythagorisme, deux voies de l’existence : (i) difficile, de la mémoire, du souci de soi, mais aussi (ii) celle du vice, de la facilité, des plaisirs, de l’oubli. Soit (i) vie de vérité et (ii) vie de mensonge. Influence de cette conception sur les philosophes : cf. la République de Platon (365b-c), importance du lieu de naissance dans le choix de la voie d’existence (cité de poètes qui critiquent les dieux : voie de l’apparence). Se met en place l’opposition fondamentale de la doxa et de la vérité, comprise comme epistemê (science). Nb : jeu de mot epistemê/stenai (se tenir debout). Qu’est-ce que la doxa ? Notion qui émerge de cette opposition politique vers la démocratie. Doxa : opinion, façon de juger dans une situation de ce qu’il convient de faire. Idée de prise de parti. Cette doxa politique est remplacée par les philosophes par une doxa philosophique, où elle désigne un savoir apparent et muable, par opposition à un savoir fixe et durable (la science). Modèle : reformulation d’une opposition venue de la pensée archaïque (p.ex. le pythagorisme).

La conception qu’annonce la vérité de la philosophie à ses débuts se place à la fois en rupture et en continuité avec la pensée religieuse : fait partie du mouvement de laïcisation vers la démocratie ; mais cette conception nouvelle reformule la conception magico-religieuse : elle oppose radicalement deux voies (mémoire et oubli, vérité et fausseté), et donne à la vérité un statut sacré, qui nous initie à une autre dimension de l’être que les apparences quotidiennes. L’alêtheia se colore dans cette naissances de la philosophie d’un certain nombre de nuances, forme un complexe de notions : non dissimulé, révélé (i), le droit, le juste (ii), l’immuabilité, la stabilité (iii), la réalité (iv), la simplicité, l’unité, la pureté (v). Le vrai est du côté de l’Un, le faux du côté du multiple.

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