Les faux monnayeurs incipit
Par Junecooper • 1 Mai 2018 • 1 242 Mots (5 Pages) • 1 019 Vues
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Tout ce qui s’est construit est faux
_ Déconstruction des attentes classiques:
-> ex: Balzac cadre//personnage (reflet l’un de l’autre)
Ici: refus de ce mimétisme. La construction du perso commence vraiment avec la lecture de la lettre.
_ Construction à rebours : utilisation du préfixe re- « refis », « remis », « replaça » et du plus que parfait à cela permet d’avoir une reconstruction de la scène qui précède ce passage, on peut reconstituer la scène manquante, celle de l’indiscrétion de Bernard.
_ Mais même avec cette déconstruction des attentes traditionnelles, on a une réelle construction : la dernière phrase annonce que l’histoire ne commence qu’à ce moment-là.
_ Le narrateur remet comme le personnage les pendules du lecteur à l’heure pour que le récit puisse commencer. Il affirme sa liberté, s’émancipe des topoi et attentes traditionnelles en même temps que personnage affirme sa liberté et s’émancipe de son univers familial qui l’étouffe. De même que Bernard étouffe dans son milieu familial et recherche sa liberté (champ lexical de la claustration, Caloub=Boucla), le narrateur se libère lui aussi et s’émancipe des attentes traditionnelles.
àOn a donc à la fois une émancipation du personnage et une émancipation de l’auteur des règles traditionnelles.
Annonces et mode d’emploi du récit
_ Jeu avec les genres : théâtralité de ce début de récit. La présentation du personnage ressemble à une entrée en scène d’un personnage de théâtre à in medias res, il a la parole, il joue au personnage de théâtre (« ça joue la larme ») , et on commence dès le milieu de sa réflexion (il a déjà découvert la lettre), « oui » racinien.
Pourquoi « oui » racinien ? Les dialogues de Racine, le début de ses pièces toujours In media res et avec l’impression d’être au milieu d’une conversation, avec un « oui » par exemple. Ex. Andromaque.
_ Sa construction véritable se fait dans le monologue intérieur (quasi monologue de théâtre avec DD et DIL et même narration équivoque avec l’argot d’un adolescent « potasser son bachot » ), c’est-à-dire sa réaction face à la lettre à la lettre aurait pu le placer dans le drame bourgeois ou le vaudeville mais son cynisme l’en détache.
à Cette théâtralité retrouvée dans l’ensemble du roman.
_ Liberté et mystère dans la construction du perso : présence du mot « démon » annonce le thème du démon (= tentation), figure inquiétante qui reviendra tout au long du récit, qui va démanger tous les personnages du roman à Idée de tentation avec la chaleur qui déconcentre Bernard qui est censé être resté potasser son bachot et qui fouille dans les affaires de sa mère.
_ Variété de la matière romanesque qui mêle divers écrits dans le roman : en général les personnages font des intrusions dans la vie des autres, carrefour de leur vie à la construction romanesque n’est pas une construction linéaire mais complétée par beaucoup d’écrits différents (journal, lettre).
_ Le roman se construit avec des regards indiscrets donc construction kaléidoscopique : ces écrits ont un point commun, on les découvre avec une intrusion dans l’intimité d’autrui et cette scène en est une. 1ère des nombreuses scènes d’intrusion dans l’intimité d’autrui avec la lettre : dans le roman lettre, valise, journaux… lus par d’autres que les intéressés participent de la construction romanesque.
Conclusion : L’incipit des Faux monnayeurs est donc très riche. Il permet au lecteur d’entrevoir le destin de Bernard qui épris de liberté finira tout de même par rentrer chez lui. La « boucle » symbolise cette idée. Nous avons d’ailleurs une forme signifiante car le nom de « Caloub » présent et dont l’anagramme est « boucla » est également présent à la fin du roman car c’est le dernier mot de roman. Tout e roman des Faux monnayeurs est donc une forme signifiante de la conception d’André Gide du roman.
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