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"Journal des faux-monnayeurs" La genèse des Faux-Monnayeurs

Par   •  16 Août 2018  •  3 257 Mots (14 Pages)  •  750 Vues

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*G donne une place privilégiée à Edouard dans la réflexion sur l’élaboration d’un roman même si une distance s’introduit « je dois respecter en Edouard tout ce qui fait qu’il ne peut écrire son livre. Il comprend bien les choses mais se poursuit lui-même sans cesse ; à travers tous, à travers tout. Le véritable dévouement lui est à peu près impossible. C’est un amateur, un raté. Personnage d’autant plus difficile à établir que je lui prête beaucoup de moi. Il me faut reculer et l’écarter de moi pour bien le voir. » 1er novembre 1922/2 G joue beaucoup avec le personnage d’Edouard auquel il confie une grande part de la réflexion sur l’écriture et du rôle de romancier tout en lui contestant la capacité de réaliser une œuvre. Il lui reproche de glisser des aspects personnels dans tous ses personnages mais avoue faire de même avec lui et avec d’autres personnages (« ce qui manque à chacun de mes héros que j’ai taillés dans ma chair même, c’est ce peu de bon sens qui me retient de pousser aussi loin qu’eux leurs folies » 30 mars 1923) .

Il conclut sur sa proximité avec Edouard par une citation du Tartuffe « vous vous aimez tous deux plus que vous ne pensez »1er novembre 1922/2

* A propos de sa recherche sur « le pur roman » G note « Je crois qu’il faut mettre tout cela dans la bouche d’Edouard » puis il ajoute « je doute pour ma part qu’il se puisse imaginer plus pur roman que, par exemple, la Double Méprise, de Mérimée. Mais pour exciter Edouard à produire ce pur roman qu’il rêvait, la conviction qu’on n’en avait pas produit encore de semblable lui était nécessaire. Au surplus, ce pur roman, il ne parviendra jamais à l’écrire.» 1er novembre 1922/2

* « C’est là précisément l’impression que je voudrais donner dans ce livre, et ce que je ferai dire à Edouard. »

André Gide ses sert donc d’Edouard comme d’un personnage de l’intrigue mais aussi comme un moyen d’expliciter sa démarche et ses intentions à l’intérieur du roman. Ce personnage lui permet également d’exposer ses idées sur un roman idéal, impossible à écrire, et de réaliser l’amorce de plusieurs démarches d’écriture auxquelles il renonce mais qu’il parvient ainsi à évoquer. Il écrit dans ce journal comme un auteur et narrateur à la fois.

- Le rapport de l’auteur au lecteur.

* « la grande erreur des dialogues de X… (auteur = F. Mauriac) c’est que ses pers. parlent toujours pour le lecteur » 13 janvier 1921

*L’histoire requiert la collaboration du lecteur pour « se bien dessiner » car ses éléments n’apparaissent qu’à travers le point de vue des personnages 20 novembre 1920.

* « Tant pis pour le lecteur paresseux, j’en veux d’autres. Inquiéter, tel est mon rôle. Le public préfère toujours qu’on le rassure. »29 mars 1925 l’implication du lecteur est toujours exigée.

* « un nouveau chapitre […] doit être une jetée en avant – de l’esprit du lecteur. »10 avril 1924. Le livre doit donc allier découverte et réflexion à chaque chapitre

* « Mais tout considéré, mieux vaut laisser le lecteur penser ce qu’il veut – fût-ce contre moi. » 8 juin 1925 lors de la fin des FM. G renvoie le public à la liberté qu’il ne peut lui ravir : ce journal était-il un moyen efficace d’orienter le lecteur ?

Le romancier, comme les autres personnages, devient donc l’objet de l’attention du lecteur au profit de G qui peut à volonté prendre de la distance et présenter les idées qui lui viennent sans prendre de risque.

- L’élaboration d’une œuvre romanesque

- Les choix initiaux et la composition

* « Purger le roman de tous les éléments qui n’appartiennent pas spécifiquement au roman » 1er novembre 1922. G conduit une recherche sur le « pur roman », il récuse la description (passage du JFM non publié)

* « chaque nouveau chapitre doit poser un nouveau problème, être une ouverture, une direction, une impulsion, … » 10 avril 1924

* « je ne sais à quelle branche m’attaquer d’abord. Selon ma méthode j’use de patience et considère d’abord longuement la touffe avant d’attaquer. » 1er novembre 1924

* « J’hésite depuis deux jours si je ne ferai pas Lafcadio raconter mon roman » 17 juin 1919. Traite Lafcadio comme un pers. existant indépendamment de son projet, G copie un passage de Browning « pour l’usage de Lafcadio »

* « il faut même se demander si ce n’est pas par là que le livre doit s’ouvrir » 9 juillet 1921 G hésite longtemps sur l’incipit.

* « Il faut écrire « les réflexions d’Edouard sur le roman – dans un premier chapitre pouvant servir de préface »

* « c’est à l’envers que se développe assez bizarrement, mon roman ». Les chapitres s’ajoutent « repoussant toujours plus loin celui que je pensais d’abord pouvoir être le premier. » 11 octobre 1922 le roman évolue donc selon l’inspiration, les différents chapitres sans suivre de progression prédéfinie.

*Le problème du contexte : 19 juin 1919 hésitation entre avant la guerre ou l’époque contemporaine de Gide. Souhaiterait le futur si c’était possible !

* « la rencontre d’Edouard et de Lafcadio sur un quai de gare et le premier abord avec la phrase « je parie que vous voyagez sans billet. (c’est avec cette phrase que j’abordai le curieux vagabond de la gare de Tarascon dont je parle dans mon Journal ) » 22 avril 1921. Volonté de ne pas se contenter d’un narrateur unique + notes dans je journal destinées à être réinvesties dans d’éventuelles œuvres plus tard + besoin d’un point de départ issu de la vie réelle.

* « La vie nous présente de toutes parts quantité d’amorces de drames, mais il est rare que ceux-ci se poursuivent et se dessinent comme a coutume de les filer un romancier. Et c’est là précisément l’impression que je voulais donner dans ce livre » 1er novembre 1924.

G développe ses principales interrogations par rapport au début de roman, il envisage plusieurs pistes qui révèlent la primauté de la réflexion sur la genèse de l’œuvre et le statut de narrateur accordé initialement à Lafcadio, puis le rôle fondamental attribué à Edouard. Ces théories semblent céder devant la vitalité qui se dégage de l’écriture

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