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Introduction aux Gender Studies

Par   •  7 Juin 2018  •  2 429 Mots (10 Pages)  •  544 Vues

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-Il existe beaucoup de cas où des opérations de floutage ou de transgression des catégories de sexe ont été menées par des jeux de genre. Nicole-Claude Mathieu, anthropologue française, a formulé l’idée que l’on n’arrive pas à rendre compte, à ranger dans une logique de sexe/genre les catégories masculin/féminin. Il s’agit d’une expérience aussi vieille que l’humanité : par exemple, à la suite d’interventions affectant l’anatomie, certaines personnes changent de sexe. Il est aussi possible de jouer avec le genre par la figure du travesti, où des hommes jouent à se déguiser en femmes ou l’inverse, sans intervention sur l’anatomie. Le phénomène de brouillage est un phénomène très ancien.

-Voir les travaux de l’anthropologue britannique Evans-Pritchard, qui s’est intéressé aux Nuer (population africaine, vers le Soudan et l’Ethiopie) : dans cette tribu, la polygamie fait qu’un certain nombre d’hommes accapare plusieurs femmes. Ainsi, c’est une institution tout à fait reconnue et légitime de voir un homme se mettre en couple avec un autre homme et assurer les fonctions domestiques habituellement attribuées aux femmes. Si un jeune homme joue un rôle féminin et a une sœur, cette dernière peut se marier avec le guerrier et rend alors libre son frère de retrouver pleinement son statut masculin.

-De la même manière, les Hijras en Inde sont une population d’hommes qui se sont volontairement émasculés pour des raisons religieuses, se considérant comme des individus asexués (ni hommes, ni femmes). La cour constitutionnelle fédérale indienne a reconnu l’existence d’un troisième sexe, ni homme ni femme pour cette population : leur statut est donc socialement reconnu.

-Quand un enfant naît, il est pensé comme le remplaçant de quelqu’un de la lignée qui est mort avant, comme une continuation d’un membre de la famille. S’il est une continuation de la grand-mère par exemple, même si l’enfant naît garçon, il sera traité comme une fille jusqu’à la puberté, puis restitué à ses attributs masculins.

-Les femmes assurent la majorité des tâches domestiques dans les foyers hétérosexuels : la part des hommes dans les tâches domestiques augmente d’environ une minute par an seulement. Les hommes, quant à eux, ont surtout le rôle de porter des charges lourdes (porter une bouteille de gaz), ramener les pacs d’eau. L’explication serait d’ordre biologique car les hommes auraient plus de force. Cet argument ne tient pas en réalité, car il n’y a pas besoin d’avoir une force extraordinaire pour faire ça, des femmes dans l’armée assurent les mêmes tâches que les hommes, etc.

-Les femmes françaises n’ont le droit de vote que depuis 1944. Un homme qui se marie ne change pas son nom de famille, et il n’existe pas de femmes prêtres : tous ces éléments constituent des formes de ségrégations.

-Le corps enseignant à l’IEP est constitué de beaucoup plus d’hommes, alors que le service de la scolarité est surtout féminin. La quasi totalité des compositeurs de musique sont des hommes : Clara Schumann par exemple est une grande compositrice, mais elle restera l’épouse de Robert Schumann et sa carrière restera dans l’ombre de son mari. En littérature, on trouve également plus d’hommes.

Section 2 : Le genre comme opérateur symbolique central :

-Nous n’arrêtons pas de voir le monde à travers le genre (voir l’article Doing gender) : inconsciemment ou consciemment, on ne traite pas les hommes et les femmes de la même manière. Les hommes coupent beaucoup plus souvent la parole aux femmes statistiquement que les femmes aux hommes. Il s’agit d’une une sorte de programme intériorisé, pas forcément réfléchi.

-Les différences corporelles sont recodées, transformées et fonctionnent comme une grille de perception : nous sommes des corps, « de la viande », et cette matérialité des corps a des effets considérables dans l’univers symbolique. Nous sommes des corps mais nous pouvons aussi les modifier.

-Voir le tableau dans les documents donnés en cours : les femmes ont seins, une chevelure souvent plus longue, elles sont associées à des courbes, au fluide, à l’humidité, au mou (dessous, dedans, tordu, fermé, dominé, bas). A l’inverse, le corps masculin représente la lumière, la force (sec, dessus, dehors, droit, ouvert, dominant, haut). Le sperme a un pouvoir fécondant là où la femme n’est même pas capable de garder son sang (règles). Elles produisent un fluide extrêmement faible, aqueux, qui ne possède pas le pouvoir fécondant qu’a le sperme.

-L’homme a des organes sexuels dehors, ce qui est quelque chose d’ouvert, d’explicite, alors que la femme a ses organes sexuels à l’intérieur de son corps, ce qui renvoie à quelque chose de fermé, inquiétant, mystérieux, dissimulé.

-Il suffit d’étudier le vocabulaire de la relation sexuelle désignant la pénétration sexuelle pour se rendre compte de l’infériorité que l’on attribue aux femmes : baiser, prendre, mettre, monter, tringler.

-On peut rapprocher cette thématique du yin et du yang : le yin : féminin // le yang : masculin. Dans la mythologie grecque (les cosmogonies) les couples de dieux ont des pouvoirs qui renvoient à toutes sortes de clichés et aprioris sur les attributs masculins et féminins, comme s’il s’agissait d’un monde binaire, fait par et pour les hommes.

Section 3 : Indéracinable essentialisme :

-Les différences a priori entre les hommes et les femmes feraient d’eux 2 espèces radicalement différentes et opposées, offrant ainsi une vision hiérarchique. On pourrait dire que cette vision existe, mais pas chez nous, qu’elle n’était présente que dans le passé, dans les sociétés primitives. L’égalité homme/femme serait caractéristique de la démocratie française, etc. Vaut-il alors vraiment la peine de consacrer tant de temps à des choses acquises ?

-Les formes anciennes et traditionnelles d’essentialisme ont été peu à peu décrédibilisées : Dieu aurait voulu instituer un ordre inégalitaire, mais de moins en moins de personnes y croient.

-La fécondité renvoie à tous les signifiés de l’actif, de l’efficace du côté du masculin (force séminale), alors qu’elle renvoie à l’inerte, l’inefficace, et se décompose du côté du féminin (ovules restant statiques, se détruisent au moment des règles).

-Les cerveaux des femmes et des hommes ne fonctionneraient pas pareil : il s’agirait d’un deuxième organe sexuel engendrant des différences

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