Cours de Terminale L Complet : La liberté
Par Ramy • 22 Février 2018 • 2 422 Mots (10 Pages) • 616 Vues
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Au contraire, si je me laisse aller sans réfléchir à tel ou tel acte parce que j'ai l'impression que rien ne m'y détermine et donc l'impression d'être libre, je ne le suis pas, je n'ai aucune liberté de choix, ce n'est pas un acte de volonté probablement que les causes inconscientes me déterminent à cette action à mon insu. Dans cette perspective, celle de l'exercice de la volonté et de la raison, la notion gidienne "d'acte gratuit" est absurde : dans les Caves du Vatican, le héros Lafcadio croit affirmer sa liberté absolue par un "acte gratuit" : défenestrer un inconnu dans un train. Cette interprétation de la liberté est absurde dans la mesure ou en réalité, cet acte n'est pas si gratuit puisque Lafcadio à décidé de tester sa liberté par sa prétendue gratuité.
En outre, cet acte est humainement absurde : la liberté sans conscience se rattache à la liberté sauvage, animale, négation aussi bien du libre arbitre que de la liberté responsable, proprement humaine.
II/ La liberté intérieure : liberté de penser et liberté morale:
1/ Liberté d'opinion, liberté de penser et liberté d’expression:
La liberté d'opinion et la liberté d'expression sont devenues des droits grâce à la démocratie, mais se pose la question de leurs limites. Si la liberté d'opinion et la liberté d'expression sont des droits démocratiques, c'est d'abord en tant que droits individuels contre la toute puissance d'autorités supérieures comme celles de l'église ou de l'état. Dictatures et totalitarismes privent le peuple de ces libertés pour mieux l'assujettir. Quand un dictateur accède au pouvoir, il met immédiatement la main sur les organes d'informations et de presse notamment, les transformant en outils de propagande (ministère de la propagande sous le troisième Reisch).
La liberté d'expression elle aussi est extrêmement contrôlée et quasi nulle car les citoyens sont surveillés par une police secrète (ex : KGB). La liberté d'opinion et d'expression sont bien des droits démocratiques fondamentaux. Mais ce ne sont probablement pas les plus haut degré de la liberté : nous avons tendance à confondre liberté d'opinion et liberté de penser. En effet, quand j'ai une opinion, cela ne
signifie pas qu'elle soit proprement mienne : tant que je n'y ai pas réfléchie, que je n'ai pas raisonner pour fonder mon jugement, peser le pour et le contre : je n'ai peut-être pas penser par moi même, mon opinion à pu être déterminé par mes affectes inconscients ou conditionner par la société : en ce cas, est-ce vraiment "mon" opinion ? Certes, quand j'ai une opinion, c'est bien moi qui pense : personne ne m'a contraint à l’avoir.
Mais il n'est pas du tout certain que je l'ai forgé en pensant par moi même. Or, penser par soi même exige un véritable effort de la volonté. La liberté est-elle une question d'effort et de liberté ? Pour Bergson comme pour Rousseau, le sentiment de liberté est plutôt lié à une détente de la conscience, comme dans l'écoute musicale pour Bergson ou dans la rêverie pour Bergson et Rousseau. Dans Les rêveries d'un promeneur solitaire, Rousseau évoque d'ailleurs le sentiment de liberté et de bonheur qu'il éprouve à se laisser aller au fil de l'eau sur une barque en oubliant tout ses soucis, libéré des regrets du passé et de l'angoisse de l'avenir se fondant au rythme même de la nature dans un flux de conscience dirais Bergson qui nous fait éprouver notre durée intérieure : pour Rousseau comme pour Bergson, c'est dans ces moments de plénitude que je suis vraiment moi même. Mais ce sentiment de liberté n'a rien voir avec l'effort de penser par soi même qui implique nécessairement la volonté et la raison.
Dans Qu’est-ce que les lumières ? Kant réfléchie à la devise des Lumières, "sapere aode », pourquoi faut-il du courage pour penser par soi même ? Parce qu'il faut se libérer de ce que Kant nomme les "tuteurs" : autorité religieuse notamment, et toutes formes extérieures d'autorités pour n'obéir qu'à l'autorité de sa seule raison. C'est ce que Kant nomme l'autonomie par opposition à l'hétéronomie. L'autonomie est le pouvoir d'obéir à la loi qu’on s'est soi même fixée tandis que l'hétéronomie est l'obéissance à une loi extérieure à soi même. Mais pour Kant cela ne signifie pas n'obéir qu'à ses propres opinions : c'est obéir à la seule autorité de sa raison.
Or, la raison est la faculté de l'universel : non seulement de la connaissance du vrai mais aussi et surtout pour Kant, de l'exigence morale. Si chaque sujet pouvait atteindre cette autonomie intellectuelle, non seulement il se libérerait de ses préjugés et progresserai vers la vérité mais la liberté, l'égalité et la paix auraient plus de chance d’être garanties, en effet, cette liberté est le contraire de la "liberté sauvage", sans règles : c'est une liberté responsable.
Cette autonomie, Kant la nomme "majorité". Majorité n'a pas ici un sens légal mais intellectuel et moral : c'est le pouvoir de penser par soi même en obéissant à sa seule raison. Par opposition à la "minorité", état de tutelle, notamment aux autorités religieuses, comme les enfants sont sous la tutelle de leurs parents. Sans l’éducation philosophique, les hommes restent des enfants. Rappelons que le texte de Kant rend hommage au « despote éclairé" Frédéric II de Prusse qui accordait la liberté dans ce que Kant nomme "l'usage public de la raison" : la liberté de publication. C'est en effet le moyen de diffusion des Lumières au peuple tout entier. C’est ainsi que le peuple devient éclairé, donc qu'il s'émancipe intellectuellement et moralement, tel est le sens de l'éducation. Le mot éducation vient du latin exducere qui signifie conduire hors de, par l'éducation, l'homme est bien conduit hors de la soumission à l'instinct, à ses passions, à l'ignorance et finalement à ce que Kant nomme "minorité". C'est donc bien l'éducation philosophique qui réalise le sens de toute éducation.
Certes, elle en passe par la médiation d'un tiers, le philosophe ou le professeur de philosophie mais cette médiation même doit être dépassée pour s’auto-éduquer
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