Le repas dc2 amp
Par Ramy • 18 Août 2017 • 2 511 Mots (11 Pages) • 2 834 Vues
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Mais, peu à peu, des troubles alimentaires apparaissent.
C'est à dire que Mme M se met à trier sa nourriture; les morceaux non mixés de la soupe, le gras du saucisson, les grains de framboises... Avec sa fourchette, elle sépare tous les éléments qui compose son plat de manière très minutieuse voire obsessionnelle. Ce comportement l'amène à ne manger que de très petites quantités et à passer de plus en plus de temps à table. Et à un risque de dénutrition s'ajoute un risque d'isolement car Mme M s'enferme dans ce comportement, qui lui demande tant d'attention qu'elle ne peut plus en porter à autre chose.
Je vais vous faire part du questionnement, de l'analyse et des réajustements que j'ai proposés en équipe pour optimiser la prise en charge de Mme M lors de ce temps clé.
-2) Questionnement- analyse:
- Le questionnement :
Ces modifications sont rapidement abordées en équipe et plusieurs solutions sont proposées. Je propose d'accompagner cette résidante et de mettre en place ces solutions, d'autant plus que je suis déjà Mme M quotidiennement pour le lever, la toilette et le coucher. Je connais les capacités et les difficultés de cette dame pour l'avoir observée et évaluée lors de ces temps clé, et avoir questionné l'équipe à son sujet. J'ai également, au cours de ces temps d'aide mis en place une relation de confiance. En effet, mon statut de stagiaire me permet de prendre du temps avec les personnes que j'accompagne et d'utiliser ce temps pour renforcer cette relation. L'approche que j'ai mis en place auprès de cette résidante est basée sur la communication non verbale (le regard et le toucher permettent de capter son attention) et la douceur de la parole et des gestes qu'elle a remarqué et apprécié (« vous êtes douce, c'est agréable »).
Pour tenter de diminuer ses troubles alimentaires je cherche, tout d'abord, à la stimuler; en verbalisant tout d'abord lui demandant si elle apprécie tel ou tel plat, en lui suggérant de prendre de plus grandes quantités dans sa fourchette, puis joignant le geste à la parole en lui montrant comment faire. Mme M reste hermétique à mon intervention, ne répondant que rarement et par de simples hochements de tête.
Les quantités ingérées à chaque bouchée sont tellement infimes que la résidante n'est qu'au début de son repas quand les autres résidants finissent de manger. Elle se retrouve alors seule à table devant son assiette. Lui dire de manger ne sert à rien, elle répond « oui, oui » et peut même faire preuve d'agacement elle qui est toujours d'humeur égale.
Ces troubles alimentaires deviennent de plus en plus systématiques. Une aide soignante propose de passer au menu mixé, argumentant que cette nourriture lisse ne permettrai plus à la résidante de la trier. Mais il n'y pas d'amélioration de son comportement malgré plusieurs tentatives. Certes Mme M ne peut pas trier ses aliments mais elle ne mange toujours que de très petites quantités. On lui sert le plus possible ce qu'elle aime ( le sucré, de la salade verte ) et des produits enrichis pour éviter la dénutrition. Certes son besoin physiologique de se nourrir et de s'hydrater est pris en compte mais cette conduite me questionne; est-elle le signe d'un mal être, d'une angoisse ou un symptôme de la maladie d'Alzheimer?
- L'analyse de l'intervention:
En retenant cette dernière hypothèse, j'envisage que Mme M agit ainsi car ses déficits cognitifs et praxiques sont tels qu'elle en oublie comment se servir de ses couverts. De plus, je me documente sur les prises en charge préconisées et découvre le principe de « finger food ».
Le « finger food » désigne le manger-main. Il vise à favoriser tout ce qui peut se manger en bouchées et à proposer des aliments qui soient appétissants à la vue.
Lors d'une réunion de transmission, je fais part à l'équipe de cette pratique et propose de la mettre en place au prochain repas ce qu'elle valide.
Je consulte alors le menu du soir qui est composé d'un potage, d'une omelette, de salade verte, du fromage et d'une compote. Dès l'arrivée du chariot isotherme transportant les repas, pendant que l'aide soignante et l'agent social servent le potage aux résidant, je prépare une assiette pour Mme M. Je découpe des bouchées d'omelette, prépare des tartines de fromage en forme de bâtonnets et les dispose de façon à ce que l'assiette soit la plus appétissante possible. Alors que le plat de résistance est servi, j'amène cette assiette à Mme M avec un bol de salade verte.
Sa réaction ne se fait pas attendre; elle me regarde l'air agréablement surprise et me dit: « Oh, c'est beau! Merci Madame ». Je lui répond que je suis contente que cela lui plaise et que j'espère qu'elle trouvera aussi bon que beau. Je constate qu'elle commence très vite à manger et avec appétit. Le repas se déroule bien et Mme M nous surprend finissant son assiette et en même temps que les autres résidants.
J'ai adapté son repas en favorisant le visuel pour stimuler son appétit et utilisé cet aspect sensoriel qui semble être sa manière d'appréhender son environnement.
Je note ces observations dans le cahier de liaisons demandant à l'ensemble de l'équipe de bien vouloir prolonger l'action mise en place. Ce type d'assiette est donc proposé à plusieurs reprises et reçoit toujours le même accueil de sa part. Mme M n'a pas exprimé verbalement son approbation mais son attitude le laisse à penser. L'équipe l'ayant constaté, elle valide l'accompagnement individualisé que j'ai effectué et décide de le faire perdurer.
- L'évaluation:
En adaptant ainsi les plats pour cette résidante j'ai permis, dans un premier temps, le maintien de son autonomie. Certes Mme M mange avec les doigts ce qui pourrait être perçu comme une régression mais le principal est qu'elle ait retrouvé le goût de manger et donc le plaisir de manger.
Et c'est la recherche du plaisir qui rentre en compte pour appliquer cette méthode.
En effet pour les personnes souffrant de la maladie d'Alzheimer à un stade assez avancé, certaines facultés
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