SEMCO avec ou sans Ricardo
Par Raze • 10 Septembre 2018 • 1 972 Mots (8 Pages) • 492 Vues
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Troisièmement, l’entreprise se doit de satisfaire les besoins sociaux des membres pour contrecarrer les problèmes qu’apporte la gestion technocratique. À la SEMCO, « personne n’est le propriétaire de son bureau. Chaque jour, les employés occupent un espace différent, choisi parmi les places disponibles dans les installations physiques : stations de travail partagées, cafétérias, jardins internes, salles de séjour, salles de réunion, etc.[6] » et aussi « C’est la fin du contrôle physique, les employés travaillent selon leurs besoins, leur rythme et leurs engagements.[7] »
Comparativement aux postulats du modèle participatif décrit dans le manuel Management à l’ère de la société du savoir : « Au lieu de relever uniquement de la direction, la prise de décisions et l’élaboration des politiques s’effectuent de manière que le sommet tienne compte des contributions des membres subalternes. En résumé, il s’agit d’un mode d’organisation qui étend le pouvoir aux employés grâce à la mise en place de groupes, de comités ou de commissions ad hoc .»
On peut voir qu’à la SEMCO l’employé prend une part importante dans le modèle décisionnel de la compagnie et qu’il n’est pas seulement présent pour effectuer la tâche qu’on lui a attribuée. Voici deux extraits qui le démontrent bien. « […] par exemple, les employés prennent la parole et proposent différentes solutions en cas de crise, comme dans des situations quotidiennes telles que l’embauche d’une nouvelle personne.[8] » et aussi « par ailleurs, les employés sont impliqués pour chaque nouvelle embauche, même s’il s’agit de candidats qui deviendront leurs supérieurs.[9] »
Selon la structure organisationnelle de la SEMCO, les groupes se chevauchent et s’aident mutuellement afin d’arriver à un but commun. Ils sont liés par des dirigeants de chaque groupe qui servent d’agents de liaison qui sont à la fois subordonnés, chefs et collègues.
Question 3 : En quoi l’entreprise SEMCO remet en question certains principes associés au capitalisme industriel et au capitalisme financier?
C’est au milieu du XVIIIe que débuta la révolution industrielle qui mènera à l’instauration du capitalisme industriel. L’économie basée sur l’agriculture et l’artisanat disparait petit à petit pour laisser place aux fabriques et éventuellement aux usines. Ainsi, le capitalisme industriel devient le centre de gravité du système économique. « D’une part, le système politique, par l’entremise des nouvelles lois, prépare le terrain à un fonctionnement plus harmonieux de l’industrie comportant moins d’entraves, et d’autre part, les marchés financiers s’organisent afin de fournir les capitaux nécessaires au développement de l’industrie[10]. »
Le capitalisme industriel se résume en trois fondements principaux, soit : l’investissement matériel dans les moyens de production, l’optimisation de la production et le rendement des investissements à moyen et à long terme. On peut se référer à ceci : « La période qui suit est fortement marquée par ce qu’on appellera le Taylorisme et le Fordisme. Ce dernier mouvement fait référence à Ford, qui a abondamment employé les méthodes de production tayloriste basées sur la division du travail et la simplification des tâches afin de réduire au maximum les coûts de production. » Lorsque l’on regarde le modèle de la SEMCO on y voit plutôt l’opposé, en voici un exemple : « […] l’entreprise encourage les employés à changer périodiquement d’activités, de fonctions, ou d’unité d’affaires. Cette rotation du personnel dans l’entreprise permet de faire accélérer le développement de compétences multiples et d’augmenter la synergie entre les différentes parties de l’entreprise. […] » (Pozzebon, 2008)
Nous constatons donc une divergence majeure au niveau du système de production. Le capitalisme industriel vise la production de masse afin de faire du profit tandis que la SEMCO vise le développement individuel spécialisé de chacun des employés. Ils ne sont pas de simples automates, mais ils développent plutôt des compétences multiples au sein de l’entreprise.
« Le capitalisme financier désigne l’ensemble d’activités spéculatives entre agents qui visent à maximiser les gains dans le délai le plus court possible.[…] L’accumulation de capital est désormais assurée par la rentabilité des placements financiers, meilleure que celle des investissements industriels[11]. »
Le capitalisme financier se résume en trois points fondamentaux : l’investissement immatériel spéculatif (immatérialité), la maximisation des profits (maximalisme) et le rendement des investissements à très court terme (immédiateté). Par contre, cette gouvernance financière fait face à trois contradictions : le court-termisme, le maximalisme et l’immatérialité des profits au détriment de l’économie. Donc, c’est là que le terme spéculation prend tout son sens : « […] Nous pouvons acheter le type de propriété d’une entreprise sans la connaître ni savoir dans quel domaine d’activité elle se trouve. Ce qui nous intéresse, c’est d’acheter ce titre au prix le plus bas et le vendre au prix le plus élevé le plus rapidement possible.[…] Voilà ce qui caractérise aujourd’hui l’essentiel des activités financières internationales[12]. »
Chez SEMCO ce n’est pas de cette façon que cela fonctionne, puisque les employés ont un énorme pouvoir décisionnel par rapport à la redistribution des ressources et des profits, en voici un extrait qui le décrit bien :
« […] Contrairement à d’autres organisations où le profit est automatiquement distribué aux actionnaires, les employés prennent en main cette décision car, selon Ricardo Semler, cette possibilité les incite à mieux effectuer leur travail (Semler 1993). Ce sont donc les employés qui décident comment distribuer le profit et la part des employés au profit est habituellement de 23%. (Stockport 2010) [13]»
En conclusion, ce sont des valeurs socialistes qui régissent la gestion à la SEMCO. C’est le long terme qui est mis de l’avant et les employés sont la partie la plus importante de la compagnie.
Références
GAVEL, J. (2004). « Le cas Semco : Laissez les collaborateurs déterminer leurs salaires eux-mêmes », Scoop sur l’homme et le travail, Dossier Rémunération, SD WORX, no 3, p. 8-9.
KUYKEN K. La Semco : avec ou sans Ricardo
PETERSSON, M. et A. SPÄNGS (2005). Semco & Freys:
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