Ronsard quand vous serez vieille
Par Orhan • 6 Mai 2018 • 1 608 Mots (7 Pages) • 1 544 Vues
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Ce poème exprime donc l’amour de Ronsard pour Hélène, mais cette demande amoureuseest inattendue, assez originale :
Alors Ronsard se projette dans l’avenir , il ne parle pas du présent en disant aimez-moi, et fait la description de ce qui attend Hélène dans sa vieillesse :
« quand vous serez bien vieille,/ Au soir, à la chandelle »
Il y a de nombreux verbes au futur « vous serez ; vous direz ; vous n’aurez plus)
Le mot « au soir » c’est bien sûr la fin de la journée mais cela fait aussi penser au soir de la vie, c’est une métaphore qui fait penser à la fin de la vie, la fin de la vie d’Hélène.
C’est assez cruel de la part de Ronsard de présenter Hélène de la sorte. Il donne une image peu flatteuse en ce qui concerne son avenir.
Le tableau de la vieillesse qui attend Hélène est assez effrayant :
- Sa vie sera monotone « assise auprès du feu, dévidant et filant »
- Sa vie sera solitaire « lors, vous n’aurez servante, oyant telle nouvelle »
- Et pire elle sera physiquement affaiblie (dans un état d’une terrible déchéance) : « vous serez au foyer une vieille accroupie »
Ronsard fait une description aussi terrible de l’avenir de sa belle afin d’être plus persuasif dans sa déclaration d’amour.
Il faut signaler que Ronsard parle autant sinon plus de lui-même que d’Hélène dans ce sonnet. Il cite deux fois son nom, « Ronsard me célèbrait », « au bruit de mon nom », aussi «e » « chantant mes vers » et le pronom personnel « je » apparaît deux fois.
A remarquer d’ailleurs qu’il n’appelle jamais Hélène par son nom.
Il donne de lui une image beaucoup plus flatteuse que d’Hélène : il parle de sa gloire personnelle, il se présente lui-même mort (« mort » « mon repos » et non pas décrépi par la vieillesse.
À ce moment là , Ronsard et Hélène seront séparés pour toujours, car Ronsard sera déjà mort « Je serai sous la terre, et , fantôme sans os/ Par les ombres myrteux, je prendrai mon repos »
Nous pouvons souligner le rappel de la mythologie (ombres myrteux) ui était cher à la Renaissance et l’Humanisme.
Il ne restera à Hélène que le souvenir, la nostalgie et la poésie de Ronsard « Direz chantant mes vers en vous émerveillant »
C’est d’ailleurs grâce aux poèmes de Ronsard qu’Hélène est célèbre que pour toujours on parlera de sa beauté.
Même la servante connaît Ronsard : « …qui au bruit de mon nom , bénissant votre nom de louange immortelle »
Alors quand il sera trop tard, Hélène regrettera de ne pas voir aimé le poète, elle sera remplie de remords : « regrettant mon amour et votre fier dédain »
Et quand on arrive aux 2 derniers vers, il y a une chute ( une rupture) :
Alors que tout le poème est écrit au futur, les 2 derniers vers sont au présent, et à l’impératif même
« Vivez, si m’en croyez, n’attendez à demain
Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie »
C’est comme une fable de La Fontaine car cela se termine par une sorte de morale. Cette morale s’adresse d’abord à Hélène : elle doit aimer Ronsard maintenant, aujourd’hui, quand il en est encore temps pour ne pas avoir des regrets inutiles plus tard.
Il faut qu’elle soit consciente que la vie est éphèmère, tout comme la rose qui va se faner. La rose est en général un symbole de la beauté ; la beauté d’Hélène ne va pas résister au temps. D’ailleurs le poème donne une impression de temps qui défile à toute vitesse.
Evidemment cette morale, par de là l’amour de Ronsard pour Hélène, a aussi une valeur générale. Elle s’adresse à nous tous dans un message épicurien ; il faut vivre au présent et profiter des belles choses que la vie nous offre. On parle du « carpe diem ».
CONCLUSION
J’ai découvert ce poème en classe de 4ème lorsque je préparais un exposé sur Ronsard. Ce poème m’a tellement plu que je l’ai présenté lors de mon exposé. C’est un sonnet, donc un poème court, qui est étonnant pour une déclaration d’amour : Ronsard peint un portrait négatif de Hèlène tout en se mettant lui-même en valeur, pour la persuader de se laisser séduire !
Bien que court, ce poème arrive à construire une argumentation en 3 phases :
- Ronsard peint d’abord le tableau de la triste vieillesse d’Hélène (deux quatrains);
- Puis il établit un parallèle entre sa situation et celle de son interlocutrice (« Je serai sous la terre »/« Vous serez au foyer »).
- et vient la chute finale des deux derniers vers, soulignée par l’opposition entre l’avenir annoncé du premier vers (« quand vous serez vieille ») et le présent mis en évidence par « dès aujourd’hui » du dernier vers.
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