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L’Olive par Joachim Du Bellay

Par   •  23 Octobre 2018  •  5 458 Mots (22 Pages)  •  1 614 Vues

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Ce paradoxe du sentiment amoureux, entre douleur et douceur, est présent dans le sonnet XCII « Ce bref espoir, qui ma tristesse alonge » où l’on retrouve l’espoir et le désir pour la femme aimée, mêlés à la douleur des déceptions et des mensonges. On ignore par ailleurs si l’espoir est un bon élément, tantôt coalisé avec l’amant, tantôt coalisé avec la femme, Olive, contre l’amant : « Avecques luy riez de mes ennuiz, / D'un seul regard le me faictes reprendre. » L’espoir rit avec la femme de l’amant, puis d’un regard retourne du côté de l’amant. Cet espoir existe mais ses occurrences sont rares, et il ne subsiste pas longtemps pour aider le poète à s’en sortir.

Ce recueil fait aussi la part belle à la réflexion mystique, entre autres autour du temps qui passe et de l’éternité comme dans « Déjà la nuit en son parc », ainsi qu’à l’évocation de la divinité pour parler d’Olive, comme au sonnet LII « Mere d'Amour, et fille de la mer », où Du Bellay file la métaphore de la divinité d’une femme dont le seul point de comparaison possible est celui d’une déesse à laquelle il adresse une prière. Il continue dans le domaine du divin en liant la cruauté guerrière dont il est victime en son for intérieur et les pouvoirs de Mars, dieu de la guerre, soulignant le combat qu’il doit soutenir.

- Présentation

Joachim du Bellay (1522-1560) est un illustre poète français de la Renaissance. Il est issu d’une famille angevine et célèbre pour ses recueils de poèmes.

Attachant une importance particulière au moyen d’enrichir la langue française, Joachim du Bellay sera, avec le poète Pierre de Ronsard, à l’origine du mouvement littéraire connu sous le nom de « la Brigade ». Ce dernier prendra définitivement le nom de « la Pléiade » en référence à sept autres poètes d’Alexandrie qui eurent, auparavant, le même nom. L’auteur publiera, en 1549, la non moins célèbre Défense et illustration de la langue française, considérée comme le manifeste des idées des poètes composant la Pléiade. Véritable défenseur de la langue française, il prône son enrichissement dans l’optique d’en faire une langue élégante et digne.

L’Olive fait partie des œuvres principales de Joachim du Bellay ; c’est le premier recueil français de sonnets amoureux. Le recueil est initialement composé d’une cinquantaine de sonnets écrits en 1549, mais en compte 65 de plus lors de sa publication en 1550. Thème fréquemment évoqué dans la poésie élégiaque, que Joachim du Bellay a repris pourL’Olive, l’amour représente le fondement du poème. À travers son œuvre, l’auteur, qui s’est inspiré de Pétrarque, célèbre une maîtresse imaginaire. L’amour est ainsi le thème principal sur lequel repose l’œuvre de Joachim du Bellay, auquel s’ajoute la beauté de la femme.

- La femme idéalisée : Olive

Les poèmes sont énoncés à la première personne ; le poète s’exprime personnellement au fil des 115 sonnets. C’est à travers cette voix lyrique qui semble l’engager que Joachim du Bellay fait part des joies et des tourments qu’il vit à cause de son amour pour la femme aimée, Olive, à laquelle il s’adresse directement.

Olive est la femme idéalisée du poète, son prénom donne le titre au recueil. Elle est décrite comme un ange, une femme parfaite, mais sa description n’est pas aisée, tant les descriptions abondent par des métaphores diverses. La femme présente dans ces sonnets a le teint clair et les cheveux blonds comme dans « Les cheveux d’or » : « Ces cheveux d'or sont les liens, Madame » ou dans « Déjà la nuit en son parc amassait » où le poète évoque les tresses blondes de l’aurore qu’il oppose à l’obscurité de la nuit.

Elle a une face angélique et des yeux brillants, elle est ainsi décrite dans le sonnet XXXVI « L'unic oiseau (miracle emerveillable) » : « Soubz ceste face angelique, et seraine », dans le sonnet XCI « Rendez à l'or cete couleur, qui dore » : « Et ce beau teint à la vermeille Aurore », et dans le sonnet IX « Garde toy bien ô gracieux Zephire ! » qu’il poursuit ainsi : « D’empestrer l’esle en ces beaulx nœuds epars / Que çà, et là, doulcement tu depars / Sur ce beau col de marbre, et de porphire ».

Dans le sonnet LXXVIII « La Canicule, au plus chault de sa rage », on trouve d’autres éléments de sa description : « Soit qu’en riant ses levres coralines / Montrent deux rancz de perles cristalines » et dans le sonnet LXV : « Ces cheveux d'or, ce front de marbre ». Il la décrit en employant des images rappelant des matériaux nobles et précieux, ce qui donne une richesse, une noblesse à sa beauté, une pureté également : le marbre, le porphyre, les perles. Ces matériaux évoquent le voyage également, le marbre ou les perles évoquant des pays orientaux, l’Orient que l’on retrouve au sonnet XV « Pié, que Thétis pour sien eust avoué » : « Que l'Orient seroit enrichi d'elles / Cil Orient en perles tant loué. » Olive est donc belle, d’une beauté pure et sans défaut.

Le poète évoque leur rencontre, qui a marqué sa mémoire au sonnet V « C'etoit la nuyt que la Divinité », lors d’une messe de minuit ; il tombe instantanément sous son charme : « C’etoit la nuyt que la divinité / Du plus hault ciel en terre se rendit / Quand dessus moy Amour son arc tendit / Et me fist serf de sa grand’deité ». Depuis ce moment, il se consume d’amour pour elle bien que cette dernière soit inaccessible.

Vers la fin de l’œuvre au sonnet XCIX « O faulse vieille ! ô fille de l'Envie », le poète se fait évincer par un rival et se trouve en proie à la jalousie : « Faulse aveuglée, inique Jalousie ! »

Mais même s’il a perdu l’amour d’Olive, il ne cesse de prier pour elle, comme il l’affirme au sonnet XXXVIII « Sacrée, saincte et celeste figure », où il la décrit comme une sainte : « Sacrée, saincte et celeste figure » puis dans le sonnet CIII « Mais quel hiver seiche la verde souche » : « Mais quelle main, quelle pillarde moûche / Ravist ses fleurs ? c’est toy, fievre hardie / Qui fais languir par une maladie / Moy en mon ame, et Madame en sa couche [...] As-tu donc faict une chose si belle / Pour la défaire ? ô Dieu qui n’as point d’yeulx ! / Si contre moy la Nature conspire […] Deffen au moins l’honneur de ton empire ». Olive passe dans ce sonnet de la figure de femme désirée à celle d’un être divin, que le poète amoureux vénère tel un croyant, passant de l’amour à l’adoration.

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