Joachim du Bellay en son temps
Par Andrea • 18 Novembre 2018 • 1 735 Mots (7 Pages) • 560 Vues
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Un poète au XVIe est plus ou moins dépendant économiquement.
- Les conditions politiques et symboliques du mécénat
Ces conditions sont complexes. Les poètes sont en quelque sorte protégés : lien entre le mécène et le poète.
Mécène : soutenait le poète latin Horace à la fin de la République romaine.
Cette nécessité de protection les conduit à se conduire en « courtisan ». La plupart des œuvres sont dédiées à une ou plusieurs personnalités influentes. Dans les sonnets, un bon nombre sont adressés à Marguerite de France, protectrice des poètes de la génération de DB et Ronsard.
Les rois et leurs sœurs
François Ier Marié à Claude de France
puis à Eléonore d’Autriche
Marguerite de Navarre
Henri II Marié à Catherine de Médicis
Marguerite de France
Le programme d’influence de la France sur la scène européenne inclut un programme Humaniste. Il y a une collision entre programme littéraire et politique. « France mère des arts, des armes et des lois » Les Regrets, s.9
Système d’échange entre poète et mécène : don / contre-don (idée de l’anthropologue Marcel Mauss).
Pratique cérémonieuse de l’hommage du livre : cadeau qui intéresse l’auteur et le puissant qui peut se mettre en scène comme un roi-mécène qui protège la culture.
Les formes de don sont variées : livre, plaisir, affection, soi-même, et immortalité. Le poète immortalise son destinataire en l’évoquant dans son œuvre et le destinataire immortalise le poète en garantissant la qualité. Ce mécanisme peut prendre la forme d’un circuit vertueux créateur. Dans la fiction élogieuse que crée le poète en faisant don de son livre, le protecteur constitue un exemple de vertu à suivre. C’est une progression vers un texte de plus en plus admirable qui rend le protecteur admirable.
Il s’agit d’interdépendance entre les poètes et les puissants. Cela n’exclue pas une certaine liberté et une exigence d’un point de vue poétique et de point de vue moral. DB n’hésite pas à critiquer la réception des puissants à la poésie. « Aux choses de profit, ou celles qui font rire,
Les grands ont aujourd’hui les oreilles de cire,
Mais ils les ont de fer pour écouter les vers. » Les Regrets, s.154
IV - Le contexte religieux
Les poètes du XVIe qui publient en France sont chrétiens et majoritairement catholiques. Le pouvoir du Pape est un véritable pouvoir politique en Europe. Il est réellement une personnalité importante qui compte presque autant que les rois des différents pays. Le problème majeur : époque où émerge le protestantisme et le catholicisme se redéfinit en réaction à ces volontés de réformes. Au cours du Moyen-Âge, la Bible ne faisait l’objet d’une étude philologique (lettre et langue du texte, signification des mots et représentations contenues dans un texte en tenant compte de la langue d’écriture). C’était à l’époque La Vulgate (traduction latine de Saint-Jérôme, IVe siècle) – reste la version de référence au XVIe. Nait un mouvement religieux : l’Evangélisme – projet de raviver la foi personnelle en ayant un accès direct au texte dans la langue originale, et dans la langue française. Parallèlement, on critique le fonctionnement corrompu de l’Eglise : on peut acheter beaucoup de choses au sein de l’Eglise (moralité douteuse). Cf. indulgences : pardons que l’on obtient avec des prières, actes, etc. Il y a également la critique de la nomination des fonctions ecclésiastiques (places pour l’influence). Ce mouvement est d’abord interne à l’Eglise, puis ces propositions se heurtant à des refus, entraine d’abord un retrait des controverses par certains humanistes, soit une radicalisation : Protestantisme.
Face au Protestantisme, l’Eglise réagit (Contre-Réforme) en réunissant le Concile de Trente – assemblée d’évêques à l’échelle européenne en vue de prendre des décisions sur la doctrine du clergé (1545-63). Ce Concile a été réuni en réponse aux demandes de Luther.
Exemples de mesures :
- Un non cumul des évêchés mais renforcement de leur pouvoir + incitation à la décence et à la sobriété
- Dont aux évêques un pouvoir de régulation des images dans les Eglises (Protestant : ne pas vénérer les images mais Dieu lui-même – critique de la richesse et du fast)
- L’Eglise catholique réaffirme que la Vulgate de Saint Jérôme est la version authentique. La question de la traduction en langue vernaculaire n’est pas tranchée pendant le Concile, car la Vulgate a pris un statut tellement fort en termes d’authenticité, que l’on considère que les traductions ne peuvent pas rendre le texte sacré. Les traductions vont être mises à l’Index, même si elles ne sont pas interdites (1559).
- Concernant les sacrements : Eucharistie – moment où le pain et le vin deviennent le corps et le sang du Christ (transsubstantiation) – les Protestants sont contre.
DB à Rome : marge de liberté restreinte /!\ ne pas trop critiquer l’Eglise catholique.
V - Quelques perspectives biographiques à interroger
Un critique du début du XXe siècle considère que la vie de DB est séparée en deux : temps heureux de la jeunesse & temps à Rome, où il est confronté à la vie et où il devient un poète authentique, marqué dans son âme par la vie et qui livre son expérience → lecture caricaturale, schématique et romantique. Comment la nuancer pour mieux comprendre l’élaboration littéraire de DB dans Les Regrets ?
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