Cyrano de Bergerac, Edmond Rostand
Par Raze • 18 Octobre 2018 • 1 329 Mots (6 Pages) • 1 030 Vues
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s’efforce de banaliser ce baiser, que Roxane n’ose envisager : la négation restrictive ne…que réduit ainsi la distance qu’il y a entre les larmes et le baiser : « Des larmes au baiser il n’y a qu’un frisson » tandis que l’utilisation des adverbes d’atténuation, « insensiblement », « un peu » et a répétition du verbe « glisser » s’efforcent de dissiper les angoisses de la jeune femme. Et ce faisant, Cyrano persuade insensiblement Roxane, d’autant plus que son discours s’organise selon un subtil et savant crescendo.
2. L’ascension des personnages
Ensuite, nous pouvons voir que l’ascension des personnages Christian et Cyrano arrive tout au long de la scène.
A l’ascension physique de Christian qui enjambe les balustres pour atteindre le balcon répond la savante progression qui organise le discours de Cyrano. Les questions qu’il pose à Roxane illustrent ce crescendo. La première d’entre elles, « S’il la brûle déjà, que sera-ce la chose ? », est ainsi destinée à susciter le trouble de son interlocutrice ; la seconde, à la forme interro-négative, est l’équivalent d’une affirmation qui l’oblige à avouer ce trouble: « N’avez-vous pas tantôt, presque insensiblement/Quitté le badinage et glissé sans alarmes/ Du sourire au soupir, et du soupir aux larmes ! ». Quant a la troisième : « Un baiser, mais à tout prendre, qu’est-ce ? », il s’agit d’une question rhétorique qui permet au héros d’emporter la jeune femme dans un tourbillon de métaphores qui l’enchantent et la ravissent. De la même manière, Roxane est progressivement élevée au rang de reine. Par exemple au vers 25 le thermes « Buckingham » utilisé par Cyrano qualifie Roxane comme reine ce qui va donc la séduire et va laissé Christian lui faire un baisé.
On voit donc que dans cet extrait il y a une élévation qui a lieu pour chacun des personnage, celle de Christian qui montre de l’assurance pour son physique, Cyrano qui va de plus en plus vers un language poétique, qui monte crescendo pour séduire, et celle de Roxane qui elle va être séduite par la comparaison qui la met dans un statue de reine.
3. L’emploi d’une langue poétique.
Enfin, la virtuosité de Cyrano lui permet de séduire Roxane en usant de procédés et de tours poétiques. Les rimes internes, les allitérations ainsi que les répétitions rythment la scène et confèrent une musicalité envoûtante aux paroles de notre séducteur. « Quitté » rime ainsi avec « glissé », accentuant l’équivalence entre les deux expressions qui composent ce vers. L’assonance en « i » dans la première réplique de Cyrano – « insensiblement », « quitté », « badinage », « glissé », « glissé », « sourire », « soupir » (2fois), « glisser », « insensible », « il », « n’y », « frisson » - annonce peut-être la célèbre métaphore de la réplique suivante qui fait du baiser « un point (…) sur l’i du verbe aimer ».
Le son « i » est beaucoup utilisé dans les premières réplique de Cyrano, qui marque donc le « i » du verbe aimer, il emploie donc énormément le son « i » pour faire ressortir le verbe aimer et pour faire de la poésie « oreille » « abeille ».
Les vers constituant la seconde réplique de Cyrano sont construits de la même manière, substantif complété par une relative ou un participe, pour conduire Roxane du « serment » au « baiser » qui scelle l’union des deux âmes amoureuses : c’est ainsi qu’un premier vers définit le baiser comme « un serment fait d’un peu plus près » tandis que le dernier vers de la réplique font de lui la traduction charnelle d’une union spirituelle par le biais de métaphores qui associent le corps et l’esprit : « se respirer le cœur » et « se goûter, au bord des lèvres, l’âme ! ».
Cyrano emploie donc un langage poétique pour pouvoir charmer Roxane, ce qui est donc un vrai succès, également, il force sur le son « i » pour donner un effet encore plus poétique à ses paroles.
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