Cyrano de Bergerac, Edmond Rostand
Par Ramy • 19 Octobre 2018 • 1 393 Mots (6 Pages) • 880 Vues
...
3.
Enfin, la virtuosité de Cyrano lui permet de séduire Roxane en usant de procédés et de tours poétiques. Les rimes internes, les assonances et les allitérations ainsi que les répéritions rythment la scène et confèrent une musicalité envoûtante aux paroles de notre séducteur. "Quitté" rime ainsi avec "glissé", accentuant l'équivalence entre les deux expressions qui composent ce vers. L'assonance en "i" dans la première réplique de Cyrano - "insensiblement", "quitté", badinage", "glissé", "glissé", "sourire" (2 fois), "glisser", "insensible", "il", "n'y", "frisson" - annonce peut-être la célébre métaphore de la réplique suivante qui fait du baiser "un point [...] sur l'i du verbe aimer".
De plus la séduction de Roxane par Cyrano ce fait à la fois à travers l'utilisation d'une métaphore filé et d'une gradation. Les vers constituants la seconde réplique de Cyrano sont construits de la même manière? un sbstantif complété par une relative ou un participe, pour conduire Roxane du "serment" au "baiser" qui scelle l'union des deux âmes amoureuses : c'est ainsi qu'un premier vers définit le baiser comme "un serment fait d'un peu plus près" tandis que les derniers vers de la réplique font de lui la traduction charnelle d'une union spirituelle par le biais de métapore qui associent le corps et l'esprit : "se respirer le coeur" et "se goûter, au bord des lèvres l'âme !".
C'est donc en utilisant les finesse de la langue que Cyrano est parvenu a ses fins : conquérir le coeur de Roxane.
II. Un mélange de registre originale
L'originalité de cet scéne repose aussi sur le mélange des registres de langues. En effet, Edmond Rostand nous offre ici des passage comique, lyrique et pathétique.
Dans ce texte le comique apparait à plusieur reprise, une première fois lorseque Roxane rapelle involontairement a Cyrano qu'il est laid : "Et tu es beau comme lui ! - C'est vrai, je suis beau, j'oubliais !". Ensuite lorsque devant les hésitations de Christian, Cyrano répéte : "Monte" à trois reprise. Puis quand Cyrano pousse amicalement Christian afin qu'il monte sur le balcon, en l'apostrophant : "Monte donc, animal !".
Le lyrisme apparait quand Roxane conquise et ému utilise le tutoiment et reprend les comparaison de Cyrano : "cette fleur...Ce goût de coeur...Ce bruit d'abeille...Cet instant d'infini". Puis à travers la dernière réplique de Cyrano oû il nous livre ses sentiments et il nous montre la sincérité de sa passion : "Aïe ! au coeur, quel pincement bizarre ! [...] Elle baise les mots que j'ai dits tout à l'heure !".
Enfin l'opposition entre la beauté morale de Cyrano et sa laideur physique, en fait un personnage pathétique. Cette laideur physique lui interdit l'amour de Roxane et l'oblige à jouer la comédie. Comédie dans laquelle il en oublie qu'il est laid et se sont les propos de Roxane : "Et tu est beau comme lui !" qui le "dégrise" et le ramène à la réalité.
Conclusion
Cyrano, éblouissant de verve, parvient ainsi, dans cette scéne, à séduire Roxane qui tombe littéralement sous le charme des ses mots et laisse Christian lui voler ce baiser qui scelle leur amour. C'est la parole poétique et insoirée du héros qui éléve ainsi Christian au rang s'amant, tandis que Cyrano, qui a permis le bonheur de son rival amoureux, symbolise ici le héros pathétique et même presque tragique? qui émeut le spectateur par son sacrifice à la fois héroïque et désespéré. Cyranoest ici un nouvel avatar de Quasimodo, amoureux désespéré de la belle Esméralda, et dont la laideur physique dissimule la grandeur d'âme, dans Notre-Dame de Paris de Victor Hugo. Mais cette scène est également comique, qui emprunte certains de ces procédés à la farce et l'humour dont Cyrano fait preuve en se moquant de lui-même fait de lui un personnage moderne. In fine, c'est bien ce mélange des registres qui inscrit la pièce d'Edmond Rostand dans la modernité théâtrel.
...