Cyrano de Bergerac, Edmond Rostand, 1897, acte I, scène 4, la tirade du nez
Par Ramy • 21 Novembre 2018 • 2 042 Mots (9 Pages) • 4 540 Vues
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II-Une tirade comique
A) Une tirade structurée
énonciation
- Cyrano fait la demande et la réponse en même tps (annonce le ton employé et
l’illustre par les répliques adéquates). Sorte de parenthèse où le lecteur semble jouer avec lui-même : il exclut son interlocuteur, lui confisque la parole, se récrée un interlocuteur plus spirituel capable de lui donner la réplique.
- effet de dialogue, comme si quelqu’un d’autre avait la parole (deux points après
chaque annonce du ton et guillemets encadrant les répliques).
La grammaire
- 20 unités en 38 vers associant un ton et une remarque. Répétition très
rythmique d’une structure grammaticale : un adjectif annonce le ton (sauf pour la dernière variation introduite par un part présent et occupant presque la totalité du v.40 : « parodiant. Pyrame en un sanglot »). Répétition à la fois (ds le thème du nez et ds la structure) et variété dans le choix des adjectifs.
- variation ds l’alternance des modes : exclamatif (« admiratif » v.30,
« emphatique » v.27, « dramatique » v.29), interrogatif (« curieux » v.10, « lyrique » v.31, « naïf » v.32), impératif (« prévenant » v.18, « tendre » v.20, « militaire » v.37).
- les 20 tons présentés sont très variés : ils qualifient des registres (« lyrique »
v.31, allusion au registre tragique avec « Pyrame » v.40), des registres de langue
(« campagnard » v.35), font allusion à des comportements (« agressif » v.4, « respectueux » v.33, « prévenant » v.18)…
La métrique
- rimes structurent ce passage : 2 mouvements. 1er mouvement jusqu’au ton « pédant »v.22 : les rimes suivies sont à cheval sur des énoncés différents (constitués en distiques la plupart du temps, sauf pour « gracieux », « truculent » et « pédant »). Rôle structurant de la rime qui relie les unités entre elles. Second mouvement : les rimes assurent la cohésion du distique ou bien l’énoncé ne s’étale que sur un vers.
- tirade structurée par les sonorités : rimes intérieures (« hé, ardé », « nez »,
« pointez », « voulez » v.35-38), assonances en [i] v.40, 42, allitérations en [p] et [k] v.5- 10...
B) Le rire
Il y a 2 types de comique: le comique de caractère et le comique des mots, pour le 1er on peut voir des traits de personnalité mise en avant: «naïf» vers 342 «emphatique» vers 337 qui prendront un3 dimension comique lors de la mise en scène.
Pour le second type de comique le comique de mots Cyrano à Raucourt à plusieurs techniques tout d’abord il emploie des mots qu’il invente comme par exemple «Hippocampelephantocamelos» vers 333 formé de 3 animaux, l’hippocampe l’éléphant et le chameau puis après il utilise des termes campagnard comme «ardé» «c'est-y» «nain nain» «quelqu’un» et «ben» vers 345-346
-Un nez qui fait rire
Cyrano à saucisson mais a beaucoup de l’image par le biais de deux figures de style l’hyperbole et la métaphore.Définitions: Hyperbole: exagération d’une idée ou d’une réalité le plus souvent négatif afin de la mettre en relief. Métaphore: figure de style par laquelle on distingue un terme à un ensemble de terme ou une idée par un autre terme ou un autre ensemble de terme qui signifie normalement autre chose. Ici hyperbole insiste sur l’aspect hors norme du nez grâce à des accumulation et gradation lors de l’énonciation de Cyrano «roc» «pic» «cap» et «péninsule» vers 318-319. Quant à la métaphore on peut observer que le nez banal le Cyrano devient d’un coup plus poétique grâce à des allusions comme «cheminée» vers 327 «melon nain» vers 346 «mer rouge» vers 339 «feu» vers 345. Ces représentations de grotesque font rire et la laideur du nez devient comique
C) L’émotion derrière le rire
- significatif que tirade des nez proprement dite se termine sur cette évocation
v.40-42. Tragédie, référence à la mort de Pyrame et de Thisbé. Amr impossible
- évocation d’un visage défiguré : « traits » v.41, « a détruit l’harmonie » v.42. Personnification du nez : réaction de honte devant ce qu’il a causé (« en rougit » v.42). Accusation portée : « le traître ! ». Laideur de Cyrano est un objet de dérision (« parodiant »v.40 avec diérèse : imiter pour faire rire).
- ma présence du terme « sanglot » v.40 placé à la rime : annonce le thème de la
tristesse, de la douleur. Émotion se laisse deviner derrière le rire.
- le rire ici est une manière d’éviter de souffrir (et de révéler par là de façon
masquée que ce nez est objet de souffrance) : on se moque de soi avant que les autres ne le fassent (« Je me les sers moi-même […]. Mais je ne permets pas qu’un autre me les serve » v.53-54). Montrer qu’on ne souffre pas de la moquerie.
- interprétation pathétique que metteurs en scène ont souvent occultée.
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La tirade du nez est une pièce comique qui possède une utilité dramaturgique qui est ni supprimable et ni déplaçable. Cette extrait de pièce joue un rôle majeur dans l’acte d’exposition, c’est une scène qui permet au personnages principales de se mettre en valeur, et qui sert à faire oublier se laideur grâce à une maîtrise du langage soutenue. Cependant qui est un premier contact avec un héro.
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