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Droit de révolte introduction

Par   •  8 Juillet 2018  •  1 211 Mots (5 Pages)  •  553 Vues

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cette

perspective ce n’est pas le pouvoir naturel qui précède l’obéissance en la

conditionnant, mais c’est, à l’inverse, le consentement ou l’accord des individus,

dotés de droits naturels, qui précède le pouvoir en l’instituant. La question qu’il

faudrait alors se poser est la suivante : le peuple ou plutôt les individus donnent-ils,

par consentement, tout à l’Etat ou gardent-il en réserve le droit de se révolter ?

Admettons que le peuple se réserve le droit de révolte : le problème c’est qu’on ne

peut pas être à la fois juge et partie. Tout d’abord parce que personne ne peut être

dans un cas litigieux juge et partie. En effet, si, par exemple, l’on remet au peuple le

droit de déterminer quand il faut obéir à la loi et quand il ne le faut pas, on prend le

risque que la situation ne soit pas normale, qu’elle soit biaisée. S’il est vrai que le

pouvoir revient à dire ce qu’est la loi, ou plutôt si le pouvoir consiste à dire ce qui

doit être ou non, alors le peuple souverain, à qui revient le droit de déterminer

l’infraction, dira soit qu’il n’y a jamais d’infraction à la loi, soit que tout est

infraction à la loi. Dans les deux cas ce serait le chaos. En ce sens poser la question

du droit de révolte suppose qu’on s’interroge non pas seulement sur les fondements

du droit mais aussi sur les fondements de l’Etat de droit. En termes philosophiques

on se demandera donc sur quelle base se fera le « contrat social » sur lequel repose

tout pouvoir institué ? Il y a donc sens à se demander si la révolte peut être

considérée comme un droit si son exercice doit en passer par la négation même du

droit en vigueur. Or, selon toute apparence le droit ne peut que refuser sa propre

négation. En un premier temps donc il y a sens à supposer que la révolte ne peut

être tenue pour un droit mais sa négation.

Pourtant ce genre de réponse ne suffit pas à résoudre le problème mais elle en

précise les termes. En fait, ne faudrait-il pas plutôt tenir la révolte pour l’acte

originaire par lequel s’institue véritablement du droit ? Et un ordre juridique et

étatique qui ne se maintiendrait que par le moyen de la violence ne peut-il être

réputé illégitime ? En ce sens ne peut-il être contesté par le peuple ? En effet, un

pouvoir qui ne s’exercerait que par la force ou la violence nue ne relève pas du

droit, c’en est même la négation radicale. Il n’y aurait donc pas de sens à parler

d’un « droit du plus fort », puisqu’il n’existe aucun droit susceptible d’être légitimé

par la force ou la violence. Le droit ne peut tirer sa légitimité ni de la force, ni de

la violence. Puisque la force sans le droit n’est que violence on ne peut attendre de

la force seule qu’elle rende acceptable le droit. De sorte que la révolte contre

l’exercice de la force brute représente le premier acte vers la conquête d’un Etat de

droit véritablement légitime. En renversant le droit illégitime, la révolte marque

l’entrée dans la légitimité du droit, ou plutôt c’est le premier de tous les droits

puisqu’elle constitue l’acte d’institution originaire du droit. La révolte serait donc

non pas seulement un droit naturel mais surtout celui sur lequel vient reposer

entièrement le droit institué comme tel. Pourtant, comment faire la différence entre

la révolte et l’exercice de la violence si toute révolte passe par une sorte de violence

instituante, une sorte de violence fondamentale ? Ou plutôt en tant qu’acte violent

peut-on encore tenir la révolte pour un droit ? N’y a-t-il pas contradiction entre

droit et violence, révolte et droit ?

Nous sommes donc face à un problème puisque chaque réponse envisagée renvoie

systématiquement à son contraire.

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