Phédon, Platon.
Par Ninoka • 4 Juillet 2018 • 1 717 Mots (7 Pages) • 481 Vues
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L'âme, quand elle est concentrée dans son intériorité n'est donc plus errante. Elle n'est pas dans l'hésitation, elle ne se perd plus dans ce qui change de façon continue, "elle reste toujours semblablement même qu'elle-même" (lignes 14-15). Platon laisse entendre que c'est donc en se détachant du corps et du sensible que l'âme trouve finalement ce qui la stabilise et l'accomplit. La réalité de l'âme est tout autre que celle du corps, c'est la raison pour laquelle Platon peut concevoir que l'âme ait une « vie intérieure » (des représentations mentales) sans avoir recours aux sensations corporelles.
"Cet état de l'âme", Socrate tombe d'accord avec son interlocuteur pour le définir par "la pensée" (lignes 15-16). L'intelligible, c'est-à-dire ce que l'âme conçoit à l'intérieur d'elle-même, c'est ce qu'elle pense. L'âme est donc selon Platon un intellect, ce par quoi l'homme se donne à voir les choses en les approchant par la pensée et non par le corps. Ces choses sont donc d'une nature différente de celles que nous connaissons par nos sens, car elles ne sont pas incarnées. Bien au contraire, elles sont universelles et, en cela, accessibles à tous par la pensée.
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(Conclusion)
Au terme de notre étude, nous avons vu que pour Platon l'âme peut connaître les choses par le corps, mais elle s'éloigne de ce qu'elle est en elle-même, car elle est alors placée dans le domaine des sens, du sensible, de ce qui varie constamment. Elle peut également connaître les choses d'elle-même par la pensée et, en cela, elle se retrouve dans le lieu de l'intelligible, de ce qui est toujours et demeure identique à soi-même. Platon met en place cette distinction de l'âme et du corps pour montrer en quoi les deux s'opposent. Il a surtout en tête d'exposer une idée chère à Socrate : le corps est voué à disparaître par ce qu'il évolue constamment, en revanche, l'âme ne bouge pas, elle est immortelle.
Remarques en complément de l'analyse du texte :
Le Phédon, dialogue de Platon, a pour thème la mort de Socrate. Ce dernier a été condamné à boire la ciguë (poison mortel) car il a été reconnu coupable de ses chefs principaux d'accusation : à savoir être impi envers les dieux de la Cité et corrompre la jeunesse.
Platon, dans ce texte, nous présentes les grandes lignes de la pensée de son maître. Ce dialogue a lieu dans la prison dans laquelle est confiné Socrate après sa condamnation à mort.
Socrate est dans sa cellule et un certains nombres d'amis viennent lui rendre visite (Criton, Simmias et Cébès). Socrate entame un discours sur le fait que le suicide est mauvais, car l'âme humaine est, selon lui, immortelle. Contrairement au corps qui est périssable, celle-ci demeure toujours. Le vrai philosophe doit donc attendre la mort et non la provoquer.
La thèse de l’immortalité de l’âme sera exposée en quatre temps :
1- l'argument des opposés :
Tout vient de son contraire. Par exemple, un grand homme ne devient grand que parce qu’il était petit avant. De même, la mort n’existe que pour ce qui est vivant, et vice versa. Cela implique un cycle perpétuel de la vie et la mort.
2- la théorie de la réminiscence :
Selon Socrate, l'âme immortelle oublie ses connaissances, lorsqu'elle s'incarne dans le corps humain. Ses connaissances ne sont pas "perdues", elles ne sont seulement plus présentes à l'esprit qui, conjugué à un corps, est amené à se préoccuper d'autres choses. Socrate se voit, à l'instar de sa mère, comme une sage-femme, qui aiderait non pas à mettre au monde des enfants mais à accoucher les âmes de ce qu'elles ont en elles mais qui se trouve enfoui. L'âme est donc amené à pouvoir se remémorer ses connaissances si elle y est préparée.
3- l’argument de l’immatérialité :
Socrate établit une distinction entre les choses qui sont immatérielles, invisibles et immortelles et celles qui sont matérielles, visibles et périssable.
Le corps est du second type, tandis que l’âme est de la première espèce. Par conséquent, l’âme est immortelle et survit à la mort du corps.
4- la théorie des Formes et de la participation :
Derrière les apparences du monde existent, selon Socrate, les causes de ces apparences (autrement dit les Formes), lesquelles sont immuables et intelligibles (ex : il existe au monde une chose que nous appelons lit, mais pour Socrate (et Platon) il réside quelque part une Forme (ou une Idée) du lit qui est la raison d'être de toutes les autres représentations que l'on rencontre.
Toutes les choses apparentes possèdent leurs qualités à travers leur participation aux Formes.
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