La naturalisation des performances sportives
Par Raze • 13 Septembre 2018 • 1 041 Mots (5 Pages) • 542 Vues
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L’armée renforce encore cette différence des diffusions sportives. Dans le cas du Maroc, l’armée permet aux populations de gagner la métropole ; les tirailleurs y forment des équipes de crossmen et ont accès à des conditions d’entrainement spécifiques. Etant plus imprégnés de la culture de la course, et entrainés dans de bonnes conditions, ces tirailleurs forment donc à compter des années 30, l’élite sportive française dans ce domaine.
Ce succès va être utilisé par des leaders marocains indépendantistes comme marque de l’égalité ou même de la supériorité (jusqu’à un certain point) des colonisés sur les colons. Ces leaders saisissent donc l’importance et le potentiel de la course au sein de leur population. Avant et après l’indépendance, le sport est utilisé comme symbole de puissance et de réussite et permet d’affirmer les populations en tant que population indépendante.
C’est ainsi que l’on voit émerger des systèmes financés par l’état de détection, sélection et formation d’athlètes dans les ex colonies française.
La contribution coloniale a donc permis l’émergence sur la scène internationale des populations colonisées en créant et en diffusant une culture sportive, en structurants sa pratique et en permettant un premier accès aux compétitions officielles.
3° Expliquez l’expression : « Le succès sportif procède d’une double construction sociale »
Si les athlètes africains peuvent aussi bien réussir, cela résulte tant en une logique sociale de double construction. En effet le sport peut être envisagé comme un marché où l’offre et la demande sont à prendre à compte. Si ce marché est souvent dit « pur », c’est-à-dire répondant à une loi de concurrence pure et parfaite dans lequel les meilleurs sortiraient simplement du lot, cela n’est qu’une simplification grotesque de la réalité.
Au fil des années, comme nous l’avons vu précédemment, les populations africaines ont eu le loisir de se spécialiser dans la production de sportifs qualifiés ; ces sportifs, conditionnés pour devenir professionnels forment donc une grande partie de l’offre sur le marché international de la course.
D’autre part, cette discipline observe une professionnalisation de sa pratique et demande désormais un style de vie particulier et exigeant à ses pratiquants s’ils veulent avoir une chance de concourir sur la scène internationale.
Au fur à mesure de cette professionnalisation, on observe un déclin dans la pratique des populations européennes et nord-américaine qui ne voient aucun avantage à se confronter à la nouvelle difficulté du marché sportif tandis que les coureurs africains « socialement préparés » (parfois repérés jeunes et entrainés toute leur vie à ce but) sont de plus en plus nombreux à postuler.
De par ces deux constructions sociales, un remplacement de l’élite sportive s’opère au fil du temps ; les coureurs occidentaux s’effacent donc au profit des coureurs africains.
L’expression : « le succès sportif procède d’une double construction sociale » explique simplement ce phénomène de construction sociale de l’offre et de construction sociale de la demande.
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