Introduction à la science politique

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La science politique étudie un phénomène complexe qui est la politique dont la compréhension n’est pas aisée. Chacun l’appréhende selon la représentation qu’il entend lui donner. Mais pour cerner la notion de politique, il est important de visiter toutes les nuances sémantiques qui l’entourent, mais également de révéler la posture de l’analyse qui est celle du spécialiste de la science politique. Mais d’ordinaire, l’on devrait définir la politique pour la distinguer du fait social.

SECTION I : LES NUANCES SEMANTIQUES DU CONCEPT POLITIQUE

Pour appréhender le concept politique, l’on peut choisir deux entrées possibles : une entrée qui établie le nécessaire lien entre le pouvoir et la communauté, et une autre entrée qui consiste à décliner toutes les conceptions du mot politique, qu’il soit au masculin au féminin ou au pluriel.

- LE NECESSAIRE LIEN ENTRE LE POUVOIR ET LA COMMUNAUTE FONDE LE POLITIQUE

La politique ne peut se concevoir que dans une société organisée. Max Weber parle de groupement politique pour désigner cette communauté. Selon Max Weber « tout groupement est politique tant que son existence et la validité de ses règlements sont garantis de façon continue à l’intérieur d’un espace déterminable pour l’application de la menace de la contrainte physique de la part de la direction administrative ». C’est dire que le groupement politique repose sur le pouvoir suprême qui implique la menace ou l’emploi de la violence physique sur l’ensemble des personnes habitants ce gouvernement. Cette définition se rapproche de celle d’Aristote qui exprime l’idée de communauté, de capacité d’action collective et possibilité de coordination de conduites individuelles vers les fins jugées utiles pour la communauté. Le vocable politique ici renvoie à la vie en communauté ou vivre ensemble. C’est dire qu’il y a politique lorsqu’il y a possibilité d’action collective. Ceci est fondé sur l’idée qu’il n’y a pas de société sans pouvoir c'est-à-dire, sans politique. Pour cette raison, Max Weber distingue trois types de dominations politiques correspondants à chaque type de société ou de légitimité de celui qui exerce le pouvoir.

Le premier type de domination est la domination légale rationnelle ou légitimité légale rationnelle. C’est une domination qui correspond aux Etats modernes. Elle suppose que le pouvoir n’est pas personnalisé mais institutionnalisé. L’institutionnalisation à parties liées avec un texte solennel dans lequel sont consignées les règles d’accession au pouvoir, d’exercice du pouvoir et de transmission de celui-ci. Le pouvoir du Président de la République est fondé sur la Constitution c'est-à-dire qu’il tire sa légitimité en terme de statut et de pouvoir de la Constitution, c'est-à-dire la loi fondamentale de l’Etat. La succession obéit à ses règles et la dévolution du pouvoir ne se fait pas de père en fils. La dimension rationnelle de cette domination tient à l’ensemble des institutions spécialisées qui permettent le fonctionnement de l’Etat.

Le deuxième type de légitimité défini par Max Weber est la légitimité ou la domination traditionnelle. Celle-ci correspond pour l’essentiel aux sociétés historiques : les monarchies absolues ou constitutionnelles, l’Empire ou Seigneurie, les chefferies traditionnelles. Dans ce type de domination, il n’y a pas un texte écrit qui contient les règles d’accession et de transmission du pouvoir. Elle correspond à la société orale. Dans ce type de société, la domination politique est fondée sur la tradition, les us et coutumes transmis de générations en générations et sur lesquels se réfère le Roi ou le Chef traditionnel pour exercer le pouvoir. La domination traditionnelle institue un régime de confusion du pouvoir. Tous les pouvoirs sont d’ordinaire concentrés entre les mains du chef ou du Roi selon les variantes de la domination politique. Très souvent dans les chefferies grasfields du Cameroun, les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire sont l’apanage du Chef. C’est aussi un régime de personnification du pouvoir c'est-à-dire un régime qui marque un attachement effectif à la personne du Roi. Ce type de domination est en disparition, il ne reste que quelques vestiges historiques où le Chef ou le Roi n’exerce plus qu’un pouvoir résiduel. Cette disparition est due à l’avènement de l’Etat moderne qui dans le processus de sa constitution a capté les deux monopoles constitutifs de l’Etat c'est-à-dire le monopole militaire et le monopole fiscal.

La domination charismatique quant à elle, ne correspond pas très nettement à une société particulière. Ce mot vient de charisma qui veut dire dons exceptionnel qui permet à un leader de diriger sans menace de recours à la force.

La deuxième entrée est celles de l’acception du mot politique selon ses différentes déclinaisons.

- LE POLITIQUE

Le politique ici se rapporte à l’ordre politique ou au champ politique. Il a trait à la dimension politique d’une société. Ainsi, le politique dans la Grèce antique avait trait à la cité, à la police. De nos jours il a trait à la communauté politique, au régime politique ou à l’Etat. Le politique se rapporte à la notion de polity.

Pour Claude Le Fort, le politique est imminent à la société c’est à dire il est essentiel à la société car il exerce trois fonctions à savoir : la fonction d’intégration sociale, la fonction de maintien de l’ordre, la fonction de définition de l’axiologie de représentation de finalités et de valeurs. Donc il va de soi que si le politique n’existe pas, il n’y a pas ce que Renant a appelé le vouloir vivre collectif. Cette façon de concevoir le politique est une conception nobles qui s’accorde avec la conception Aristoticienne parce qu’elle recherche le vouloir vivre collectif car, dans la conception d’Aristote, la politique est l’art du commandement social, l’activité pacificatrice permettant à une société divisée de s’ordonner à une finalité supérieure, qui est celle de la vie en communauté.

- LA POLITIQUE

La politique est désignée ici comme l’activité des politiciens c'est-à-dire des professionnels qui animent la vie politique. Dans la terminologie anglaise, elle correspond au vocable politics. Lorsqu’un citoyen signe une pétition pour contester la politique gouvernementale, ou l’activité d’un représentant syndical qui agit au nom