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Parole et pouvoir.

Par   •  25 Novembre 2017  •  1 535 Mots (7 Pages)  •  1 233 Vues

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Si nous vivons dans un monde où les discours manipulateurs foisonnent et où la fonction primordiale de la parole est pervertie il faut quand même contrecarrer le pouvoir de la parole manipulatrice par un autre pouvoir à savoir celui d’une parole plus humaine et plus éthique. Dans son Éloge de la parole, Philippe Breton dit que « la parole humaine contient potentiellement, depuis l’origine, la possibilité d’être au service de plus d’humanité, d’un lien social plus symétrique, plus respectueux de l’autre et plus doux à vivre ».

La parole recèle un pouvoir insoupçonnable et surtout dangereux surtout si elle est utilisée pour blesser et nuire à autrui : « Les mots sont des pistolets chargés » affirme Brice Parain.

Faire recours à l’insulte est d’après Schopenhauer un signe de faiblesse car il est une manière de cacher son incapacité de convaincre par la raison, il est donc un stratagème qu’emploie le perdant pour offenser son adversaire quand il se rend compte qu’il a perdu la partie. Schopenhauer dit dans ce sens que : « Si l’on s’aperçoit que son adversaire est supérieur et qu’on va perdre la partie, que l’on prenne un ton personnel, offensant, grossier. Devenir personnel, cela consiste à passer de l’objet du débat (puisqu’on a perdu la partie) au contradicteur lui-même et à s’en prendre à sa personne […] ».

Pourtant, il ne faut pas perdre de vue que cette parole qui blesse et cause du tort, peut être en même temps le moyen de soigner ses maux et de se soulager du poids de ses problèmes, soucis et angoisses. « Souvent en nous-mêmes résident les remèdes que nous attribuons au ciel » affirme Shakespeare. La parole a une dimension et fonction thérapeutique. La psychanalyse repose sur la parole comme moyen efficace pour soigner certains troubles psychologiques ou névroses. « Tous les chagrins sont supportables si on en fait un conte ou si on les raconte » affirme Isak Dinesen. Et le père de la méthode psychanalytique Freud disait que « ce qui l'on ne dit pas avec des mots, on l'exprime par des maux ».

La politique demeure le domaine où le rapport entre parole et pouvoir est le plus évident. Giglione définit le discours politique comme un "discours d’influence produit dans un monde social" visant à "agir sur l’autre pour le faire agir, le faire penser, le faire croire".

Le discours politique est souvent loin d’être spontané car il est préparé d’avance, investissant des clichés et des lieux communs et des mots et des registres qui visent à renforcer le sentiment patriotique, à capter l’auditoire et à le pousser à agir.

Machiavel n’a-t-il pas affirmé que le but du prince est de conquérir et de conserver le pouvoir, la prise de parole est une forme symbolique et préalable de prise de pouvoir.

Pour que la parole fasse effet, il faut que l’interlocuteur soit disposé à être influencé. Dans son livre Ce que parler veut dire, Pierre Bourdieu dit que : «L'efficacité symbolique des mots ne s'exerce jamais que dans la mesure où celui qui la subit reconnaît celui qui l'exerce comme fondé à l'exercer ou, ce qui revient au même, s'oublie et s'ignore, en s'y soumettant, comme ayant contribué, par la reconnaissance qu'il lui accorde, à la fonder ».

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