Essays.club - Dissertations, travaux de recherche, examens, fiches de lecture, BAC, notes de recherche et mémoires
Recherche

Typologie de carrières à Mc Donald’s

Par   •  9 Novembre 2018  •  4 627 Mots (19 Pages)  •  421 Vues

Page 1 sur 19

...

pour le franchisé d’offrir des promotions à certains de ses équipiers, Julie fait partie du bon wagon et devient manager deux ans après avoir été embauché. Le bulletin de paie connaît enfin une valorisation mais le travail est beaucoup plus exigeant, avec des journées de travail chargées, des responsabilités accrues et des comptes à rendre au franchisé qui n’est pas toujours très tendre. Objectivement, la fonction de manager ne présente pas beaucoup d’avantages ; Julie est payée 8.5 heures par jour alors qu’elle peut rester près de 10 heures sur le terrain, au travail exigé par la fonction s’ajoute des heures de révision pour préparer les concours internes au mc do qui ont lieu plusieurs fois par an.

Les opportunités de carrière proposées dans la restauration rapide représentent une aubaine pour des jeunes habituellement reléguées dans des emplois à faible responsabilité. Julie s’est investie entièrement dans son travail pour oublier ses échecs passés et pour se revaloriser socialement : à la honte d’être équipière s’est substituée la fierté d’être manager. Son avenir se conjuguera encore avec Mc Donald’s, car elle compte tout faire pour devenir in fine directrice de restaurant.

« C’est clair que j’en chie parfois mais au moins maintenant je sais quoi faire de ma vie. Avant mc do, je n’étais rien, une fille qui avait un bac pro sans emploi, maintenant je suis manager, j’ai une perspective de carrière, tout va bien dans le meilleur du monde. » Julie, 22 ans, manager travaillant depuis deux ans et demi.

Mais combien coûte cette adhésion ? Faut-il faire des sacrifices pour se voir confier des responsabilités ? Peut on concilier une vie familiale et une réussite professionnelle ? Nous savons que les organisations comptent sur une mobilisation complète de leurs employés, notamment les dirigeants qui doivent s’engager corps et âme. Ainsi, quand nous lui demandons si elle envisage des relations amoureuses stables, voila ce qu’elle nous répond.

« Mc do, il faut être à fond. Quand tu débauches à une heure du mat’, forcément s’il y a quelqu’un qui t’attend, tu passes beaucoup moins de temps à t’investir dans ton travail que si t’étais tout seul. Je pense que c’est super chaud d’avoir une vie en couple et mc do. Tu bosses le soir, le dimanche, les jours de repos qui changent tout le temps, c’est pas possible de gérer tout. Si t’as quelqu’un qui t’attend, tu vas hésiter à faire des heures en plus.» Julie, 22 ans, manager travaillant depuis deux ans et demi.

Le prix de l’adhésion est perçu comme une conséquence quasi mécanique de la nature même du travail ; il n’y pas de vice de la part de l’organisation, ceux qui aspirent à une promotion savent à quoi s’attendre et sont prêts psychologiquement à s’engager pleinement. L’adhésion à l’organisation est totale, comme nous pouvons le voir avec les équipiers non retenus malgré une période d’essai et de formation au poste de manager. En effet, au lieu d’être démoralisé et de rejeter cette organisation qui ne veut pas d’eux, leur motivation se trouve décuplée, le besoin de reconnaissance devient presque une « drogue », dans le sens où ils sont prêts à tout pour l’avoir. Un équipier a du attendre trois ans après sa période d’essai non concluante pour enfin devenir manager.

La promotion interne est statistiquement rare si nous rapportons le nombre de promus au nombre d’employés, son omniprésence dans le discours managériale ne traduit donc pas une réalité. La plupart des équipiers n’envisagent pas une ascension au sein de l’entreprise mais comptent utiliser ce travail pour atteindre des buts fixés à l’avance, comme la poursuite de leurs études, trouver un emploi stable, payer son permis de conduire, etc.

2) Mc do perçu comme une passerelle

Ce type de carrière pourrait être considéré comme idéal, dans le sens où il correspond aux attentes de la plupart des employés postulant dans la restauration rapide, c’est-à-dire un travail perçu qu’au travers de ce qu’il permet d’entrevoir derrière, un moyen mis au service d’une fin. Le vécu de ces jeunes est différent selon le temps qu’il reste dans l’organisation, selon le degré d’intégration et d’incorporation à l’organisation.

Pour ceux qui restent pour une période courte, c’est-à-dire moins de trois mois comme les lycéens qui y passent leurs vacances scolaires par exemple, l’expérience est jugée positivement. Cette période correspond à l’intégration au groupe d’employés ; par conséquent, ces personnes retiennent plutôt l’expérience humaine et gardent peu de traces de l’organisation. Pour eux, ce travail ne leur a pas beaucoup apporté, mis à part des nouvelles amitiés et de bons souvenirs. Les mauvais côtés du boulot d’équiper ne sont pas niés mais sont considérés comme normal, propre au monde du travail, comme nous pouvons le voir avec Fathia.

« Franchement, moi j’ai bien aimé travailler à Mc do, on a bien rigolé quand même et c’est souvent que je revois des filles qui travaillaient avec moi et ça fait toujours plaisir d’en reparler ensemble. On a eu de bons délires ensemble, surtout en close. Après, c’est vrai que le boulot en lui-même est chiant, mais je crois que c’est partout pareil, non ? » Fathia, 20 ans, équipière polyvalente pendant 5 mois.

Pour les personnes qui ont eu le temps d’entrer dans le processus d’incorporation à l’organisation, pour ceux qui ont eu un statut d’ « ancien », l’expérience est totalement différente. Pour atteindre les buts qu’ils poursuivaient, ils ont du lutter contre Mc Donald’s qui se met en concurrence avec les activités extérieures de ses employés. Cela concerne particulièrement les étudiants, qui doutent en leur capacité de réussir et sont parfois tentés par une carrière de manager. Nous avons rencontré Laure, équipière pendant ses longues études, sept années passées à concilier ces deux mondes pour finalement décrocher un emploi en phase avec son niveau, dès l’obtention de son DESS d’urbanisme. Son témoignage nous permet de voir combien elle a du lutter pour imposer ses études comme prioritaire.

«Il y a eu des années qui ont été foirées, j’ai raté des années mais bon après il faut savoir remettre les idées en place quoi ; il faut dire que le mac do moi avant tout j’allais pas y passer ma vie quoi, c’était avant tout les études il faut pas se laisser aller. Mc do ils ont beau attiré les étudiants, ils ne cherchent pas à assurer ta réussite,

...

Télécharger :   txt (28.3 Kb)   pdf (73.1 Kb)   docx (22.4 Kb)  
Voir 18 pages de plus »
Uniquement disponible sur Essays.club