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Risques d’anarchie et d’imposture

Par   •  13 Avril 2018  •  1 666 Mots (7 Pages)  •  379 Vues

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Qu’a-t-il fait dans son entreprise ?

Il a expérimenté à l’instar de Chronoflex la fixation du salaire par les employés eux-mêmes, qui ont demandés pour la plupart une augmentation de 50% de leur revenu. Cette démarche a bien entendu été réalisée collectivement, avec l’ensemble des collaborateurs de l’entreprise présents. Les employés de l’entreprise se sont alors autorégulés après quelques effusions :”Tu penses vraiment que tu mérites une pareille augmentation ?”...

“D’une hiérarchie de pouvoir, on passe à une structure d’influence” ce sont ces termes pour définir la nouvelle organisation du travail dans sa société. “Le leader varie en fonction des projets et des collègues”. Chacun s’associe avec celui qu’il considère comme un leader, la personne qu’il a envie de suivre

Une grande flexibilité au travail avec la possibilité de travailler à domicile pour ceux qui le souhaitent.

Ce qui définit réellement pour lui le concept d’entreprise libérée en dépit de tous les processus et méthodes déclinée dans les articles scientifiques, c’est la capacité qu’a l’entreprise à se libérer émotionnellement, à partager ses passions, ses humeurs, à lier entreprise et vie. Il raconte l’anecdote de leur page Google + sur laquelle chaque collaborateur de l’entreprise peut partager ses humeurs, photos, fiertés et réussites.

Témoignage de Gilles

Le témoignage de Gilles, ancien dirigeant dans la société qui l’employait et qui a décidé de développer le modèle libéré. Il nous révèle l’envers du décor, ce qu’il a vécu en tant que personne et nous livre son sentiment profond au regard de cette tendance « humaniste » il le rappelle.

Merci François pour ce billet – de mon point de vue, davantage ancré dans la réalité qu’exagéré. Mon expérience est celle d’un ex-directeur opérationnel qui a assisté à la « libération” de l’entreprise qui l’employait, une entreprise que vous ne citez pas dans votre article mais dont les parutions dans la presse et les conférences sont aussi nombreuses que les louanges auxquelles nous assistons depuis quelques années.

Dans un contexte difficile, des volumes d’activité en baisse, des actionnaires à rémunérer (c’est toujours le sujet central bien peu abordé par les consultants, le nerf de la guerre), des coupes drastiques dans les budgets ont été menées, jusqu’à l’apparition et la mise en place de l’entreprise libérée… Tadam.

Sur le papier, il est difficile d’être contre l’entreprise libérée, c’est là la grande perversité du système. Comment s’ériger contre un système profondément « humaniste » dans le propos, un système qui veut “rendre heureux” alors qu’au fond il est profondément malsain, créant au contraire des dissensions extraordinaires entre les services, une forme de pression permanente, dont j’ai retrouvé l’ambiance à la lecture de « seul dans Berlin » : chacun observe l’autre, le plus « positivement », en toute « fraternité” possible pour – au choix :

– prendre des initiatives largement relayées en interne, plaçant chacun dans une perspective de comparaison anxiogène,

– s’enfermer dans une parano pathologique, ceux qui n’adhèrent pas au système doivent partir…

– décider en communauté de l’augmentation de salaire du collègue,

– relayer sur les réseaux sociaux les propos largement édulcorés de la direction ou des communicants de l’entreprise, participer au cynisme en amplifiant les effets heureux de la libération (chers journalistes, arrêtez d’interviewer les dirigeants de ces entreprises et demandez, de façon anonyme aux salariés quels sont les réels changements… j’observe pour ma part que les discours off, avec mes anciens collègues, sont opposés à tout ce qui est annoncé).

Pour mon expérience, le comité de direction auquel je participais, a totalement disparu en moins de 2 ans. Dans un climat de tension extrême, les meilleurs de l’entreprise sont tous partis – dirigeants, managers, employés – un à un (bien entendu, ils ont tous été poussés à le faire (ce qui ne rend pas spécialement heureux) puis accusés de quitter le navire parce que les changements leur “faisaient peur »…). Aucune de ces personnes n’a été remplacée. Ceux qui sont partis aimaient l’entreprise et n’ont pas supporté que le management de l’entreprise soit transféré des cadres et dirigeants à toute une flopée de consultants “spécialistes en entreprise libérée” qui ont fait leur publicité sur un cobaye bien crédule…

La perversité du système c’est qu’il n’y a pas d’emploi ailleurs, que la peur du chômage oblige bon nombre de salariés à suivre la « vision » de l’entreprise, à accepter la « pression des pairs », à jouer, que dis-je à surdoué l’engagement… et parfois, le plus simple pour ne pas trop souffrir d’être conscient de la manipulation, de l’écart formidable entre la réalité du terrain, annoncée partout, et la version des conférences, c’est de participer soi-même à l’élan, en s’enfermant dans un discours mensonger dont le seul atout est de nous écarter de la réalité terrifiante. Voilà à quoi j’ai assisté, voilà à quoi j’ai renoncé et voilà ce que j’observe chez mes ex-collègues, qui 3 ans après mon départ ont vu leurs effectifs diminuer de 15 à 20%… pour un motif économique.

http://www.parlonsrh.com/entreprise-liberee-entre-communication-et-imposture

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