Pourquoi et comment la BCE agit-elle sur la masse monétaire?
Par Ninoka • 2 Juillet 2018 • 2 632 Mots (11 Pages) • 639 Vues
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Ainsi, une hausse (politique monétaire restrictive)ou une baisse des taux directeurs(politique monétaire accommodante) a une incidence sur les taux des prêts bancaires qui répercutent la variation, si la hausse ou la baisse est rapide, elle freine ou accélère les demandes de crédits et donc les investissements et les emplois.
Pour renforcer l'efficacité de sa politique des taux directeurs, la banque centrale européenne s'appuie sur le système des réserves obligatoires rémunérées.
2/ Les réserves obligatoires:
Les banques doivent déposer à la banque centrale une part des dépôts provenant de leurs clients.
Le montant des réserves obligatoires est calculé sur une période de six semaines environ ce qui permet:
> de stabiliser le taux du marché interbancaire :
A condition de respecter leur obligation en moyenne sur la période, les banques peuvent faire fluctuer le montant déposé sur leur compte à la banque centrale selon l'évolution du taux de l'Eonia.
Ainsi si le taux de l'Eonia est élevé un jour, une banque peut décider de prêter la totalité de ses réserves centrales sur le marché interbancaire, ce qui exercera une pression à la baisse sur le taux interbancaire.
> d'augmenter l'efficacité de la transmission des taux directeurs au reste de l'économie :
La ponction exercée sur les liquidités du marché augmente le besoin d'emprunt des banques commerciales ce qui donne de facto plus d'influence aux taux directeurs.
Toutefois, cette politique conventionnelle a montré ces limites notamment en période de désinflation avec risque déflationniste. En effet, toute tentative de baisser les taux d'intérêt nominaux à un taux inférieur à zéro serait voué à l'échec, les agents économiques préférant détenir des espèces plutôt que de prêter ou déposer leurs fonds à un taux négatif.(comme la Suisse en 2016).
Aussi, afin de restaurer des conditions adéquates de transmission de la politique monétaire, l’Eurosystème a mis en œuvre depuis 2014 des mesures de politique monétaire non-conventionnelles.
B: Les instruments de politique monétaire non conventionnelle :
Complétant une politique de taux particulièrement accommodante (taux de refinancement à 0% et taux de la facilité de dépôt en territoire négatif) et une allocation pleine et entière des opérations de refinancement, ces mesures non-conventionnelles ont pris les deux formes suivantes:
1/Les programme d'achat d'actifs :
Dans un contexte marqué par une détérioration des perspectives d’inflation de moyen terme dans la zone euro, le Conseil des Gouverneurs de la BCE a mis en place depuis octobre 2014 une série de mesures non conventionnelles de politique monétaire sous forme de plusieurs programmes d’achats d’actifs financiers portant sur des montants très importants.
Les achats d’actifs de l’Eurosystème contribuent à un nouvel assouplissement des conditions monétaires et financières, afin de réduire le coût de l’accès au financement des entreprises et des ménages. Ces mesures non conventionnelles ont pour but de soutenir l’investissement et la consommation et de contribuer, in fine, à un retour de l’inflation vers un niveau inférieur mais proche de 2 %.
Les volumes des achats de titres, d’émetteurs publics comme privés, effectués par l’Eurosystème s’établissent à 80Mds€ par mois depuis mars 2016 et se répartissent entre quatre programmes ciblés :
- un programme d’achat d’obligations sécurisées de banque débuté le 20 octobre 2014 ;
- un programme d’achats de titres adossés à des actifs engagé le 21 novembre 2014;
- un programme d’achat de titres du secteur public débuté le 09 mars 2015 ;
- un programme d’achat d’obligations émises par les entreprises de la zone euro.
Les achats de titres de l’Eurosystème seront conduits jusqu’à fin mars 2017.
Ces programmes d’achats d’actifs sont conduits conformément au principe de décentralisation, les banques centrales nationales intervenant directement sur les marchés pour le compte de l'Eurosystème.
Ce système a permis notamment pendant la crise de subprimes de transférer les risques d'investissement des banques commerciales à la BCE tout en leur permettant de retrouver des liquidités pour continuer l'activité de crédit.
Ainsi en achetant des Bons du Trésor aux banques commerciales, ces dernières vont pouvoir reconstituer leurs réserves et donc refinancer d'autres besoins. Si l'ensemble des nouveaux crédits est supérieur à l'ensemble des remboursements de crédits, il y aura une création nette de masse monétaire.
2/Les opérations de refinancement ciblées à long terme(TLTRO)
Afin de stimuler la distribution des crédits dans la zone euro, l'Eurosystème a mise en place des opérations ciblées de refinancement à long terme.(targeted long term refinancing operations).
Initiées en septembre 2014 pour une maturité de 4 ans jusqu'au début 2016, les opérations étaient conditionnées à l'atteinte d'objectif de distribution de crédits. Si les banques secondaires n'atteignaient pas cet objectif, elles étaient tenues de rembourser par anticipation l'intégralité de leurs emprunts.
En mars 2016, afin de renforcer de façon significative la politique monétaire accommodante, la BCE a annoncé une série de 4 opérations ciblées dites TLTRO2. Il est notamment prévue que les banques commerciales pourront bénéficier du taux de facilité des dépôts (taux négatif...)si elles augmentent leurs encours de crédits accordés aux entreprises non financières et aux ménages -hors prêt immobilier- de 2,5% entre janvier 2016 et janvier 2018.
L'ensemble des outils à la disposition de la BCE sont impressionnants pour conduire sa politique monétaire, toutefois il semble qu'il comportent des limites dans un marché financier moderne en pleine mutation.
II: Les limites des outils de la politique monétaire
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