Musset - Les nuits
Par Matt • 8 Juillet 2018 • 3 083 Mots (13 Pages) • 364 Vues
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Personnification rend plus claire le lien avec la souffrance du poète, on rapproche le niveau de souffrance du pélican de celui du poète.
2. La réflexion sur l’inspiration du poète : le dialogue du poète avec la muse
=> sorte de dichotomie du poète qui se dédouble : l’homme qui souffre et le poète qui cherche l’inspiration.
Deux positions sont confrontées dans ce texte :
V2 “ laisse-la s’élargir”: selon la muse, pour avoir de l’inspiration le poète doit laisser sa blessure, son désespoir et ses sentiments l’envahir pour être productif.
Le poème présente la condition du poète à travers l’image du pélican
Dans l’apologue du pélican,deux thèmes principaux ressortent : la nature et la douleur qui sont des sujets d’inspiration typiquement romantiques (champ lexical de la nature : mer, océans, rivages, roseaux, roche, cieux, plage,) => majoritairement de l'eau associée au pélican, oiseau marin.
La recherche de nourriture par l’oiseau représente la quête d’inspiration ; l'inspiration est partie “l'océan était vide et la plage déserte” (V.22). La nature n'a plus rien à offrir et donc il n’y a plus d'inspiration.
Quand le poète ne trouve pas d'inspiration dans le monde extérieur ce que représente la quête vaine de nourriture par l’oiseau, alors il “apporte son coeur” l.23, il parle de lui même pour écrire. Il va jusqu'à se sacrifier pour alimenter son oeuvre “se frappant le coeur avec un cri sauvage” l.34.
Champ lexical de la souffrance “endure” (v.1), “désespéré” (v.8)
Les superlatifs “les plus” (v.8) montrent que le degré de souffrance conditionne l’inspiration et la qualité de l’oeuvre. On note l’antithèse “désespérés/beaux”
Antithèse v.26 : ”Partageant à ses fils, … de son amour sublime il berce sa douleur” => aspect maternel, idée que la douleur peut être apaisée dans le partage.
V.47-48”cercle éblouissant”,” goutte de sang”: contradiction entre la beauté et l'horreur, la beauté vient de la souffrance du poète.( là encore, conception romantique : beauté dans l’alliance des contraires)
Dans la dernière strophe, le poète dit que la souffrance l'empêche d’écrire sur sa relation > évocation trop douloureuse “ dur martyre”.
“la briserait comme un roseau” (V.60) > conditionnel (hypothèse)comparaison + symbole lyre = poésie, activité poétique. C'est une référence à sa plume qui risque d’être brisée. Il ne peut donc pas écrire sur sa relation , il s’imagine incapable d’en parler. Cependant,
•Il s'inspire de sa relation avec Georges Sand qu’il évoque de manière indirecte, bien qu’il dise son incapacité à le faire, le poète s’inspire de son expérience...:
L’origine de la souffrance reste vague (emploi d’indéfinis « quel que soit le souci » « une grande douleur », en même temps écho à une réalité précise par le démonstratif « cette blessure »
-”espérances trompées” l.43 > allusion possible aux infidélités de G. Sand mais peut avoir aussi un sens plus large: les désillusion du poète frappé par le mal du siècle
-”j'ai souffert un dur martyre” l.57 champ lexical de la souffrance + emploi du p.composé qui renvoie à un passé proche or le poète a rompu deux mois avant d’écrire ce poème
-”tristesse, oubli, amour,malheur” l.44 > énumération qui associe l’amour et des sentiments malheureux > rappelle relation conflictuelle et rupture avec G. Sand
Il a sans doute fait ces évocations amour /tristesse en lien avec sa relation tumultueuse et passionnée qui à sa fin, l’a profondément anéanti.
Par ailleurs, cette incapacité semble temporaire car
:“La muse “ participe à son inspiration étant donné qu'il entretient dans son poème un dialogue avec elle.Elle l’incite à écrire > emploi d’impératifs
la souffrance qui doit nourrir son inspiration est présentée comme le fruit d’une intervention divine que le poète ne doit pas dédaigner
-”séraphins noirs” l.3 > couleur noire connotée négativement associée au malheur
-”Saintes blessures” l.2 > adj appartenant au voca religieux + nom chp lex souffrance
V5: “rien ne nous rend si grand qu'une si grande douleur “: pour faire partie des plus grands poètes celui-ci doit tirer profit de sa douleur.L’élégie est donc à privilégier.
poète qui refuse les sollicitations de la muse au v. 51 « ne m’en demande pas si long »
v.54 à 60, chant lyrique associé aux temps du passé, v.56 chanter comme un oiseau » fait écho au cri d’agonie du pélican qui déclenche l’effroi v. 34 à 38 qui semble évoquer la manière dont le poète exprimerait sa douleur « cri sauvage » « funèbre adieu » qui n’a rien de mélodieux en apparence.. l’hypothèse des vers 58 à 60 évoque la possibilité de s’inspirer de son « dur martyre » pour en faire un chant lyrique mais est envisagée comme vouée à l’échec ce qu’évoque la métaphore de la lyre brisée.
L’ampleur de sa souffrance est un frein à la création ce que suggèrent 2 choses : la dimension effrayante du cri de l’oiseau, image du poète « cri sauvage, funèbre adieu » et l’impossibilité exprimée par celui-ci à dire sa souffrance sans briser la lyre dans la dernière strophe
Le poète a peur de revivre sa séparation lors des écritures de ses poèmes. La souffrance du poète n'est pas volontaire contrairement au Pélican qui la choisit.
Mai ce refus semble provisoire v.52 53
« à l’heure où souffle l’aquilon » cette métaphore qui évoque la période de la souffrance du poète contient en même temps l’idée d’une fugacité par l’évocation du vent qui finira bien par s’arrêter permettant alors au poète d’écrire à nouveau…
Les deux premiers vers énoncent la thèse romantique de la souffrance comme moteur de la création : "Les chants désespérés sont les chants les plus beaux / Et j'en
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