La double facette du couple dans l'insoutenable légèreté de l'être
Par Orhan • 11 Novembre 2018 • 1 509 Mots (7 Pages) • 401 Vues
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Le personnage de Tereza, quant à elle, recherche un amour romantique et fidèle. On peut voir, qu’il y a une disparité plutôt importante entre ce qu’elle veut et ce qu’elle reçoit de sa relation avec Tomas. En raison de l’opposition amoureuse (entre libertin et passionné) qui habite le personnage de Tomas, Tereza ne se sent pas valorisée, elle qui veut pourtant être regardée comme la meilleure des femmes. Pour montrer la douleur dont elle souffre, Kundera utilise, enconre une fois, la dimension onirique de façon absurde. Malgré ses efforts pour cacher sa solitude et sa souffrance, les rêves de Tereza viennent la trahir par leur explicité : « Un rêve qui revenait souvent, par exemple, c’était le rêve des chats qui lui sautaient au visage et lui plantaient leurs griffes dans la peau. À vrai dire, ce rêve peut facilement s’expliquer : en tchèque, chat est une expression d’argot qui désigne une jolie fille. Tereza se sentait menacée par les femmes, par toutes les femmes. Toutes les femmes étaient les maîtresses potentielles de Tomas, et elle en avait peur.[8] » On peut remarquer que dans ses rêves, elle s’imagine en duel avec « toutes les femmes » qui sont les possibles victimes du libertinage de Tomas. Or, en utilisant la répétition du terme « toutes les femmes », Kundera met l’emphase sur le sentiment de substituabilité que ressent Tereza. Elle croit avoir trouvé en Tomas l’être irremplaçable qu’elle recherche, car « Elle veut être vue comme unique, extraordinaire et indispensable, par une être qui lui aussi est unique, extraordinaire et indispensable. [9]» De plus, les rêves de Tereza qui sont décrits par Kundera sont tous aberrants pour montrer l’absurde divergence qui existe entre ses agissements et ses paroles. En somme, ces deux visions de l’amour ne concordent pas du tout, c’est à se demander :« pourquoi forment-ils un couple ?»
Toutefois, malgré les discordances qui opposent Tereza et Tomas pendant presque tous les chapitres, dans la partie intitulée « le sourire de Karénine », on assiste au dépassement de leurs oppositions et à l’allègement du poids qui leur pèse. Bien qu’il s’agisse d’une partie tragique, il y a une sorte de beauté et de réconfort pour le lecteur dans cette finale qui prend la forme d’une idylle. C’est dans l’agonie de leur chien, Karénine, que le couple se rapproche et qu’il y a un renversement : l’amour pesant qu’éprouve Tereza s’allège lorsqu’elle réalise que son mari vieilli et que personne ne l’aimera comme elle le fait. Il y a dorénavant une réciprocité de leur amour : c’est de la compassion. Ils restent ensemble pour se soutenir dans cette courte vie. Sur un autre plan, on peut remarquer un paradoxe entre le changement psychologique de Tomas et le symbole de fidélité que possède Karénine: c’est comme si dans cet échange avec le chien, dans l’éternel retour qu’est la vie d’un animal, Tomas comprend que le bonheur peut se trouver dans la répétition, dans la fidélité.
En somme, dans L’insoutenable légèreté de l’être, les personnages de Tereza et de Tomas, qui forment un couple, divergent sur plusieurs aspects, dont leurs attentes amoureuses et leurs relations avec leur corps. Cependant, leur exil à la campagne marque la beauté de la plume de Kundera. Dans ce roman tragique et romanesque, l’idylle présentée pour conclure cette œuvre, permet d’alléger la sensation de tristesse vécue par le lecteur. Quelle surprise de voir, en effet, la mécanique de renversement que crée Kundera, car l’idylle n’est pas présentée sous la forme d’un commencement amoureux, mais à l’aboutissement de leur vie. N’est-ce pas pour redonner l’espoir du bonheur aux personnages dans cette vie complexe qu’est le monde humain ?
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