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L'aveu de Phedre à Oenone

Par   •  29 Novembre 2017  •  1 651 Mots (7 Pages)  •  682 Vues

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c) Effet d’attente

L’effet d’attente est mis en place par la répartition de la parole et la construction du texte. Les vers sont coupés, les alexandrins éclatent ce qui transcrit la communication difficile ainsi que la parole douloureuse. La stichomythie qui permet un échange vif augmente la tension dramatique et permet de laisser une plus grande place aux sentiments, agressivité, colère. Elle est redoublée par la fragmentation des alexandrins.

Le paroxysme de cette fragmentation est atteint en 3 répliques « j’aime … » les points de suspensions dramatise la scène et accentue l’effet d’attente. Oenone relance son interrogation « pour qui ? » et Phèdre accouche de 2 périphrases « tu connais ce fil de l’amazone, ce prince si longtemps par moi-même opprimé ? » qui permet un détournement de l’aveu par elle-même.

On assiste à une mise en scène remarquable de la difficulté de l’aveu coupable à travers le trajet d’une parole qui sans cesse se brise et se relance en procédant par à coup. Cette difficulté et la violence des émotions sont misent en relief par une ponctuation forte entre les deux femmes qui ne parlent pas de la même chose. En effet Oenone au début pense que Phèdre est en colère contre Hyppolyte tandis que Phèdre est enfermée dans son rêve et sa culpabilité.

II) l’accablement du corps comme expression de la fatalité amoureuse et tragique

a)la présence du corps

Le dialogue est envahi dans les 10 premiers vers par le champ lexical du corps humain : « force » ; « yeux » ; « genoux » ; « main » ; « front » ; « cheveux ». Ce champs lexical s’articule à celui de l’affliction « abandonne » : « tremblants » ; « pleurs » ; « pèsent » ; « importune » ; « afflige » « nuire » et « nuits ». Phèdre est donc un corps brisé et douloureux qui sort d’une longue réclusion afin de venir sur scène. Sa première réplique donnent à entendre la parole d’un être incapable d’avancer ou de se tenir debout, semblant écrasé par le fardeau de la fatalité.

b) accablement tragique

L’oxymore « que ces voiles me pèsent » exprime l’accablement tragique, tout écrase cette héroïne. Dans cette même intention on peut relever « tout m’afflige et me nuit et conspire à me nuire » qui aspire à la même attention par un parallèle sonore et sémantique.

Phèdre est une victime des Dieux et prisonnière de ses passions et délires amoureux dans lesquels elle rejoint Hyppolyte. Avec la réplique « Dieux ! Que ne suis-je assise à l’ombre des forêts ! Quand pourrai-je, au travers d’une noble poussière, Suivre de l’œil un char fuyant dans la carrière ? »

nous assistons à toute la folie de Phèdre qui égarée traduit sa crise intérieure par une réplique sans logique et le commencement de son aveu. Elle ne maîtrise donc plus ni son corps ni sa pensée car elle a attendue trop longtemps.

c)conclusion de l’aveu

Lorsque la parole se libère l’intensité dramatique est à son comble. Il surgit alors une longue tirade d’un lyrisme violent. La scène de l’aveu où Phèdre apparaît pour la première fois se clôt sur une poésie de la passion qui retrace étape par étape la naissance de cet amour, sa lutte contre celui-ci et son échec. Le rythme se fait lyrique et les métaphores envahissent les vers pour expliquer la cruauté des Dieux qui déchaînent les passions humaines. L’image du feu traduit son intensité avec le champ lexical de la chaleur « feux » ; « brûler » ; « fumer » ; « ardent » ; « flamme » ; « chaleur ». Les tournures exclamatives amplifient l’intensité du drame amoureux.

Phèdre se place en héroïne ni tout à fait coupable ni tout à fait innocente. Ambiguïté de sa posture vient du fait que son aveu demeure involontaire car poussé par sa nourrice. Son innocence lui vient de son désir de pureté, de sa honte et de son père, le soleil, représentatif de la lumière. Néanmoins elle est coupable par sa mère amante d’un taureau et par son amour contre nature.

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