Tirade de Phèdre, son aveu implicite à Hippolyte
Par Ramy • 4 Septembre 2018 • 1 033 Mots (5 Pages) • 852 Vues
...
Si Hippolyte ressemble au jeune Thésée, Phèdre ne s’identifie pas à sa sœur ; en effet certainement pour se faire estimer d’Hippolyte elle dit qu’elle aurait fait mieux qu’un simple fil, qu’elle serai allée avec lui dans le Labyrinthe.
La substitution des personnages permet la création d’un nouveau couple Hippolyte/Phèdre comme le montre le vers 661 : « Et Phèdre au Labyrinthe avec vous ». Phèdre glisse peu à peu du réel au rêve : elle réinvente le passé et donne une nouvelle signification au mythe du Labyrinthe.
On remarque d’abord un déplacement du présent au passé. En effet un changement de temps s’opère au vers 641 où commence l’emploi des imparfaits et des passés simples. Phèdre se rappelle ses souvenirs ou ceux de sa sœur puis montre son regret et sa nostalgie par la série d’interrogations adressée au destin, avec l’utilisation de l’indicatif passé « Pourquoi, sans Hippolyte, Des héros de la Grèce assembla-t-il l’élite ? » (v645-648).
A partir du vers 649, le passé n’est plus seulement évoqué, il est recomposé comme le prouve la fréquence des irréels du passé. Sous la forme conditionnelle (« aurait péri ») ou subjonctive plus-que -parfait (« l’amour m’en eût d’abord inspiré » et « vous eût au Labyrinthe enseigné »), ils construisent la trame de l’histoire d’amour que Phèdre aurait voulu vivre avec Hippolyte.
Dans ce rêve le Labyrinthe a une fonction importante.
Ici, le Labyrinthe prend en plus le sens de Labyrinthe de l’amour. Phèdre voulait donc explorer les méandres de la passion en compagnie d’Hippolyte « du Labyrinthe enseigné les détours » en tant que « compagne du péril ». Le « avec vous » montre que Phèdre a besoin d’Hippolyte pour s’en sortir (« retrouvée ») comme pour sombrer dans la passion interdite (« perdue »).
En rentrant dans ce labyrinthe, Phèdre croit avoir déjà gagner son amour comme le montre le nom « d’amante » qu’elle se donne. Les allitérations en « v et m » du vers 660 « moi-même devant vous j’aurais voulu marcher » rappelle les sonorités de l’association vous/moi comme si leur couple était déjà solidement formé. Mais elle montre finalement qu’elle est consciente que leur relation pourrait ne pas marcher, tel que le symbolise le fait de se retrouver ou de se perdre dans le labyrinthe.
Après avoir gardé si longtemps le silence sur son amour, Phèdre ne peut plus se maîtriser et laisse échapper cet aveu redoutable. Ayant d’abord essayé de faire cette déclaration de façon détournée, elle se laisse emporter par le vertige de son propre discours et rentre dans un véritable délire amoureux qui la pousse à rêver à haute voix et à faire une déclaration directe et non contestable. Néanmoins Hippolyte fait exprès de ne pas comprendre cet aveu, ce qui va pousser Phèdre à un autre aveu, cette fois très explicite.
...