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Lettres persanes, Montesquieu, analyse

Par   •  18 Juin 2018  •  5 189 Mots (21 Pages)  •  914 Vues

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C'est à travers cette fiction de Montesquieu que l'analyse du thème « Les Lettres et la Société au tournant du XVIII ème siècle » va être approfondie.

Pour cela, les thématiques du voyage, de la forme épistolaire et de la critique sociale seront les trois points de réflexions de ce travail. Nous verrons en quoi le voyage peut être l'interprétation de notre identité, à travers l'éxotisme, l'orientisme, le goût du lointain mais aussi le voyage initiatique, relié au voyage à Paris, et la sagesse acquise par les deux personnages. Sera analysé également la relation voyage et roman épistolaire. De plus, dans une seconde partie, nous verrons quelles sont des caractéristiques du genre épistolaire et a quel point cette stratégie d'écriture à son importance, grâce aux liens lettres, voyage et distance, mais aussi lettres, objectivité et subjectivité et bien-sûr lettres, moralité, conscience et identité. Enfin c'est le thème de la critique sociale de l’œuvre qui sera abordée ce qui nous permettra de faire le lien entre l'aspect critique des Lettres persanes crée sous l'ironie et la satire du XVIII ème siècle et finalement, la possibilité d'une parallèle vers une critique plus actuelle de nos nations modernes.

AXE 1 : LE VOYAGE

Chaque civilisation, chaque période historique possède ses récits de voyages. Déjà avant l’Antiquité, le poète grec Homère avait, dans L’Odyssée, mêlé la réalité à la contrée merveilleuse et fabuleuse ; cette épopée laisse entrevoir l’idée du voyage réel et initiatique où la recherche de soi est primordiale et nécessaire pour le développement personnel Le récit de voyage fut, durant plusieurs siècles, la porte ouverte sur le monde étranger et inconnu. A la fin du Moyen-âge, le célèbre ouvrage de Marco Polo Le livre des merveilles du monde (1298) est crée. Mais c'est surtout au XVII ème siècle que le récit de voyage devient une source d’informations pour des des aventuriers ou des explorateurs de tous genres. L’auteur du récit de voyage peut être un poète, un romancier, un historien, un géographe, un navigateur, un chroniqueur, un militaire, un médecin, peut importe. L'important est de pouvoir rendre compte d'un ou des voyages, des peuples rencontrés, des émotions ressenties, des choses vues et entendues.

Le désir de témoigner et la curiosité des potentiels lecteurs auxquels s’adresse le récit de voyage pousse l’écrivain voyageur ou le voyageur écrivain à être minutieux dans la description de l’ailleurs différent et de l’autre qu'il soit étrange ou exotique. Il transmet des émotions, des angoisses, une façon d’appréhender la réalité, ceci fait faire au lecteur un double voyage : le voyage dans une contrée lointaine et un voyage intérieur pour découvrir un voyageur, et c’est ainsi que le lecteur s’engage dans l’aventure.

Derrière cette démarche, on trouve dans l’œuvre de Montesquieu la représentation du thème du voyage. Un voyage exotique, initiatique et étroitement lié à une structure, un style d'écriture particulier[a]

L’œuvre de Montesquieu s'inscrit tout d'abord dans une mode pour l’exotisme avec en 1717 la publication du recueille Les Milles et une nuit par Antoine Gallant. Cette oreuvre donnera une première vision de l'orient aux occidents.

Le récit, compté par les deux protagonistes que sont Usbek et Rica mais également des personnages secondaires restés en orient plonge le lecteur dans l'exotisme d'une fiction orientale. L'exotisme, observe Victor Segalen, se développe alors selon deux axes: il peut se fonder sur les «impressions» du voyageur, dont les expériences et les aventures forment la trame du récit, ou, au contraire, illustrer la «réaction non plus du milieu sur le voyageur, mais du voyageur sur le milieu», Les Lettres persanes répondent aux deux point relatés par Victor Segalan et ce par le chassé-croisé entre la Perse mystérieuse aux Français et une Europe étrange aux yeux des Persans.

Les Lettres persanes, présentent l'orientalisme perçu par le lecteur de l'époque comme une forme de fantasme du lointain, apportant son lot d'évasion, de pittoresque, de merveilleux et de curiosité. Quand devant les Persans, le parisien dit « Ah ! Ah ! Monsieur est Persan ! C'est une chose bien extraordinaire ! Comment peut-on être Persan » (Lettre XXX), le français y voit une différence positive. On admire ce que nous n'avons pas et que l'on considère comme mystérieux exceptionnel et désirable. C'est un monde étranger que l'on voudrait posséder. C'est aussi peut-être l'envie de découvrir un monde alternatif et plus désirable que ce qui constitue la vie ordinaire, rendue terne par l'habitude.

Cette approche de l’exotisme semblable à une sorte de romantisme est en fait rendu presque scientifique par Montesquieu. Ce dernier utilise une nomenclature musulmanes des mois lunaires « Maharram », « Saphar », « Rébiah » et accentue le pastiche du style orientale. Sur le plan stylistique le style oriental est marqué lors des lettres échangées de Persan à Persan. Par exemple, la lettre du mollah «Méhémet-Hali, serviteur des prophètes, avec ses termes persans et ses images grandiloquentes semble exotique: « Profanes, qui n'entrez jamais dans les secrets de l'Éternel, vos lumières ressemblent aux ténèbres de FAbîme, et les raisonnements de votre esprit sont comme la poussière que vos pieds font élever lorsque le Soleil est dans son midi, dans le mois ardent de Chahban. Aussi le zénith de votre esprit ne va pas au nadir de celui du moindre immaums. Votre vaine philosophie est cet éclair qui annonce Forage et Fobscurité; vous êtes au milieu de la tempête, et vous errez au gré des vents » . Bel exemple, que suit Usbek lorsqu'il écrit au mollah: « Que nous servent les jeûnes des immaums et les cilices des mollaks ? La main de Dieu s'est deux fois appesantie sur les enfants de la Loi: le Soleil s'obscurcit et semble n'éclairer plus que leurs défaites; leurs armées s'assemblent, et elles sont dissipées comme la poussière ». Ces passages de rhétorique persane sont basés sur l'accumulation de comparaisons, de métaphores et d'antithèses, et entretienne la fiction romanesque, tout en donnat une vision exotique au lecteur.

Cependant on peut constater également à certain moment un certain manque d’exotisme, comme un essoufflement, comme si la description se devait d'être plus neutre. Cette idée est particulièrement visible lorsque le

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