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Commentaire de la lettre CLXI des lettres persanes de Montesquieu

Par   •  15 Août 2017  •  1 148 Mots (5 Pages)  •  1 733 Vues

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Roxane a donc revendiqué sa liberté en écrivant cette lettre mais a décidé même de passer à l’action puisque pour obtenir cette valeur, elle s’est donné la mort rejoignant ainsi son amant. Cependant, elle fait tout aussi preuve d’une très grande témérité.

Effectivement, tout d’abord, cette jeune femme se dénonce ouvertement comme si elle ne craignait plus la sentence que pourrait lui affliger le sultan. En outre, le plus marquant dans cette lettre est le début avec l’affirmation « Oui, je t’ai trompé » qui est même reprise vers la fin de la lettre « je te trompais ». Le lecteur peut alors trouver le début de cette lettre plutôt paradoxal puisque l’on s’attendrait généralement à une lettre d’excuse après l’acte qu’elle vient de faire. Cela peut s’avérer donc être de l’insolence vis-à-vis du sultan. Tout le premier paragraphe rend compte de cette tromperie, du plaisir qu’a éprouvé Roxane en commettant cela « faire un lieu de délices et de plaisirs ». De plus, elle ne manque pas de parler de son amant, et de déclarer même son attachement à lui : « le seul homme qui me retenait à la vie ». Nous pouvons tout aussi remarquer que Roxane use à chaque fois de verbes attributifs pour faire part de sa fidélité et de son amour « te paraître fidèle », « croire qu’un cœur comme le mien t’était soumis ». Roxane n’a donc pas peur de se dénoncer, d’avouer tous ses méfaits à son mari. Ce courage peut être tout aussi repris dans la facon dont elle s’exprime au Sultan.

En effet, elle lui parle comme s’il était son égal, alors que nous savons très bien que le sultan était respecté généralement de tous. D’abord, nous remarquons qu’elle s’adresses à lui en utilisant la deuxième personne du singulier, donc en le tutoyant durant toute la lettre. Cela était bien entendu intolérable à l’époque puisqu’elle parle au Sultan de la Perse. De plus, lorsqu’elle écrit sur sa trahison, Roxanne emploie plutôt le champ lexical du plaisir : « jouée », « délices », « plaisirs », « désirs ». Cela montre non seulement qu’elle ne le regrette pas, mais aussi qu’elle n’accorde plus d’importance au respect du sultan. Enfin, elle use tout aussi des questions rhétoriques pour s’exprimer quelques fois comme par exemple au second paragraphe. Elle plaint le sultan d’avoir été si naïf de croire qu’il avait tout contrôle sur sa femme, qu’elle lui était soumise : « comment as-tu pensé que je fusse assez crédule pour m’imaginer que je ne fusse dans le monde que pour adorer tes caprices ? ». Cela contribue même à appuyer l’absurdité du roi, ainsi que son incohérence. Elle s’est donc adressée au sultan de cette manière afin de lui rendre compte de ce qu’elle avait sur le cœur et de s’efforcer de dépasser les inégalités entre eux.

Roxane fait donc preuve d’un grand courage en avouant aussi ouvertement son acte, et en s’adressant au sultan de cette manière, même si elle est destinée à mourir.

Pour conclure, il s’agit donc ici d’une lettre où non seulement le protagoniste revendique sa liberté en dénonçant son enfermement, mais aussi en échappant à travers la mort. Bien entendu, il déclare tout aussi son courage puisqu’il se dénonce aisément sans se soucier du destinataire de cette lettre et lui parle même d’une manière très irrespectueuse vu son statut.

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