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La religion dans les lettres persanes (I)

Par   •  2 Avril 2018  •  1 420 Mots (6 Pages)  •  601 Vues

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Montesquieu fait donc le plaidoyer de l’intolérance mais en quoi les religions sont-elles si identiques ?

III. VERS UNE RELIGION PHILOSOPHIQUE

Dans bien des domaines, les dogmes donnent des réponses qui ne sont pas cohérentes ou qui frisent l’absurde. Lorsqu’Usbek ou Rica s’en prennent à des points particuliers du dogme, c’est pour montrer le ridicule du dogmatisme. Mais plus graves sont les conséquences quand elles frappent une communauté toute entière. Le dogmatisme s’avère dangereux lorsque les lois religieuses contredisent le bien-être de la société. Dans les Lettres CXVI, Usbek démontre que certaines rigueurs du dogme conduisent à dépeupler le pays, ce qui est contraire à sa bonne marche, car, selon Usbek, plus un pays a d’âmes, plus il peut être fort économiquement. La prohibition du divorce s’oppose donc aux intérêts de la société : en interdisant le divorce et, par-là, le remariage, on limite les naissances, et donc le renouveau des forces d’un royaume.

Les doutes d’Usbek sur le sens des lois religieuses expriment un scepticisme qui conduira à l’idée que c’est un autre type de religion que celle vénérée jusqu’alors qu’il faudra concevoir pour qu’elle puisse être véritablement au service de l’Etat, et non le gêner. La Lettre XVII prépare une remise en cause progressive de la religion musulmane, dans laquelle Usbek demande au Mollak de l’éclairer sur les contradictions qu’il lui semble constater entre les lois du divin prophète et la raison empirique. (« Votre vaine philosophie », s’exclame-t-il) et à remettre en question le dogme. La différence entre les religions tient à des pratiques superstitieuses, et non à des débats de fond. Dans les grandes lignes, affirme Usbek, la religion chrétienne et la religion mahométane sont identiques.

La seule possibilité pour échapper aux problèmes de l’arbitraire des religions, c’est d’adopter une religion dégagée des dogmes, des rituels, des cérémonies spécifiques, pour embrasser une religion universelle. : « Je ne sais si je me trompe ; mais je crois que le meilleur moyen pour y parvenir est de vivre dans la société où vous [Dieu] m’avez fait naître, et en bon père dans la famille que vous m’avez donnée » 46 La seule religion qui vaille est celle qui permet de suivre une morale qui propage le bien pour soi et pour les autres. La croyance en Dieu doit découler d’actes de moralité. Cependant, c’est bien la thèse défendue ici : le déisme est une religion universelle, qui reconnaît certes un Dieu personnel, mais qui ne dicte aucun dogme, aucune liturgie. Seul l’exercice de la raison permet d’arriver à la vertu, la religion ne doit être qu’un cadre. La nouvelle religion qu’Usbek se propose de définir veut donc avant tout préserver la société du désordre moral. L’important est de faire son devoir de croyant, et par- là, de citoyen.

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