Les obsèques de la Lionne, Jean de la Fontaine
Par Orhan • 24 Octobre 2018 • 2 465 Mots (10 Pages) • 848 Vues
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(« De simples ressorts ». Le rapprochement de termes singuliers et pluriels rend perceptible l'identification d'une multitude à un modèle unique: « les gens »/ « Prince », « un esprit » / « mille corps.»
4. Quel trait concernant le pouvoir royal est mis en évidence tout au long de la fable? Comment cela est-il souligné ?
Le caractère autoritaire, absolu et de droit divin du pouvoir royal est mis en évidence tout au long de la fable par la mention du système de surveillance et de répression mis en place pour les obsèques. On relève les formes impératives des verbes, les discours indirect libre et direct dans lesquels le roi s'adresse à des destinataires nombreux (« sa Province », « Loups »), le caractère ostentatoire de sa douleur comme mise en scène et le lexique qui rappelle le fondement religieux de l'autorité royale. Ces caractéristiques font des personnages royaux des êtres d'une autre nature : (« Nos sacrés ongles», « augustes mânes » (dans les propos du Roi), (l Dieux », « Champs Élyséens », « saints» (dans le supposé discours de la Reine rapporté par le Cerf).
5. La morale de la fable emploie l'expression « agréables mensonges », À quelle partie de la fable renvoie cette expression? Qui le Cerf représente-t-il ? Quelle portée autre que satirique comporte la fable ?
L'expression « agréables mensonges » renvoie à la fable inventée par le Cerf, qui raconte l'apparition et les propos tenus par la Reine. La fable a une portée méta-poétique.
Comme l'explique Dominique Maingueneau, « le récit des Obsèques de la Lionne est un de ces agréables mensonges qui permettent d'attaquer en toute impunité le pouvoir établi. Le cerf est le modèle du fabuliste : tous deux font de la littérature pour s'innocenter, tous deux se rendent coupables à l'égard du roi et de sa cour, l'un en ne pleurant pas et l'autre en écrivant sa fable ». Il ajoute: « [...] [la moralité de la fable] redouble la faute qu'elle semble commenter. C'est en interprétant le récit comme elle le fait qu'elle le constitue en attaque contre le roi.
L’art du poète :
Les Fables de La Fontaine sont fréquemment hétérométriques*, c'est-à-dire qu'elles comportent des vers de différents mètres* : l'octosyllabe ", le décasyllabe * et l'alexandrin * étant les plus usuels. La variété du mètre n'est jamais gratuite, elle est toujours productrice d'effets intéressants qui servent le dessein général de la fable. Ainsi, par exemple, l'octosyllabe qui est un mètre court peut souligner le caractère bref ou précipité d'une action; à l'inverse, l'alexandrin, plus long et donc solennel, sera utilisé pour évoquer le roi, sa cour et ses pompes. De même, la construction, du vers, avec ses enjambements*, ses rejets", ses « diérèses », ses rimes*, est toujours porteuse de sens. La versification* peut donner à, entendre et à comprendre ce que le texte ne dit pas explicitement.
6. Quels sont les différents mètres utilisés dans la fable ? Que suggère leur utilisation ?
Les mètres employés dans la fable sont l'octosyllabe et l'alexandrin. La brièveté de l'octosyllabe traduit par exemple la rapidité avec laquelle les Courtisans se rendent aux obsèques tandis que l'alexandrin évoque les devoirs de cour liés à la pompe des funérailles « De certains compliments de consolation », on note la diérèse i-on). L'octosyllabe est surtout utilisé dans la première partie de la fable qui sert d'introduction à la seconde partie: en même temps, l'effet de rapidité renforce le caractère mécanique et servile des Courtisans. L'alexandrin est le mètre le plus fréquemment utilisé dans le discours du Lion, ce qui donne de la solennité à son propos ; 1'octosyllabe, lui, est employé quand il donne des ordres, la brièveté du vers soulignant le caractère impérieux de la parole royale.
7. Quels sont les différents enjambements présents dans le texte ? Quelle impression créent-ils ?
Définition de l'enjambement : « Le simple débordement des groupements de la phrase par rapport à ceux du mètre, sans mise en vedette d'aucun élément particulier. » Le rejet serait les discordances accompagnées d'un effet stylistique. Au regard de cette définition, les
enjambements, très nombreux, seraient :vers 2,3,4,5 ;vers 6,7,8,9,10 ;vers 15,16,
17,18,19 ;vers 24,25 ;vers 30,31 ; vers 33,34,35,36,37,38 ; vers 44,45,46,47, 48 ; vers 49, 50. Les enjambements sont utiles tantôt pour accroître l'effet de rapidité déjà donné par l'octosyllabe, tantôt pour donner de la fluidité et du naturel aux différents discours rapportés. L enjambement des vers 26 et 27, « la Reine avait jadis / Étranglé ... », renforce l'effet déjà produit par l'octosyllabe en redoublant l'effet de brutalité, de violence du meurtre.
8. Que suggère la construction paratactique* du vers 18 ? Sur quelle particularité du comportement des courtisans attire-t-elle notre attention ?
La juxtaposition de mots antithétiques « Tristes» / « gais» suggère la versatilité des Courtisans, l'absence de profondeur, de réalité de leurs sentiments, le caractère mécanique de leur imitation du modèle royal. De même, le chiasme qui met en valeur « tout» fait apparaître les Courtisans comme des « mercenaires» de la vie sociale.
9. Relevez les différents jeux de rimes dans la fable. Indiquez ceux qui vous paraissent particulièrement significatifs et expliquez pourquoi.
Quelques exemples de jeux de rimes significatifs :
- « mourut » / « accourut » : la rime fait apparaître plus vivement le contraste entre le mort et l'agitation des vivants, la comédie sociale ou humaine qui se met en branle dès l'annonce de la mort.
- « consolation »/ « affliction» : par le sens, c'est l'affliction qui appelle la consolation; ici il y a inversion des termes pour dire que la consolation peut produire l'affliction, notation paradoxale, un peu précieuse et juste sur le plan psychologique.
- « trouva» / « s'abandonna» / « résonna» : ces rimes font entendre l'écho des cris du Roi qui vont donner le ton ou la tonalité à l'expression
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