Les obsèques de la Lionne, Jean de La Fontaine
Par Ninoka • 16 Octobre 2018 • 1 936 Mots (8 Pages) • 628 Vues
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du Lion
Le roi Lion est :
- crédule et stupide. Il croit des sornettes, il se laisse berner, d’abord par le "flatteur" du v.28 qui soutient avoir vu le Cerf rire, puis par le Cerf rapportant les paroles de la Reine. Le Lion croit le dernier qui a parlé, et réagit de façon impulsive, irréfléchie et excessive (il condamne le Cerf à mort, puis le récompense) ;
- méprisant et prétentieux. Il se croit sacré v.36, il évoque les "augustes mânes " de la Reine (terme religieux). En retour, il traite le Cerf "ce chétif hôte des bois" v.33, de profane et de "traître" v.38. Il est si méprisant qu’il refuse de tuer le Cerf de ses propres mains (de ses propres griffes). [rappel: la monarchie est à cette époque une monarchie absolue de droit divin, le roi de France tient son pouvoir directement de Dieu].
-injuste. Comme le Loup du "Loup et l’Agneau" , il ne respecte pas les principes d’une justice élémentaire et d’un procès équitable: le Cerf n’est pas invité à se défendre, les faits ne sont pas établis (pas de preuves, juste le ragot d’un "flatteur"), la justice est remplacée par la vengeance ("venez, Loups, / Vengez la Reine"), les faibles n’ont pas les mêmes droits que les forts ("Chétif hôte des bois", v.33);
-tyrannique. Il n’admet aucune différence, aucune individualité. En cela, le Lion vérifie les propos de l’auteur sur le "peuple caméléon" de la cour v.21.
5- Le Cerf
Cet animal, chassé par les nobles dans toutes les forêts de France, pouvait facilement passer pour une victime. C’est d’abord le cas dans la fable : il a été victime de la Reine v.26-27, il est victime de la délation et de la calomnie v.28-29, il est enfin victime de l’injustice de l’impulsivité du "Monarque" v.33 à 38. La surprise du lecteur est d’autant plus grande lorsque le Cerf montre une ruse digne d’un Renard! Le Cerf utilise les paroles de la Reine pour retourner la colère du Roi. Pour cela, il se présente comme un favori de la Reine, qui l’appelle d’emblée "Ami" v.44 ; elle veut éviter les larmes du Cerf, son protégé, mai veut faire durer celles du Roi v45, v.48-49. Tout cela permet au Cerf de justifier sa conduite devant le Lion, alors que le lecteur, lui, sait la vérité : v.26-27.
6- Les Courtisans
A la différence du Roi, de la Reine et du Cerf, ils apparaissent comme un ensemble indifférencié : "chacun" v.2 et 11, "sa province", v.16). Spectacle amusant à imaginer ! A la fin, ils crient tous la même chose en même temps, ce qui est un procédé comique : "Miracle! Apothéose!" [ attention au sens du mot apothéose : ce mot a ici un sens très précis, qui se rapporte aux cérémonies antiques d’inhumation, lorsque le défunt était reçu par les dieux pour devenir l’un des leurs ] . Cette description des courtisans vient illustrer les affirmations de l’auteur v.17 à 23 : la cour est un "pays" v.17 étranger, aux coutumes bizarres. Les courtisans se ressemblent tous, ils n’ont plus de sincérité ou d’authencité , ils se conforment à un modèle unique. Le v.18 comporte une antithèse ("Tristes, gais"), puis un chiasme* qui place en fin de vers le mot principal : "indifférents". Derrière l’humeur changeante de chacun, il faut voir surtout son indifférence au rôle qu’il joue. Les métaphores de la fin assimilent les courtisans à des animaux (caméléons, singes), à de simples corps v.22 et pour finir à des mécanismes, à des "ressorts" v.23 [ Animalisation, puis réification*].
7- Une scène de comédie
On retrouve dans cette fable les cinq grandes étapes d’une pièce classique:
-exposition - présentation des personnages, réunis pour la circonstance;
-noeud - le Cerf est accusé;
-crise - le Lion ordonn aux Loups d’exécuter le Cerf;
-coup de théâtre - le Lion rapporte les paroles de la reine défunte;
-dénouement - la récompense du Cerf.
PISTES ENVISAGEABLES
A-Montrez que cette fable est un apologue*
[ce qui reviet à demander, notamment: Que critique cette fable ? votre intro devra définiri l’apologue*)
Introd (reprendre l’encadré)
+lecture +rappel de la question + annonce du plan
I- la critique du Lion et des courtisans (4 et 6)
II- le jugement de l’auteur-narrateur (3)
Conclusion - [après avoir résumé le développement :] toute fable est par définition un apologue, mais celle-ci est particulière : on y trouve aussi une dénonciation explicite et directe, qui n’a pas besoin du masque de
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