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Le Savetier et le Financier LA FONTAINE

Par   •  9 Mai 2018  •  1 569 Mots (7 Pages)  •  477 Vues

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– L’adjectif dans « pauvre homme » (vers 46) suppose que La Fontaine, qui éprouve de la pitié pour la victime, prend la défense du plus faible.

Le point de vue du poète sur ses personnages est traduit par les rythmes et les sons.

– Le Financier est porté par une expression peu poétique, c’est-à-dire opposée à l’art de La Fontaine. La présentation du personnage se fait par l’octosyllabe « C’était un homme de finance.» (vers 7), phrase courte, sèche, sur un seul vers. Elle est isolée syntaxiquement, ce qui peut traduire l’isolement du financier trop sérieux pour être agréable à fréquenter. Cet isolement du personnage peu sociable se retrouve dans une disposition inhabituelle des rimes par rapport à une tradition poétique qui vise une versification équilibrée.

À l’évocation du financier, l’harmonie est déséquilibrée : « finance » est isolé, car séparé de « Providence » par trois vers. Ces trois vers en « -ait » miment des sons, peu flatteurs à l’oreille, par lesquels le financier se plaint. Le manque de goût du Financier se repère également dans le vers 4.

L’allitération en Q et les nasales ON EN IN jurent avec la beauté du chant que La Fontaine est en train de décrire.

Le fabuliste épouse le point de vue du Financier qui entend une cacophonie là où il faudrait entendre un chant de qualité.

- La préférence du fabuliste va au Savetier. Les rimes qui portent l’artisan sont vives : des phrases longues sont distribuées sur plusieurs vers grâce à des rejets pour traduire son embarras, mais aussi sa vitalité. Le Savetier est valorisé ; il peut être considéré comme un artiste, et même le double du fabuliste.

- La bonne humeur communicative d’un voisin : « c’était merveilles de le voir » (vers 2). Le savetier apporte une joie de vivre constante à la société : « du matin jusque au soir ».

- L’insouciance : elle permet de jouir de la vie, de vivre de manière saine, d’exécuter sa tâche le jour et de dormir la nuit.

- La modestie : le savetier ne cherche pas à faire du gain : « il suffit… » (vers 20)

Ce qui empêche la joie :

- La comptabilité : l’activité professionnelle du financier déteint sur son caractère. Il devient inhumain. Il veut acheter sa tranquillité : « au marché fait vendre le dormir » (vers 12). Au lieu de s’adapter, de négocier ou de profiter de la joie communicative du voisin, le financier veut égoïstement le neutraliser. Le financier piège le savetier : « Prenez ces cent écus : gardez-les avec soin » (vers 32).

- La possession d’argent : le savetier enrichi mène désormais une vie tourmentée, il craint que son argent soit dérobé : « Il eut pour hôtes les soucis, //Les soupçons, les alarmes vaines. » (vers 42-43)

Le comptable manipule son voisin : au lieu de se plaindre du bruit qu’il fait, le Financier met en place un stratagème. En effet, le Savetier se laisse piéger : il présente péniblement sa situation financière, il reconnait qu’il est un mauvais gestionnaire. Le Financier affaiblit ainsi son adversaire puis le soumet par un cadeau empoisonné visant à faire taire le Savetier. Le plan du Financier fonctionne : « il perdit la voix // Du moment qu’il gagna ce qui cause nos peines. » (vers 39-40). Il peut désormais faire la grasse matinée sans être dérangé. Le Financier se réjouit par avance du piège dans lequel sa victime va tomber : « Le Financier, riant de sa naïveté, » (vers 30). L’assonance en « in ian ier ian aï » renforce le caractère sournois du Financier dont le rire méchant pétille discrètement. Il est à noter que le rire qui caractérise le financier se produit au détriment d’autrui, pour se moquer.

L’artisan n’a pas honte de reconnaître qu’il est un mauvais gestionnaire. Tout dans ses répliques montre qu’il éprouve de la difficulté à tenir une comptabilité. « Ma foi » (vers 16) montre son embarras au moment de répondre à une question à laquelle il n’a pas l’habitude de répondre. « Ce n’est point ma manière » (vers 18) est un euphémisme qui révèle que le Savetier n’est pas un gestionnaire. « Tantôt plus, tantôt moins » (vers 24) révèle l’ignorance du Savetier qui ne maîtrise pas ses dépenses et ses recettes. Enfin, il reporte son ingérence sur des causes extérieures : « dans l’an s’entremêlent des jours // qu’il faut chômer » (vers 26-27) atteste de sa difficulté à maîtriser le calendrier et sa fainéantise.

L’indéfini « On » se précise avec la reprise nominale « monsieur le Curé », qui est accusé d’empêcher le Savetier de travailler. Ces excuses sont de mauvaise foi. On remarque que le Financier culpabilise son voisin.

- Quelques moralités possibles :

« Sois pauvre et joyeux plutôt que riche et soucieux. »

« Qui gagne de l’argent perd son insouciance. »

« La joie de vivre s’accommode mal de responsabilités importantes. »

« L’Homme sage se contente de peu s’il veut rester content. »

« On n’a jamais vu un comptable chanter. »

La Fontaine utilise un présent de vérité générale pour expliquer que l’argent a toujours un effet néfaste.

Les vices pointés par le fabuliste :

- La cupidité : « Que les soins de la Providence // N’eussent pas au marché fait vendre le dormir, // Comme le manger et le boire » (vers 11-13).

- La manipulation : « riant de sa naïveté. »

Les vertus pointées par le fabuliste :

– Joie de vivre au jour le jour : « Il suffit qu’à la fin // J’attrape le bout de l’année » (vers 20-21).

- La modestie : « Il suffit ».

REVOIR

- La fable

- Les formes indirectes de l’argumentation

- Le registre didactique

ENTRAINEMENT EAF

- Préparation

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