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La lecon de madame de Beusseangt

Par   •  5 Février 2018  •  2 515 Mots (11 Pages)  •  1 165 Vues

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pour s’élever ( épouser la richesse, la noblesse)

b) Les hommes

Mme de Beauséant évoque aussi « la misérable vanité des hommes ». L’adjectif « misérable » est d’autant plus dépréciatif qu’il n’est pas à prendre dans le sens hugolien du terme ( qui est dans la misère), mais dans le sens= qui est digne de mépris . et c’est ce que souligne cet adjectif « misérable » dans la bouche de la Vicomtesse : son mépris pour l’orgueil démesuré des hommes, qu’elle désigne par le terme « vanité »

Sa critique et son mépris sont d’autant plus forts qu’elle emploie des expressions marquant la mesure, la quantité pour en souligner l’étendue aussi bien chez les hommes que chez les femmes : : « vous sonderez combien est profonde la corruption des femmes  », « vous toiserez la largeur de la misérable vanité des hommes ». Ainsi, nous pouvons remarquer l’insistance qu’elle met à faire état de l’étendue des vices chez les hommes comme chez les femmes de la société que Rastignac veut parvenir à pénétrer.

2) Outre la corruption des hommes et des femmes, Madame de Beauséant souligne combien ce monde est dominé par l’hypocrisie

a) Dans les conseils qu’elle donne à Rastignac, elle met l’accent sur la nécessité de se forger un masque social : « cachez », « ne laissez jamais soupçonner », « ne livrez pas » en employant des impératifs. L’univers qu’elle dépeint est un univers de sentiments faux, un univers des apparences.

C’est le tableau que Balzac donne à voir de la société de la Restauration : course à la richesse, au pouvoir de l’argent, aux places élevées dans la société, au « paraître ». Et madame de Beauséant, comme Balzac, sait lire dans ce « livre du monde » et elle souligne la vulnérabilité de celui qui aurait la faiblesse de se montrer sincère, sans masque : « Ne le

[ un sentiment vrai] laissez jamais soupçonner, vous seriez perdu. Vous ne seriez plus le bourreau, vous deviendriez la victime »dit-elle à Rastignac. Il serait en position de dominé.

b) L’authenticité ainsi bannie, c’est le calcul et le mensonge qui dominent cette société.

On remarque, dans le discours de Mme de Beauséant, des occurrences nombreuses du vocabulaire technique de la mesure : grandeur, profondeur, calcul :

«  vous sonderez », « vous toiserez », vous calculerez », « plus froidement vous calculerez, plus avant vous irez » : la règle pour réussir dans la société est donc le calcul froid, la prise de mesures, ce qui exclut donc toute authenticité, toute sincérité. L’emploi du verbe « calculer » est d’ailleurs mis en relation logique avec la réussite : c’est le rapport direct et implacable de cause à effet : calculer= réussite.

Ainsi, pour Mme de Beauséant, la réussite dépend d’une utilisation calculée, raisonnée des moyens offerts par la société, et exclut tout rapport sincère avec l’autre. Et elle livre à Rastignac les « instruments », les armes qu’il devra utiliser pour parvenir.

III. Les instruments de la réussite sociale

A travers le discours de Mme de Beauséant transparaissent, explicitement ou implicitement , les instruments, les véritables outils que Rastignac devra être prêt à utiliser pour parvenir dans la société.

1) Premier moyen : la connaissance du terrain , c-à-d la connaissance des mécaniques selon lesquelles fonctionnent la société et les êtres . But : en utiliser les faiblesses.

*Comme dans un combat, il est primordial d’être armé, de connaître l’adversaire et de savoir anticiper. A cet effet, c’est encore de vocabulaire de la mesure qui va servir le propose de Mme de Beauséant : « toiser », « sonder », mesurer », « calculer » , c’est connaître et donc pouvoir anticiper : ne pas se lancer sans avoir une connaissance parfaite de l’adversaire. Car c’est bien d’un combat qu’il s’agit : nous remarquons les métaphores guerrières qui traduisent la violence, l’âpreté de la lutte qui attend Rastignac : «  Frappez sans pitié », « vous laisserez crever ». Le ton et les termes employés sont aussi ceux de la stratégie guerrière : « Plus froidement vous calculerez, plus avant vous irez ».

Ainsi, Madame de Beauséant révèle le caractère impitoyable de la lutte.

2) Deuxième moyen : l’abandon de toute sensibilité, de tout sentiment

Rastignac devra adopter un comportement résolument individualiste, calculateur et surtout sans aucune pitié , sans aucun sentiment : « N’acceptez les hommes et les femmes que comme des chevaux de poste que vous laisserez crever à chaque relais ». Nous remarquons la violence du verbe « crever » : l’image de l’autre, homme ou femme, est assimilée à celle d’un animal domestique , c-à-d, au service de l’homme. Rastignac ne devra pas s’arrêter à un quelconque sentiment, ne pas se laisser fléchir. Ce n’est qu’à ce prix-là qu’il parviendra « au faîte de ses désirs ». Donc, pour réussir, il faut considérer les autres comme des objets utiles et non comme des humains. Dans la phrase, la restriction « ne…que » met l’accent sur cette nécessité et révèle en même temps le mépris de Mme de Beauséant à l’égard de ceux qui composent la société dans laquelle elle vit.

L’agressivité, l’absence de pitié, de sentiments, sont donc les « instruments », les moyens absolument nécessaires à la réussite dans la société parisienne. Madame de Beauséant énonce ce qui a l’apparence d’un postulat : Si on n’est pas bourreau, on est victime : «  Vous ne seriez plus le bourreau, vous deviendriez la victime » = tuer ou être tué ; c’est ce que suggère avec force le terme « bourreau » et ce qu’il connote.

3) Enfin le troisième instrument de la réussite : le choix raisonné, calculé, d’une femme

a) Il faut une femme à Rastignac pour qu’il puisse s’élever dans la société «  Vous ne serez rien si vous n’avez pas de femme » lui dit Mme de Beauséant. Mais le choix ne doit pas se faire sur des critères sentimentaux : c’est l’intérêt qui doit guider ce choix. La formule de Mme de Beauséant « Il vous la faut jeune, riche , élégante » le confirme : Rastignac doit se servir de la femme pour satisfaire ses ambitions. Le verbe « falloir » traduit cette absolue nécessité : dans une société des apparences, seules comptent la richesse, le jeunesse,

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