Commentaire du Chapitre IV, Le Rouge et le Noir de Stendhal
Par Matt • 18 Avril 2018 • 1 500 Mots (6 Pages) • 1 601 Vues
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Le jeune homme est méprisé par tout son entourage et cette haine est réciproque comme le montre "Méprisé de tous à la maison, il haïssait se frères et son père" (l.57). Le père apparaît ainsi irrespectueux des intérêts de son fils pour l'instruction qu'il juge péjorativement "antipathique" (l.17) et "odieuse" (l.20) se moquant de "ses maudits livres" (l.30) et lui dit même "tu vas perdre ton temps chez le curé" (l.31). Le père avait jugé "dès sa première jeunesse" (l.54) "qu'il ne vivrait pas ou qu'il vivrait pour être une charge à sa famille" (l.55-56) montrant son inconsidération pour Julien. Le seul point commun entre les deux personnages reste la haine qu'ils éprouvent l'un envers l'autre par "un air méchant" (l.51) et "l'expression de la haine la plus féroce" (l.49) de Julien et les "petits yeux gris et méchants du vieux charpentier" (l.74).
Ce portrait original et lourd de sens laisse présager l'évolution de Julien et son désir de vengeance. Cette présentation du fils, à travers l'incompréhension de son entourage, permet au lecteur de comprendre son itinéraire.
Stendhal fait de Julien un être incompris et un héros romantique voulant se venger de son sort. Le contexte dans lequel le héros est inadapté a fait de lui un être révolté et il tente d'y échapper par "cette manie de lecture" (l.20) et "le soir, quand [il va] perdre [son] temps chez le curé" (l.31) selon les propos péjoratif du père. Le jeune homme est seulement "faible en apparence" (l.46), "méprisé de tout le monde" (l.60), "dans les jeux du dimanche sur la place publique, il était toujours battu" (l.57-59) et attend de prendre sa revanche sur son enfance désastreuse. Sa force morale, conjointement à sa position élevée "cinq ou six pieds plus haut" (l.15) annoncent métaphoriquement son ascension sociale.
Julien est dépeint comme un jeune homme romantique, seul moralement car incompris par ses proches. Il semble également nostalgique et tourné vers le passé comme le montre la rupture avec l'utilisation du passé antérieur dans "Julien avait adoré ce vieux chirurgien-major" (l.61) qui lui a d'ailleurs enseigné "la campagne de 1796 en Italie" (l.65) de Bonaparte faisant partie du passé. Le héros présente ainsi un goût pour l'héroïsme de Bonaparte et tente de s'évader par la lecture avec les "trente ou quarante volumes" (l.66) que le chirurgien-major "lui avait légué" (l.65). Julien est dépeint avec "un air extrêmement pensif" (l.54) et exprime ses émotions "il avait les larmes aux yeux" (l.34) et ses passions, son "feu" (l.48).
Le point de vue omniscient permet d'enrichir le portrait romantique du personnage et de susciter la pitié du lecteur. Le narrateur sait tout de Julien : pourquoi Julien n'entend pas, "l'attention que le jeune homme donnait à son livre, bien plus que le bruit de la scie" (l.21-22), pourquoi il a les larmes aux yeux "moins à cause de la douleur physique que pour la perte de son livre" (l.35). Il connaît les pensées de Julien à travers le discours indirect libre "Dieu sait ce qu'il va me faire" (l.43) et aussi les expressions de son visage "dans le moments tranquilles" (l.47-48) ou "dans les moments de colères" (l.50). Le narrateur connait également le titre du livre "le Mémorial de Sainte-Hélène" (l.44) alors que ce dernier a "[volé] dans le ruisseau" (l.25) et il sait que "c'était celui de tous qu'il affectionnait le plus" (l.44). Cependant le narrateur reste objectif, il décrit la violence du père sans hyperbole "un coup violent" (l.25). Quant à Julien, il n'idéalise pas son personnage, décrit avec la "haine la plus féroce" (l.49) ou "d'air méchant" (l.51).
Cette présentation du héros, entre action et portrait, est un topo présentant un contexte agressif et peu satisfaisant pour un personnage méprisé et incompris dans ses ambitions par son entourage brutal et inculte. Cet extrait annonce la suite de l'histoire, l'ascension sociale de Julien afin de venger son enfance désastreuse. La chute du livre dans le ruisseau peut alors annoncer la fin du roman : la chute de Julien.
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