Aloysius Bertrand, Un rêve, fiche de révision
Par Stella0400 • 16 Juin 2018 • 1 261 Mots (6 Pages) • 1 373 Vues
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2. Un rêve .
Pourtant A. Bertrand exploite toutes les ressources du monde onirique.
Si les séquences se succèdent selon un ordre invariable , le narrateur passe de l'une à l'autre sans explication.
C'est l'évocation d'un monde inquiétant : la première phrase , avec sa tournure archaïque ( cérémonieuse un peu à l'instar des formules de sorcellerie) plonge le lecteur dans un espace sombre , celui du Moyen-âge ( abbaye...capes...les pénitents noirs (Inquisition) ... le supplice de la roue )
La présence de la lune semble maléfique : le passif ("lézardées par la lune") suggère que l'astre éclaire et crée les lézardes.
La forêt est elle aussi maléfique : les termes "percé" et "tortueux" sont descriptifs et symboliques : ils évoquent la souffrance ( "tortueux" vient de "tordre") , évocation soutenue par les allitérations de dentales [t].
Quant à la place , le participe présent "grouillant" offre l'image d'une foule impénétrable , sans visages puisque les hommes sont présentés par l'intermédiaire de la métonymie.
Le deuxième paragraphe est placé sous le signe de la mort "glas funèbre""pénitents noirs" , de la douleur "sanglots...cris" et du sadisme "rires féroces". Les allitérations [ f ] concourent à communiquer l'angoisse , d'autant que la deuxième scène évoque avec réalisme les soubresauts de la victime attachée ("frissonnait chaque feuille le long d’une ramée")les prières "bourdonnantes" sont plus sourdes, elles rappellent la confusion suggérée au paragraphe précédent par "grouillante" .
C'est un monde ou la barbarie se mêle à la mysticité : crémation et souffrance de l'agonie par pénitence, pendaison et crucifixion.
Le narrateur semble alors ne plus subir : comme souvent dans les rêves , les épisodes n'arrivent pas à terme. Au moment décisif, le rêveur passe de la conscience passive à un état plus proche de l'état de veille , cependant il reste pris dans son rêve et invente un dénouement , introduisant dans ce monde sombre des notes de douceur : "La chapelle ardente...la robe blanche...les cierges" .
Mais ce dénouement peut aussi apparaître comme une dénonciation de la folie fanatique des hommes qui osent transformer la vie de certains en enfer pour ensuite les réhabiliter après leur mort . En effet , le moine ne sera honoré et la jeune fille ne retrouvera sa pureté qu'une fois morts.
Délivrance pour le narrateur qui revient au passé, il invente dans cet état de demi sommeil qui permet toutes les audaces, les circonstances délirante de sa libération : une liquéfaction générale résultat d'un coup de force de son imagination.
Conclusion :
Dans son recueil Gaspard de la nuit, Aloysius Bertrand ouvre la voie à une nouvelle forme de poésie, le poème en prose. Guidé par la volonté de créer sans trop de contraintes, Aloysius Bertrand conserve néanmoins des caractéristiques du genre poétique, ce qui permet de dire qu’il s’agit d’un poème en prose.Ce recueil aura une influence considérable qui inspirera à Baudelaire Le Spleen de Paris (recueil de poèmes en prose, 1869).
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